Cela fait longtemps que ce numéro nous démangeait.
Les récents développements de l’homophobie et de la transphobie dans certains pays africains l’ont rendu urgent.
À Africultures, nous considérons que l’hostilité, explicite ou implicite, envers ceux et celles dont les préférences amoureuses ou sexuelles concernent des individus de même sexe et/ou qui expriment un genre différent de celui assigné à leur sexe de naissance, constitue une forme d’ostracisme et un crime contre l’humanité.
Nous avons donc recueilli analyses et témoignages. Ce ne fut pas tâche aisée. Un grand merci à Anne Crémieux pour son précieux travail de coordination.
Il est clair que dans ce contexte d’hostilité, certains interviewés ne peuvent apparaître que par leur prénom.
Rares sont les publications qui traitent frontalement des homosexualités en Afrique et s’engagent pour la déconstruction de l’homophobie : si ce 96e numéro d’Africultures y contribue un tant soit peu, nous en serons heureux.
Nous inaugurons également avec ce numéro une maquette rénovée, plus percutante, plus aérée, plus lisible, également adaptée au passage de l’offset à l’impression numérique, et remercions vivement à cet égard Hobopok pour son engagement et sa créativité.
Il n’est pas aisé pour une revue indépendante comme Africultures de maintenir aujourd’hui sa parution imprimée alors que le livre se dématérialise peu à peu sous la pression de l’internet et que les aides à l’édition des revues diminuent. Nous remercions à cet égard nos fidèles soutiens et les non moins fidèles éditions L’Harmattan, qui nous accompagnent depuis le départ, en 1997.
Aborder les sujets qui dérangent, cela fait aussi partie du rôle d’une revue, qui reste avant tout d’être un laboratoire de la pensée.
Alors que dans la sphère médiatique la pensée cède le pas à l’énonciation, l’argumentation à l’affirmation, la complexité à la superficialité, la réflexion à l’injonction, ne s’agit-il pas d’un combat pour l’avenir ?
///Article N° : 11961