Partenaire du quatrième numéro de la Revue IntranQu’îllités, coordonnée par le poète James Noël, Africultures vous propose de découvrir un extrait du texte de l’artiste Béo Monteau.
La Revue IntranQu’îllités réuni des romanciers, des poètes, des peintres, des photographes dans l’union libre des genres et de tous horizons (34 pays) pour créer « un manifeste pour un nouveau monde ». Une « boîte noire des imaginaires » éditée par Passagers des vents et diffusée par les Editions Zulma.
Espace. Odeur d’êtres. D’un bout du monde à l’autre. Ils se parlent sur des appareils lumineux. Silence oppressant sauvé par leur respiration et le clic de leur clavier. Douleur. Deux âmes. Deux étoiles en panne de ciel.
– Tu sais, dans le vide, il y a un monstre : soi-même. Dans la vie, il y a toujours cette évidence : l’autre. Ce réel apparent qui fait voler le sable sans pourtant souffler le vent. Il dort toujours le monstre. C’est l’autre qui le réveille à chaque instant. Amorphe, voilà un piètre mot. Affectueusement nous fournit quelques principes. Je ne suis personne pour te parler comme ça, seulement je crains d’être aussi faible et bête que toi.
– J’ai lu une fois quelque part que « les mots sont si étranges dans leur sort et leur inexpliqué » Si tu devrais choisir un mot, ce serait lequel ? Un seul mot à signer, un seul pour te découvrir en monstre de tendresse. Un seul qui ne soit un piètre mot. Un seul pour ouvrir les yeux et desserrer les curs dans les étaux qui les pressent. Non. Ne le dis pas encore. Garde-le, on tue pour moins que ça. Cherche d’abord le monstre. Il est dans la partie qu’on cache pour soi. Notre part de vrai. Le vide que l’on se fait pour s’aveugler et ne pas voir l’autre, pour se mentir, pour aller à l’autre que pour marquer la distance. Cette partie laissée à l’arrière-plan de chaque non-dit. Qui peut tout dire sans se mentir ? Sans essayer de passer l’éponge ? On prend toujours partie pour nos mensonges.
– Tu sais, ce monstre bouffe notre moi plus que toute autre chose. Sans lui, tu n’arriveras pas à ouvrir aux autres ces persiennes de vrai en toi. Pudeur, encore un piètre mot.
Si la nuit nous cache ces trésors, pas moyen de se perdre dans l’énigme du vide. Juste le temps de se connaître. Se mentir à soi-même. A voix basse, de peur que les mensonges ne prennent forme. Deviennent l’autre. De peur qu’on se devine. La vérité est dans le temps, voilà l’énigme de la vie.
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IntranQu’îllités. Revue littéraire et artistique dirigée par James Noël
Direction artistique : Pascale Monnin & Barbara Cardone
Lire l’éditorial de la Revue n°4 : Pour un nouveau monde///Article N° : 13674
