Moziki littéraire 3 : Et enfin, la ville

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Et enfin la ville
Les murs ont des oreilles
Les gens sont sur leurs fenêtres
Les villes sont fortifiées, défoncées, désossées et décalées
Il y a de villes qui vibrent, des villes qui dansent et des villes qui pleurent
Mais toutes les villes se racontent, avec leur lumière et leurs ténèbres
Il parait qu’au-dessus de ces villes trônent des dieux, des esprits et des airs
Faisant de ces cités des villes fantômes, boa, sirène, lumière, chrétienne, musulmane, judaïque ou sainte
Alors de là, notre pont atterrit sur une ville sainte avec un festin du moziki « littéraire »

Papy Maurice Mbwiti (Limoges, novembre 2011)

Esperanza Club…
Pour Ana et Didier de Lannoy

21 heures 17. 21 heures 24. 22 heures 41. 22 heures 57. 23 heures 8. 23 heures 37… Toutes les nuits débutaient et s’achevaient de la même façon ou presque. On arrachait les portes. On renversait les tables. On brisait les vitres. On cassait les bouteilles de bière, lutuku ou supu na tolo ou tschibuku ou vodka tropical. On dansait la pachanga. On se tapait dessus. On hurlait comme des fauves. On jurait par toutes les divinités. On sifflait. On s’arrachait les cheveux. On insultait. On roulait à même le sol. On s’immolait.
On se demandait pourquoi la frappe enroulée de Podolski était passée au-dessus du goal, pourquoi Ballack avait amorti la balle, dribblé trois défenseurs au lieu d’amortir, de dribbler une seule fois et de frapper directement du pied gauche, pourquoi Drogba avait fait cette passe à Torres au lieu de lober le gardien, pourquoi Casillas manquait toutes ses sorties, pourquoi Eto’o n’avait pas donné le meilleur de lui-même…
Il y avait une épave de commissariat dans les parages. Les policiers y passaient toute leur vie à rivaliser aux jeux de cartes, à parler saucissons et à se saouler à ces alcools qui arrivaient de Brazza via le Beach Ngobila. Ils attendaient donc que les bagarres arrivent au niveau de l’avenue « Pokou Pokou » pour intervenir. Ils venaient en trébuchant, pieds nus, chemises ouvertes jusqu’au nombril, vidant leurs chargeurs dans le ventre de la nuit…
Mais les bouteilles continuaient à flotter au-dessus de nos têtes. Personne n’arrêtait sa colère. Tout le monde savait que leur commissariat – 4 mètres sur 4 ou 5 mètres sur 4 ou 3 mètres sur 6, c’est selon – plus petit que les w.-c. de la Maison blanche ne pouvait contenir pas plus de dix bêtes. Et donc, les échauffourées se poursuivaient, entrecoupées de crépitements de fusils. Aux monologues des kalachnikovs de nos chers policiers répondaient les tirs sporadiques (armes lourdes et semi-automatiques) des rebelles qui à force de s’ennuyer, traverser le fleuve le samedi et le dimanche pour échanger avec les filles aux seins-grosses-tomates du Club Marilou, braquer un casino, livrer la marchandise…
Apocalypses 17, 5 à 12. Gémissements. Rhapsodies des églises « chrétiens nés de nouveau ». Pollution écervelée des guimbardes. Derniers soupirs. Semonces des mitraillettes.
Aboiements de chiens enragés. Les policiers avec leur commissariat plus petit que les w.-c. de la Maison blanche.
Miaulements de chats sauvages. Les rebelles aux sales dents… Des loques gisant par-ci, par-là… Imbroglio ou architecture de la démence, les désordres se poursuivaient jusqu’au petit matin. Fallait pas qu’Özil marque, Messi ne devait pas tomber dans la surface de réparation, le coup franc de Ribéry mama mia ! ah Klose, hein Cannavaro, Manchester ya biso… Jérémiades. Pleurnicheries. Ah, Schalke 04 équipe ya sika… Cris. Voix cassées. Les bagarres se prolongeaient de minutes en heures avant de terminer à la gare, en passant par la rue Caminho de Ferro, le rond-point Terra Nova, le pont Cabu, le café Minhas queixas, le lycée Pilo del Baca…
La vie ne reprenait son cours que vers 11 heures du matin.
Les enfants partaient à l’école. Les blessés se rendaient à l’unique dispensaire du coin. Et les restes de la population – à part les 5 policiers du commissariat, toute la ville étant au chômage – se ruaient vers le Sud et l’Est, à la gare et au port, cherchant de quoi mettre sous la dent…
Un vent de solitude soufflait alors à travers la ville. Un soleil sans bouche, un soleil sans bras… Un ciel sale et gris.
Une chaleur inextricable, la nostalgia do lagarto… les rues vides de viande humaine… Boulevard « de chiens broyés », d’un transistor s’échappant par bouffée la voix de métal de Césaria Evora,
Quem mostra’ bo/Ess caminho longe ?
Quem mostra’ bo
Ess caminho longe ?
Ess caminho
Pa Sao Tomé
Sodade sodade sodade
Dess nha terra Sao Nicolau…
En début d’après-midi, l’aiguille tournait vers l’Ouest. Tout le monde courait en direction de l’Esperanza Club.
Hommes, femmes, ex-enfants soldats, futurs-enfants soldats, vendeurs d’eau à la criée, trafiquants d’armes, jeunes journalistes à la retraite, marchands de rêves, médecins ambulants, chercheurs d’or, musiciens sans inspiration, étudiants affamés langues pendantes, prophètes sexuellement à jeun, vrais-faux agents services de renseignements, écoliers la bouche puant les rails de la gare de Lunda Norte, aventuriers de tout poil, mangeurs de cancrelats, anciens miliciens appelés « ampicilines » à cause de leurs bérets rouges et leurs tenues bariolées de noir, ayants combattus en Angola, au Rwanda, au Congo- Brazza, au Zaïre, en Somalie, en Ouganda, en Afghanistan, en Irak et au Darfour, prêts à se verser dans n’importe quelle rébellion pour vu que ça paie, yeux rouges de chanvre, regard lointain, voix cassées par les cigarettes de seconde lèvre…
Ya Zaza, alias Oiseau bleu, alias Dindon, alias Sebruda, alias Zombo le soir, alias le Negro, alias El Conquistador, alias Vieux Vingt-cinq alias Ethiopie, alias Garçon complet alias Gestapo, alias Maréchal alias MP3 alias Général des armées, était le propriétaire reconnu de l’Esperanza Club. Il était le seul dans toute la bourgade à posséder un poste téléviseur. Un trente-trois pouces, noir/blanc, marque Philips, qu’il aurait hérité de son arrière grand-père, un certain Santiago Calabuig Lopez.
Tout le monde connaissait de mémoire le rituel du club.
Vers 16 heures, catch américain : John Cena, Batista, Randy Worton, Edge, Macho Man… Vers 17 heures, de lyrics de jazz préfacés de Mozart et de Beethoven, suivis de Fela Kuti, Jimmy Hendrix et de Myriam Makeba, « malaika nukupenda lalala… » Vers 17, mini-ciné-club, Charlie Chaplin, Jackie Chan, Bruce Lye et Tarzan. 19 heures, le moment tant attendu, tirage au sort, championnat anglais, allemand, moldave, russe ou djiboutien. Les mêmes supporters pouvaient être aujourd’hui hui de Bayern de Munich, demain d’AC Milan, après-midi de Vita Club, le soir de Galatasaray, Chelsea, ainsi de suite. À peine le match commencer, les gars commençaient à chanter, à gorge déployée, eh Bayern, eh Podoski, eh Ronaldo-do-do, eh Ribéry, Liverpool pou-pou ! Liverpool poupou, eh SK Moscou, oyé, oyé, oh Mazembééé, oh Mazembééé…
La suite du scénario était connue… l’arbitre sifflait la fin de la partie et aussitôt les chaises et les tables commençaient à pleuvoir… Ya Zaza se sauvait avec sa télé… Au loin, le muezzin lançant ses fatwas contre Pilar, Inès, Jacinto et Inmacula, créatures de nuit à vous faire baver qui officiaient rue de la Resistanza 15 bis… Apocalypses, peut-être… Les bagarres se déplaçaient dans la rue Gil Pedro, se dirigeaient vers le Pont Cabu, s’arrêtaient au niveau de la poste, puis s’enchaînaient vers la chapelle São Vicente, la Grand-place de La Navidad, le ciné-bar Cabo Verde, le jardin zoologique – qui n’avait pour tous animaux qu’un petit crocodile sourd, trois singes et deux perroquets atteints de grippe aviaire… Rue « Pokou Pokou », les policiers nous accostant faisaient vomir leurs fusils, les rebelles venus se frotter aux filles du Club Marilou répliquaient, les chansons traversaient longtemps la nuit, Bayern-he-he, Podolskihehe, Beckham hehe, Ronaldhinohehe ! jusqu’à ce que le soleil tombant d’un arbre se fracture la jambe gauche…

Fiston Nasser Mwanza, Graz

La ville…
Il était une fois un stylo.
D’encre rouge, comme ceux des professeurs corrigeurs de l’école primaire.
Ce stylo, toujours de mèche avec les élèves pour te faire la chanson : « yuu-ooh-ah ! », est celui qui tranche sur ton génie ou ta bêtise à l’école.
Un jour, le stylo se dit qu’il devrait quitter les murs blancs des écoles et aller à la découverte du monde extérieur et sanctionner les plus grands et les plus influents.

« Sanction verticale. »
Chose pensée, chose faite.
Sauf qu’avant même de les atteindre, ces grands hommes, il se bute dans les rues de la partie ouest de la ville aux chauffeurs de taxibus, aux roulages, aux vendeurs ambulants, aux terrasses bruyantes, et… panne d’encre !
Même pas fait le tour de la ville entière, même pas rencontré les grands décideurs, les grands dirigeants. Il est déjà à un tiers de son contenu encrier…
Le stylo se dit qu’il aurait dû ramener quelques amis et membres de sa famille rouge pour réussir ce pari. Eh oui, il n’avait pas pensé aux petites gens qui devaient aussi se frotter à une sanction, horizontale cette fois, qui s’ajouterait à la verticale destinée aux gens d’en haut dans la société.
Un seul petit stylo d’un millilitre quarante-cinq d’encre pour dix millions d’habitants dans cette ville énorme, ce n’est tout simplement pas possible.
Pauvre stylo…

Moi, il m’arrive de plus en plus de me demander à quoi servent les présidents des républiques… Sérieux. En dehors des parades, des représentations, à quoi servent-ils exactement ?
Pas capables de mettre fin à des guerres et à l’écroulement des finances.
Pas capables de dire stop aux catastrophes naturelles et non à la minorité détentrice de richesse… Et avec cela, on vient nous dire que tous les hommes naissent égaux, quelle blague !
Vous êtes-vous déjà imaginé des États-Unis sans la CIA ? Un Congo démocratique sans Joseph ? Une France sans Nicolas ?
Moi, tout le temps !
D’autant que Nicolas et compagnie n’ont pas cessé, eux, depuis un temps, de rêver d’une Côte d’Ivoire pétroleuse sans Gbabo, d’une Libye pétroleuse sans Kadhafi, d’une Irak pétroleuse sans Saddam, et les rêves se réalisent souvent quand on se donne les moyens.

Je suis de nationalité kinoise et l’univers est ma patrie, des gens, des lieux, des événements, des émissions, des silences peuvent le prouver.
Je rêve de Kinshasa sans cortège présidentiel, sans gardes-du-corps autour d’un type qu’on a voté mais qu’on ne peut même pas approcher… pour lui dire bonjour, pour savoir comment il a dormi ou s’il a des maux de tête, pour le questionner sur les salaires de nos parents et les investissements de ses copains, pour le regarder de très près quoi !
Voir si le maquillage cache des boutons, s’il a de l’acné ou si son sourire est un vrai, est-ce qu’il a la peau noir foncé tendance bleue ou c’est du noir chocolat, des choses comme ça quoi.
Bo wolola ye : « yuu-ooh-ah ! »
Bukavu m’attire, sa verdure, le privilège qu’elle m’a fait de naître là-bas, le souvenir de mes petits pieds trempés dans l’eau du lac, il s’appelait lac Mobutu et son nom n’a pas changé. Le souvenir donc, et puis aussi ces réalités contemporaines qui voient des enfances basculées dans l’histoire du jour au lendemain, et où la transition est passée inaperçue de tous, sauf d’eux-mêmes, sauf de nous, ceux qui sont de là-bas.
« Il n’y a pas d’avenir sans souvenir »…

Bukavu est mon lieu de déclamation de mes lettres aux disparus.
Je demanderai au petit stylo de m’accompagner, il faut bien commencer quelque part, non ? Tant pis s’il nous arrive une panne d’encre, on fera autrement, on trouvera un autre moyen et puis on reprendra comme à l’école le refrain « yuu-ooh-ah ! » avec les Évelyne, Sifa, Yannick ou Bineta qui ont des choses à dire, leurs obsessions de la terre sans vie et sans avenir (?) qu’ils occupent. Ils ont aussi des histoires à raconter sur leur famille, leur enfance, leur province ou leur quartier. Ils ont été témoins de certaines choses, ils ont vu et entendu, ils sont vivants, ils rêvent.
Et puisqu’ils ne sont ni muets, ni aveugles, ni sourds, c’est important de créer ensemble un espace qui leur (nous) permette de dire enfin tout haut ce qu’ils taisent depuis trop longtemps peut-être. Juste parce que des fois, ça fait un bien fou de se battre contre le silence.

À Paris, on reste en extase devant la ville lumière, c’est extraordinaire.
À Marseille on est subjugué par le direct des gens, c’est incroyable. On aime beaucoup la France culturelle, on aime beaucoup moins la France politique, son double langage, son rôle actuel de pyromane sapeur-pompier, de donneuse de leçons et de je me mêle de tout. Attention au boomerang, cher Nicolas !
Bo wolola ye : « yuu-ooh-ah ! »
Comment rendre à ces villes ce qui n’appartient qu’à elles ? Cet œil, cette façon de tout faire miser sur une phrase, une idée, une fulgurance, un vécu, qui font d’elles des producteurs dans le seul sens possible du terme, celui de mettre en lumière, de donner le jour, d’accompagner un script, de donner envie de raconter ou faire raconter, de prendre tous les risques. Cela, personne ne peut le leur enlever, malgré les Joseph, Nicolas et compagnie. Elles ont survécu à pire ! Personne n’a pu les enterrer. Personne ne les ensevelira dans la tombe. On parlera toujours d’elles, ces villes. Comme de certaines choses qui ne s’achètent pas.

Il était une fois un stylo rouge.
Il était une fois une ville.

Bibish M. L Mumbu, Montréal
31 octobre 2011
Amour, Gloire et Nausée
Ses routes rappellent la beauté et la gloire du passé
Ses infrastructures accusent de l’ordre d’en temps
De ses ronds points jaillissent les galipettes de la rumba
Ses palmiers secrètent le vin des festins de libertés acquises
Du lit de son fleuve coule encore les larmes des épouses des maris voyageurs qui agitent leurs mains en signe d’au revoir et marmottent ces airs chagrinés « mobembo ezali liwa te » « voyager n’est pas mourir »

Au bord de ce fleuve majestueux, l’air est pur
Il déverse sur mon visage poésie et anthologie,
Comment ne pas ressentir cette fraîcheur matinale rythmée par le chœur d’oiseaux

Le matin je me réveille aux sons de brouhahas de ces pécheurs aux bras longs qui nettoient leurs corps matures nus aux abords de ces villas battis toujours par les mêmes depuis bientôt un demi-siècle
Ici, on peut encore renifler l’odeur du Belge en parcourant cette ancienne piscine municipale avec vue sur le fleuve, dans laquelle se baigne aujourd’hui racines mortes, feuilles de patates et herbes sauvages,
On entend toujours les cris de ces jeunes MIZUNGU battant les eaux de la piscine pour gosses après une glissade sur la morne en béton battis par leurs pères colons.
Toutes ces images vous limassent la peau au contact de ces herbes serpentés

Ici le passé a une saveur de réussite
Et le présent a le goût aigre de sang
Personne jusque-là n’a goûté au lendemain

Hier j’ai rencontré IMANI ce courageux garçon, qui tenait entre ses mains un sac en plastique de couleur rouge sur lequel est écrit « il faut kozala n’ango » « il faut en avoir »
Et lui, il en avait, la foi
Il m’a dit avec un regard évasif et perdu qui frisait l’abandon « Mukubua, 2008 est ma dernière année de souffrance… »,
Il s’est dégagé en lui un élan de cœur prêt à succomber aux charmes macabres de la rébellion mais retenu certainement par la douloureuse expérience d’un passé récent
On croirait entendre un vrai testament de jeunesse plutôt qu’une décision d’envol
Que dire d’autres

De fois ici lundi est toute une semaine
Mardi est un mois
Mercredi est un trimestre
Jeudi est une année
Vendredi est une décennie
Samedi est un 29 février
Dimanche est en Espagne

À l’université un jeune étudiant en médecine s’est suicidé, il s’est vu refusé de passer ses examens de deuxième session pour cause de non-paiement des frais académiques alors qu’il détenait une preuve officielle de paiement, œuvre d’une escroquerie organisée dans ce sanctuaire de la science

Tu mangeras à la sueur de tes seins me marmotter mon ami Nasser et moi d’ajouter de tes hémorroïdes,
Pédaler toute la ville avec ses mornes et ses sables fleuves en transportant tout alors tout, chèvres, tas de bûches, feuillages, sacs de merdes, personnes vivantes ou cadavres inopinés
Tel est mon destin qui paraît bien tracé

Le début annonce la couleur de la fin
On fait le riche à partir de dix
Ici l’ennui est obligatoire et la lassitude est chronique
Nous sommes un grand boulevard de bêtes contemplations, une association des diseurs des faits qui n’arrivent pas forcément, mais qu’on aimerait voir par souci de se construire un cinéma, imaginaire est-il

Avec nos chaises en plastique, nous voila tous assis à la station du train de l’avenir, et on attend…
À la recherche effrénée du sensationnel même la crevaison d’une vielle roue est à la une
La levée du jour est une actualité
Et le personnel frise l’impossible
Ici c’est comme ça

Les promesses ont détruit nos sens de responsabilité et ont fait de nous des bébés ricos, des pires petits et de « mayibobos »
La carrière a happé notre jeunesse, puisque nos écoles ont perdu leurs toits et sont devenues de lieux sans maître
Depuis, ici c’est comme ça

Nous sommes la grande kermesse de pauvres en esprits,
La foire des mendiants et de miséreux de l’action.
La transparence des nos misères se vêt des mêmes fringues, l’impuissance de nos colères se dépeint sans dissolvant,
Nos visages se connaissent même s’ils en ont marre de se voir,
Nos regards se croisent malgré nos volontés d’un minimum de fierté personnelle
Nous couchons la même pute, amourachons la même fille, espionnons le même mec, et visons tous la même porte, celle de l’autre coté du fleuve
Ici c’est souvent comme ça

Nous habitons tous la même avenue avec deux lampadaires hérités de l’époque coloniale, qui éclairent encore nos nuits
C’est tout ce qui nous reste, on se battrait jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour que personne, alors personne ne les éteignes
Et ça, c’est notre ville.

Papy Maurice Mbwiti, Kisangani et Limoges
novembre 2011

///Article N° : 10487

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Les images de l'article
À Kisangani © Papy Maurice Mbwiti / photo Olivier Maloba
Atelier d'écriture de Bibish Mumbu à Kinshasa © Bibish M-L Mumbu
À Kisangani © Papy Maurice Mwbiti / photo Olivier Maloba
La ville © Fiston Mwanza Nasser





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