Cinéma/TV

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Entretien d'Olivier Barlet avec Dani Kouyaté

Le mythe peut tromper les hommes quand il est au service du pouvoir. Le nouveau film de Dani Kouyaté, Sia, le rêve du python, met en scène la confrontation entre le pouvoir et un fou.

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Sia, le rêve du python © Christophe Dupuy
Sia, le rêve du python © Christophe Dupuy




De Christian Lara

Fiction historique, Sucre amer est un film dense et passionnant dont l’intention crève l’écran : restaurer la mémoire antillaise face à son effacement métropolitain et, plus encore, montrer que mieux comprendre l’Histoire de la Guadeloupe aide à mieux comprendre l’Histoire de France ! Il s’agit donc de montrer et d’analyser. Pour mener à bien ce dessein clairement pédagogique, Lara part du vécu d’Ignace (Jean-Michel Martial, toujours excellent), esclave affranchi devenu commandant de l’armée française et accusé de haute trahison pour avoir combattu l’armée de Bonaparte qui venait rétablir l’esclavage aboli par la Convention. Un remake en somme de Vivre libre ou mourir,…

De Taïeb Louhichi

Voilà un film qui a une odeur, celle du sable du désert où s’enfoncent sans cesse les personnes et les chevaux, celle du vent qui le soulève pour envelopper le drame, celle de la poésie d’un texte magnifique de l’Arabie du VIIème siècle. Voilà un film qui a une saveur, celle d’une passion, d’un amour qui ira jusqu’à la folie et ne pourra se résoudre que dans la mort. Quays (Safy Boutella) est amoureux de Laylâ (Anca Nicola) et crie cet amour à tous vents. Ses poèmes, ode au corps de la jeune femme, vont à l’encontre des bonnes manières :…

Le 24 mars 2002, deux acteurs noirs ont reçu les Oscars les plus convoités d’Hollywood, meilleur rôle féminin et meilleur rôle masculin. Une porte ouverte ?

De Marc Forster

Les distributeurs français ont eu du mal à trouver une traduction à Monster’s Ball. Les Québécois ont pourtant osé, eux, « Le Bal du monstre » qui évoque Le Bal des vampires mais pas les connotations sexuelles de l’expression américaine (to ball somebody). Car ce film a l’avantage de mettre en exergue les fonds bourbeux de l’imaginaire américain et de ne pas mâcher ses mots. Il n’hésite pas à montrer de face l’horreur des exécutions capitales dont on sait qu’elles concernent en priorité les Noirs qui constituent le gros de la population carcérale. Mais s’il ne cache pas ses intentions, le film…

De Daoud Aoulad Syad

Il y a dans Le Cheval de vent beaucoup de murs, de portes, de fenêtres, longuement photographiés tandis que le récit avance, métaphores des fixations et des regards. Car ces deux personnages picaresques dignes de Don Quichotte et de Sancho Pança – le vieux Tahar qui veut revoir la tombe de la femme qu’il a aimé et le jeune Driss à la recherche de sa mère disparue depuis l’enfance – ont en commun les blocages et les ouvertures d’une dérive commune. Il leur faut se déplacer pour tenter d’exister : « Je suis comme ce pèlerin qui ne peux rebrousser chemin…

D'Otar Iosseliani

Je n’avais jamais vu Et la lumière fut mais en rêvais, tant j’étais curieux de savoir quel regard un cinéaste aussi passionnant pouvait développer sur l’Afrique. D’origine géorgienne, Iosseliani vit essentiellement en France. Ses films, à commencer par son chef d’oeuvre Les Favoris de la lune (1984), sont construits comme une partie musicale, d’une extrême fluidité, et tissent une vision amusée de la circulation des hommes et des choses. On retrouve dans ce film tourné en pleine brousse africaine le même regard ludique. Le réalisateur se met d’ailleurs lui-même en scène en fin de film, une paire de jumelles à…

Bien sûr, la réalité de ces jeunes traumatisés par la guerre qu’ils ont dû faire est terrifiante. Massacres, viols, désespoir… Le reportage leur donne la parole, comme la radio Talking Drums de Freetown. Ce n’est pas de montrer la réalité qui pose problème, c’est de la placarder ainsi : ce reportage vient en rajouter à la longue litanie des horreurs africaines, confortant l’image ancrée dans les imaginaires occidentaux d’une Afrique arriérée et sauvage. Le débat avait été soulevé par le film de Depardon, Afrique, comment ça va avec la douleur? Jamais un cinéaste africain n’a cette démarche : il choisira…

De Makeda Ketcham

Les grands parents de Makeda Ketcham n’étaient pas n’importe qui : son grand-père européen, missionnaire protestant (dans un pays christianisé depuis le 3ème siècle…), avait fréquenté l’empereur Tewodros qui lui avait offert une femme, sa grand-mère ! Mais il seront chassés d’Ethiopie. Traditionnellement, un pacte de mémoire est conclu avec les descendants sur sept générations : « Voilà pourquoi on a un enfant, pour qu’il transmette l’Histoire », remarque une des personnes que la réalisatrice retrouve dans sa quête de sa lointaine ascendance. C’est donc l’Histoire du pays autant que l’histoire de sa famille que nous conte ce beau film, nous conte…

De Serge Moati

L’Afrique des mémoires nous parle de nous, nous renvoie à nous au plus profond, au plus vrai » : en voix off, Serge Moati commente de façon heureusement personnelle sa découverte du Bénin. Ses premières impressions de la pollution ou du marché de Cotonou ne sont que l’occasion de passer vite au but de sa visite : explorer les croyances, les églises de tous styles et les traces du vaudou, pour y déceler la mémoire et l’avenir. Des Revenants au Fa, il parcourt les passages obligés du touriste en quête de compréhension. Sa caméra lui ouvre cependant d’autres portes, lui en…

Entretien de Catherine Ruelle avec Mahmoud Ben Mahmoud

Dans son long métrage documentaire « Mille et une voix soufies », le réalisateur tunisien Mahmoud Ben Mahmoud, auteur de « Siestes grenadine », plaide pour un Islam libéral et intérieur.

De Pierre Yaméogo

Un enfant sans père part à la recherche de son identité à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Wendemi est l’histoire d’un enfant dont personne ne veut puisque, faute de nom, il existe à peine. C’est aussi le procès de l’église catholique africaine car finalement il est révélé que Wendemi est fils d’une église pas si catholique que ça… Réalisé en moré (l’une des principales langues du Burkina), le film débute par un scandale familial. Cécile avoue qu’elle est enceinte mais refuse d’avouer l’identité du père. Furieux, son père Zacharie l’expulse du village. Condamnée à l’exil, elle met l’enfant au monde…

De Sébastien Kamba

Deux jeunes gens s’aiment et désirent se marier, mais un sorcier conseille au fiancé d’éprouver les sentiments de sa promise. L’épreuve : le jeune homme disparaît, la jeune fille doit le rechercher, en sachant que si elle ne le retrouve pas, elle le perd. Dans sa quête, elle est protégée par un mystérieux enfant qui la guide avec le chant de sa guitare. Vibrante histoire d’amour, Kaka Yo qui signifie en lingala « rien que toi », entremêle la vie moderne, la jeunesse de Brazzaville de l’époque, les danses européennes en vogue dans les années 1960, et la vie initiatique, le sorcier, son…

Sans doute à cause des récents attentats qui ont frappé l’Amérique, commis au nom de l’Islam, j’ai ressenti pour la première fois comme une sorte de nécessité morale de faire le bilan de ma carrière à partir de mon appartenance à la culture islamique. En apparence, il s’agit là d’un paradoxe car les films que j’ai réalisés jusqu’ici, à l’exception du dernier, « Wajd » ou « Les Mille et Une Voix », qui traite des musiques de l’Islam, n’ont jamais eu qu’un rapport très lointain, et tout au plus culturel, avec la religion musulmane. Pourtant, en y regardant de plus près, je me…

De François Woukoache

Le film d'un double héritage camerounais

Melina, le premier film de François Woukoache, est un témoignage personnel sur les cérémonies de fin de deuil qui se sont déroulées deux ans après la mort de son père. Ce dernier, originaire d’un village bamiléké, était un catholique fervent, installé à Yaoundé, qui avait donné à ses cinq enfants une éducation sévère. Vers la fin de sa vie, il les avait incités à renouer avec l’héritage traditionnel, dans son village natal, où il possédait une maison. Logiquement, les cérémonies organisées à sa mort mêlent les rites catholiques avec ceux des Bamilékés. En filmant la préparation des cérémonies, François Woukoache…

De Wanjiru Kinyanjui

Une comédie décontractée

Après Ann G. Mungaï auteur de Saïkati en 1992, Wanjiru Kinyanjui s’est lancée dans le long métrage. La Bataille de l’arbre sacré était au départ un scénario conçu dans le cadre des études de Kinyanjui en Allemagne, où elle résidait depuis 1978. La réalisatrice, qui a travaillé pour la télévision allemande, a su convaincre des producteurs français d’épauler son projet. En compagnie de quelques techniciens français dont le cameraman François Klotarski, elle est revenue tourner au Kenya. Les prises de vue ont eu lieu à dix kilomètres de Nairobi, dans le village de la cinéaste. Des professionnels de la télévision,…

De Mahama Johnson Traoré

Njangaan est l’histoire d’un petit garçon talibé qui pourrait être l’histoire de n’importe quel autre petit garçon dans le monde. Mame, un jeune Sénégalais de onze ans, est envoyé à l’école coranique par son père pour y faire son éducation civique et religieuse. Très enthousiaste au début, il va vite déchanter car dans le « daara » (école coranique), il ne trouvera que les coups administrés par le maître coranique, la peur et la mendicité à laquelle les marabouts soumettent les enfants, contribuant ainsi à en faire de vrais délinquants. Mame tente de sortir de cet enfer en s’enfuyant mais il est…

Un feuilleton contre l'intégrisme

L’action se passe dans une cité de Libreville. Angélique a entre 23 et 25 ans et vit avec son frère et sa mère, Mme veuve. A la mort de son mari pour se protéger des vicissitudes de la vie, Mme veuve bascule dans la religion pour se mettre sous la protection de la communauté de fanatiques Frères et Sœurs du Christ. Sa maison devient alors un sanctuaire où se retrouvent tous les jours ses « frères et sœurs en dieu » pour des réunions et des prières. Angélique, qui a accepté la religion pour ne pas contrarier sa mère, commence à étouffer.…

Les opportunités sont rares de voir sur les écrans les cinémas d’Afrique : les images des cinéastes africains témoignent pourtant d’un imaginaire et de réalités autrement plus nuancés, plus justes et plus vrais que ces « tristes tropiques », ces images récurrentes de désolation, et de misère auxquelles les médias ont habitué le spectateur, ou le téléspectateur. Et jusque dans les lieux traditionnellement ouverts à la diffusion de ces cinémas (les salles art et essai, rendons leur cet hommage), l’Afrique est un peu passée de mode : le soleil qui se lève à l’Est n’irradie plus que cette région, l’Asie et l’Orient ont le…

Mahama Johnson Traoré est né en 1942 à Dakar. Son père, chef d’entreprise, après lui avoir fait faire des études au Sénégal et au Mali, le destine à une carrière d’ingénieur électronicien. Dans ce but, il l’envoie en France et c’est dans un cours de travaux pratiques animé par un professionnel du cinéma que Mahama Johnson Traoré a la « révélation ». Il veut non pas enregistrer les comédiens mais les mettre en scène et réaliser des films. Il s’inscrit aussitôt au conservatoire indépendant du cinéma français puis parachève ses notions théoriques par des stages à l’ORTF et dans des équipes cinématographiques…

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