Cinéma/TV

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Festival de Cannes 2001

Pourquoi le choix de Carmen ? C’est un sujet traité dans toutes les langues et je pourrais dire pourquoi pas dans ma culture et dans la langue. Mais la véritable raison est que j’ai grandi à St Louis entouré de femmes : mes grands-mères, mes tantes, mes cousines qui avaient un port que je retrouve dans le texte de Mérimée. Cette femme espagnole extrêmement forte et libre, avec un sens de la liberté poussé jusqu’à l’extrême, je l’ai souvent retrouvée chez les femmes qui m’ont entouré et m’entourent encore. Je n’ai donc pas eu le sentiment d’aller chercher ailleurs. Quand…

De Cheick Oumar Sissoko

Et si les riches avaient besoin de donner ? C’est autour de cette vraie question qu’est construit le roman de la Sénégalaise Aminata Sow Fall qui met en scène la communauté des mendiants de Dakar, les Bàttu, du nom de la calebasse qu’ils tendent pour l’aumône – à l’instar de la prière, une des obligations quotidienne des Musulmans. L’adaptation qu’en fait l’Américaine Joslyn Barnes amplifie cette question, sous la houlette d’un réalisateur qui fait preuve avec ce cinquième long métrage d’une détermination inébranlée à poser les vrais problèmes pour faire bouger l’Afrique. Car si la question se pose bien sûr…

De Gary Hardwyck

Où sont les femmes ?

En 1994, Hollywood avait offert aux femmes noires américaines un film pour Noël. Adapté du best-seller de Terry McMillan, réalisé par Forrest Whitaker, Où sont les hommes (Waiting to Exhale) avait fait un tabac. Quatre femmes noires toutes très belles, toutes très riches, toutes très différentes, divorcent, se marient, trompent leurs amants ou le plus souvent se font tromper par eux. Un palmarès de stars (Angela Bassett, Whitney Houston, Wesley Snipes parmi d’autres), de l’humour et des rebondissements, un produit marketing qui avait fort bien touché son public. Sept ans de réflexion plus tard, Hollywood retente la formule, cette fois…

De Desmond Hall

Noir sur Blanc

Un jeune journaliste noir prépare un discours sur les relations entre les races. Il doit le présenter le soir même à l’école où enseigne sa fiancée, une femme blanche, et espère trouver de l’inspiration auprès de son meilleur ami, également blanc. En fait de concertation fructueuse, les deux amis se découvrent d’immenses différents à propos du rock et du disco, des films de Spike Lee, du procès de Rodney King, du Cosby Show ou des poupées Barbie. Forcé d’admettre que si son meilleur ami n’est pas raciste, il est en tout cas peu enclin à s’intéresser et encore moins à…

Réalisateur, scénariste, producteur, acteur, monteur (1957)

De son vrai nom Shelton Jackson Lee, Spike Lee est né le 20 Mars 1957 à Atlanta, Géorgie. Sa mère, Jacquelyn, décède en 1976. Il n’est alors âgé que de dix-neuf ans. Son père, Bill, est un musicien de jazz renommé. Il composera la bande originale de ses premiers films. Le petit Shelton Lee est par ailleurs l’aîné de trois frères et d’une soeur, Chris, David (photographe attitré de ses films), Joie (actrice dans plusieurs de ses longs métrages) et Cinque – prénommé ainsi en hommage à l’esclave qui, en 1839, mena une révolte victorieuse contre le négrier l’Amistad. Spike…

De George Tillman, Jr

Un pays, une Histoire ?

Men of Honor est un film de commande. La Fox a confié à un réalisateur confirmé un budget aux normes hollywoodiennes. Seulement cette fois le réalisateur est Noir. George Tillman, Jr. (Soul Food) fait le grand saut pour son deuxième film qui retrace la vie de Carl Brashier, le premier plongeur noir de l’armée américaine. Des centaines de figurants, Robert de Niro et Cuba Gooding, Jr. en rôles principaux, scènes sous-marines et reconstitution historique, c’est de la propagande, et ça marche. Trivial Poursuite, camembert jaune : quelle est la date la plus importante des années quarante pour l’armée américaine ?…

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Men of Honor




De Boaz Yakin

L'union fait la force

En 1971, pour la première fois en Virginie, un lycée blanc se voit forcé d’accueillir des élèves noirs. Conséquence majeure : l’équipe de football qui fait la gloire du lycée est ouverte aux Noirs et les Blancs vont y perdre leurs places. Autre conséquence : les Noirs ne sont pas mauvais en football américain, et l’équipe des Titans gagne le championnat. Boaz Yakin, qui a déjà signé Fresh en 1994, l’histoire d’un jeune dealer Noir féru d’échec, n’est pas le premier réalisateur blanc à mettre en scène l’histoire des Noirs américains. Edward Zwick (Glory, 1989) ou Steven Spielberg (Amistad, 1997)…

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Remember the Titans
Remember the Titans




De Hana Elias

La Cueillette des olives a du mal à aller au bout de son intention. Mazen, qui sort de prison, remarque qu’en face, le tank israélien « n’est pas un tank mais une idéologie : une idéologie a besoin d’un adversaire pour exister ». Et d’insister pour que l’on invente d’autres voies pour la paix. A ce discours pacifiste, les membres de la communauté palestinienne dont l’oliveraie est le lien de vie et se trouve encerclée par des colonies israéliennes va répondre différemment. Le père, chef de famille, s’identifie à l’arbre millénaire : il ancre dans le passé la survie de la communauté…

D'Abdellatif Benammar

Zeineb est une femme de caractère depuis l’enfance : elle refuse, elle divorce, elle tient tête. Divorcée, elle sera libre selon la loi, mais enchaînée car la loi n’est pas respectée et que son ancien mari la fait violemment pourchasser par des hommes de mains. Partir ? Elle suit M’hamed, qui l’aime mais veut partir lui aussi, émigrer. Commence alors un road movie vers le Sud de la Tunisie où les paysages se font de plus en plus désertiques. Régulièrement, la beauté des lieux portent le récit. Le couple déchiré par cette question du départ, à l’image d’un pays qui…

De Hany Abu-Assad

Le film a été produit par la Palestinian Film Commission du ministère de la Culture de Ramalah et toutes les recettes éventuelles iront à cette commission pour financer d’autres films. On pourrait craindre qu’un tel système forcément très encadré ne renforce une cinématographie de propagande en noir et blanc. Et bien non : Le mariage de Nara est une alternative à la confrontation, l’amour placé comme signe de l’espoir malgré tout. Seul le poème de Darwich en fin de film restaure cette opposition en parlant de « nos ennemis », mais c’est pour dire qu’ils devraient apprendre les poésies pré-islamiques. Car l’intrigue est…

De Magdi Ahmad Ali

Avec son troisième long métrage, Magdi Ahmad Ali poursuit son analyse des difficultés de la classe moyenne égyptienne à se confronter avec les problèmes de la modernité et à faire évoluer les traditions qui avaient fait sa force. Le manque de communication entre parents et enfants est flagrant et l’environnement ne soutient en rien la réflexion : une scène du film montre ainsi à quel point la télévision reflète peu les problèmes de la société. Remarquablement mené, le film ne juge personne et propose une description en finesse du désarroi d’une famille face à un problème qu’elle n’a pas su…

Entretien d'Olivier Barlet avec Assane Kouyaté

Cannes mai 2002

Sept ans à faire ce film : pourquoi tant de temps ? Le montage financier a été très difficile. En 1996, le Fonds Sud a accepté de soutenir le projet mais ce fut la période de flottement de l’Union européenne et cela a duré presque trois ans avant que nous obtenions son soutien. La difficulté fut aussi de trouver un partenaire sûr au Nord et lorsque Mandala Productions l’a pris en main, la collaboration a été fructueuse. Quel est votre objectif en prenant un thème aussi rural que l’eau ? Le film peut avoir une certaine lourdeur car j’ai tenu…

D'Assane Kouyaté

On pouvait craindre le pire : cette histoire où le puit sacré du village est le principal personnage sentait le réchauffé, alignant des thèmes déjà largement traités dans les cinémas d’Afrique il y a bien longtemps. Et pourtant, ce film a son actualité. Derrière une problématique tradition/modernité qui pourrait paraître surannée, se profile un traitement qui l’ancre dans le temps présent. Le personnage d’Hamalla, qui a été rejeté du village parce que bâtard mais y revient quand il le sait menacé par une épidémie, témoigne par son positionnement d’une rupture avec les discours entendus : jouant le fou pour contourner…

Fespaco, mercredi 27 février 2001

Je suis vieux et déteste la gérontocratie : je ne détiens pas la vérité ! Dans les capitales africaines, on voit des femmes qui vendent des cacahuètes, des oranges etc : qui sont-elles ? que font-elles ? J’étais en Guinée : beaucoup de femmes et d’enfants parmi les réfugiés… Quelle rue de Ouaga, Dakar, Yaoundé, Bamako porte le nom d’une femme ? Sauf d’une princesse… Sans la femme, l’Afrique n’a pas d’avenir. Mais la misère, la mondialisation touche davantage les femmes. C’est le manque de travail qui est la cause de tout. Quel sera notre avenir en Afrique ? Voilà…

De Laurence Attali

Après « Même le vent », Laurence Attali poursuit son exploration de sa relation intime à l’Afrique, et plus particulièrement au Sénégal. Après la langue et la rencontre des gens, c’est une dimension plus intérieure qu’elle aborde ici : celle de la Parole, de la résonance de la Parole. « Ose » car cela demande du courage : en allant plus à fond, elle prend tout simplement le risque de se planter par outrecuidance ou superficialité. Ce n’est nullement le cas et la cinéaste affirme ici la sensibilité et la retenue poétique qui fait la valeur de tous ses films. Au contraire, Baobab étonne…

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Baobab
Baobab




De Baker Karim

Malcolm, c’est vraiment le pauv’type : revendeur de trucs invendables, bientôt expulsé pour non-paiement de son loyer, vivant d’expédients et de petits boulots, séparé de sa femme suédoise et n’ayant pas vu son enfant depuis une éternité… Bref, le vécu d’un immigré qui as du mal. Mais voilà qu’il reçoit une invitation pour l’anniversaire de son fils. Il se met en quête d’un cadeau, annonce son arrivée, se met en route… et oublie son cadeau dans le bus. Un film un peu pathétique mais sensible, faisant bien percevoir la solitude de l’immigré, son inadaptation au milieu, sa difficulté d’intégration. On…

De Bouli Lanners

Muno, c’est le village de la Belgique profonde où Raphaël a grandi. Travaillant maintenant à la radio, il y revient pour un reportage sur un crime raciste envers un jeune africain. Il ne rencontre que méfiance ou indifférence mais n’arrange rien en étant terriblement gauche, tant dans les explications de ses bonnes intentions que dans son incompétence technique. Foncièrement, ces gens ne veulent pas qu’on modifie l’image qu’ils se font de leur village. Le mur du repli sur soi paraît sans limite. Image d’une Belgique en noir et blanc, Muno touche par son ton personnel ironico-sarcastique et son appel à…

De Carol Mansour

« Le film aurait pu se passer dans n’importe quel coin du monde où les enfants ne sont plus des enfants », nous prévient la réalisatrice. Elle ne se départira pas de ce ton pédagogique, tant dans la construction scolaire du film que dans son traitement de l’image. Il s’agit ici de décrire le vécu des enfants des rues « dans l’inconnu de l’asphalte ». La rue est érigée en personnage qui s’exprime en voix-over mais ce procédé ne reste que poétique pour introduire le sujet et le situer au niveau de l’enfance. D’impressionnants autoportraits des enfants feront les présentations avant que des panneaux…

De Radwan al-Kashef

Le sous-titre du « Magicien » en donne le projet : « la philosophie du bonheur » (mot à mot de l’arabe : la notion de joie). C’est effectivement un film d’une impressionnante vitalité, tonique et joyeux, centré sur la capacité d’un acteur remarquable, grande figure du cinéma égyptien, Mahmoud Abdel Aziz, à incarner un bouffon tonitruant dont l’extraversion ne masque pas la tendresse. Histoire d’un père qui craint pour sa fille et la cloître chez lui, le film focalise sa critique sur la rétention des femmes et n’épargne pas en passant les barbus intégristes. Musique, humour et rythme en font un vrai plaisir,…

De Assad Fouladkar

Maryam raconte son histoire, face à la caméra. Elle a épousé Ziad mais se révèle stérile. Son insupportable belle-mère fera tout pour convaincre son fils de la répudier. Une adoption est envisagée mais Maryam finit par accepter une deuxième femme pour conserver son mari, et ne le supportant pas devra divorcer. Elle sombrera dans la folie. Qu’ont onc tous ces hommes à rester aveugles face aux souffrances qu’ils infligent aux femmes, à être aussi perméables aux désirs de leurs familles qui n’obéissent qu’aux lois du « qu’en dira-t-on » ? Des hommes cinéastes se chargent de les regarder en face, attentifs aux…

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