Sortie : Mars 2005
Distribution : BMG
Bonga est à l’Angola ce que feu Fela A . Kuti a été au Nigéria : des résistants, des objecteurs de conscience qui ont choisi l’arme de la musique pour combattre l’oppression et porter l’étendard de l’Africanité aux sommets du continent et du monde…
Initié à la musique par son père accordéoniste le jeune Jose Adelino Barcelo de Carvalho remplace son nom colonial par celui de Bonga Kuenda qui veut dire en Kimbudu, l’une des principales ethnies du pays: qui cherche, qui est toujours en avant .
Adolescent, il choisit le nom de Kissuea pour sa première formation, appellation qui évoque la misère des quartiers pauvres de Kipri, sa ville natale. Avec son groupe, il chante et joue la dikanza, percussion traditionnelle faite de bambou strié qu’on frappe à l’aide d’une baguette de bois, instrument considéré comme symbole du retour aux sources.
Les thèmes qu’ils développent participent à la prise de conscience de l’identité angolaise. Les textes évoquent la violence coloniale, la misère des populations, l’ambiance délétère du pays et la révolte latente des masses. À défaut d’armes pour combattre l’envahisseur, la musique constitue leur outil de résistance. Parti pris qui marquera toute la carrière musicale de Bonga.
Maiorais (les Grands), reste un album authentiquement angolais tout en ouvrant des lucarnes sur le reste de l’Afrique et les Caraïbes. De ses cordes râpées, la voix de Bonga coule avec sensualité et se pose avec délicatesse sur une musique fluide (Aname, Cheiro Do Mato). Quand il visite quelques contrées du continent, il s’approprie « Akié » du Camerouno-Nigérian, Prince Nico M’barga et y ajoute des épices de son Semba originel (Sao Salvador). Poursuivant l’escapade, il s’engage dans les méandres du Golfe de Guinée et établit le dialogue entre harmonica et timbo (percussion à lames métalliques), suggérant un air aux relents High-Life.
Au total treize compositions où les essences multiples des musiques noires se mêlent subtilement portées par la voix particulièrement émotive de Bonga. Un album surlignant le déchirement et l’humiliation de l’Afrique et qui dit aussi l’amour.
Maiorais, de Bonga///Article N° : 3779