Cinéma/TV
Entretien de Guy Hennebelle avec Ababacar Samb-Makharam
Lettres françaises, 1971
Grand classique des cinémas d’Afrique, film magnifique, Kodou pose la question du rapport à sa propre culture en matière thérapeutique.
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Grand classique des cinémas d’Afrique, film magnifique, Kodou pose la question du rapport à sa propre culture en matière thérapeutique.
Construire une fiction sur un thème fort Comment caractériser l’histoire de Au nom du Christ ? C’est une histoire douloureuse. Je pense que c’est un film d’actualité. Le thème est universel parce que la prolifération des sectes, des individus illuminés, mégalomanes, des fous qui se prennent pour des dieux, des demi-dieux, des quart-dieux, ça continue. Ce sont des gens qui vivent dans leur environnement et qui trompent tout le monde pour faire grandir leur puissance. L’histoire du film peut se résumer en trois mots : tromperie, mégalomanie, escroquerie. Vous composez le portrait de quelqu’un qui, au départ, est un peu marginalisé par…
« Ababacar Samb est quelqu’un qui a tout le temps été habité par une très grande spiritualité. C’est l’un des cinéaste que j’admire le plus ici au Sénégal et qui a toujours été à la quête de l’homme. Tout son cinéma a été concrètement cela. Dans « Et la neige n’était plus », il posait toute la problématique du retour, mais pas d’un simple retour physique, du retour spirituel. Comment gérer de nouvelles valeurs, de nouvelles croyances, par rapport à celles qui sont toujours en cours dans le terroir ? Quand on prend à l’autre bout son dernier film Jom, qui veut dire…
Etalon de Yennenga (grand prix) au Fespaco en 1993, Au nom du Christ se situe à Bali-Ahuekro, un petit village de Côte d Ivoire, où les hommes se côtoient dans la promiscuité et la misère. Gnamien Ato, un pauvre porcher, y est méprisé par tous et cherche l’oubli dans l’alcool. Le jour où, ivre comme toujours, il manque de se noyer, il a subitement une apparition : celle d’un « enfant dieu » qui lui confie la mission de redresser les torts et les égarements de l’Eglise. Voilà notre homme devenu le prophète Magloire 1er, messager de Dieu et cousin du Christ. De…
Kodou, une jeune fille, décide de se faire tatouer les lèvres pour être comme ses amies. Mais le jour de l’épreuve, mal préparée, elle s’enfuit avant la fin de la cérémonie. Elle offusque ainsi les traditions séculaires du village, qui interdisent formellement aux femmes de quitter la cérémonie avant la fin. Dès lors la jeune fille est mise à l’écart de la communauté. Très affectée par ce rejet, Kodou va sombrer dans une folie violente qui la conduira dans un hôpital psychiatrique dirigé par des Européens. C’est un échec total. Finalement, Kodou sera soumise à une séance d’exorcisme traditionnel, le…
Chaque année, l’Association Racines présente une autre image de l’Afrique. En 2002, « l’Afrique et ses religions, regards de cinéastes » est une programmation itinérante, présentée à Paris et en Ile de France, mais aussi dans le cadre de Périplans à Lille, Douai, Dunkerque et dans le cadre du festival Black Movie à Genève, en partenariat avec Africultures. L’enjeu ? Mieux comprendre l’Islam et les religions telles qu’elles sont vécues et pratiquées en Afrique et dans les communautés immigrées en Europe. L’occasion de montrer, aussi, un autre visage de l’Islam : l’Islam noir. Islam, croyances et négritude L’actualité (11 septembre, guerre en Afghanistan)…
Sandkadjokro est un paisible village de Côte d’Ivoire dirigé par un prêtre catholique et dont les habitants sont partagés entre le christianisme et le fétichisme. Bouka, un jeune garçon, est surdoué, tant à l’école que dans la vie. Il voit sa vie bouleversée par la mort « surnaturelle » de son père Assouan, un planteur respecté de tous. Sa mère, la belle Akouba, est obligée, comme le veut la tradition akan, de se remarier avec Amontchi, le neveu du défunt, qui n’est autre que l’assassin d’Assouan dont il a emprisonné et enterré l’âme sous un arbre. Dès lors, le jeune enfant sombre…
Dans des courts métrages comme « Ainsi soit-il » ou dans les longs métrages comme « Nitt Ndoxx ! Les faiseurs de pluie », vous avez exploré la spiritualité sénégalaise. Oui, c’est vrai que c’est quelque chose qui vient de loin. J’ai grandi dans une famille à une sorte de carrefour spirituel. J’ai un grand père que j’adorais qui jusqu’à la fin de sa vie est resté animiste. Mon père, qui est pourtant musulman, a voulu que les enfants suivent la religion de la mère, c’est quelque chose d’extrêmement rare. Et puis j’ai toujours constaté autour de moi que quand il y avait un…
Sa andi a anda a anda, si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras Sa anda a anda a andata, si tu ne sais pas que tu ne sais pas, tu ne sauras rien ! Amadou Hampâté BâL’Association Racines, présidée par Catherine Ruelle, productrice de l’Actualité du cinéma sur RFI, est née en 1984, autour des idées de partage, de transmission, de devoir de mémoire aussi. C’est le sens de notre démarche, assurer la sauvegarde, la transmission et la diffusion du patrimoine artistique du Monde Noir. C’est ce qui nous pousse année après année, à remettre nos pas dans…
Nous sommes dans les années 30 et la colonisation a conquis tout le territoire et s’est installée en maître avec son administration et sa police. Dans un village à 30 km du chef lieu de la région naît une rivalité de pouvoir et d’influence entre le missionnaire, le sorcier guérisseur, symbole de l’attachement à la personnalité africaine et l’instituteur, ce dernier étant au service de la mission. Choc du christianisme et des religions traditionnelles. La mission catholique a installé une école et demande à la population de bâtir une chapelle. Les travaux traînent, ce qui exaspère le curé qui s’appuie…
Troisième film du réalisateur nigérien Oumarou Ganda, Saïtane – qui signifie Satan en français – est l’histoire d’un jeune couple dont la femme se laisse séduire par un riche commerçant. Ses amours clandestines seront organisés par un marabout qui la conduit sur un mauvais chemin. Brouille dans le ménage. Le père de la jeune femme veut reprendre sa fille et son petit-fils mais le mari s’y oppose car les considérant comme sa propriété. Quant au marabout, il sera puni, ridiculisé et perdra son influence sur le village. Il ne trouvera de remède à sa déconfiture que dans le suicide. Oumarou…
Il y a aux Rencontres cinéma de Manosque (Alpes de Haute Provence, France) quelque chose d’essentiel : la convivialité. Ni parisianisme, ni superficialité et surtout pas une opération de promotion de la ville. Pascal Privet et son équipe proposent chaque année aux Manosquains une programmation exigeante et magnifique. Résultat : un public fidèle et nombreux, malgré le soleil de Provence à l’extérieur. L’Afrique y est souvent plus que présente. Jean Rouch y est aussi très fidèle, présentant chaque année quelques uns de ses films méconnus. A regarder en ce mois de janvier 2002 VVVoyou, hilarante publicité de 1973 où le…
Six hommes et une femme, des Africains de diverses origines, candidats à l’émigration pour l’Europe, partagent la même galère : aléas d’un voyage en clandestins, jouets de passeurs imprévisibles, victimes d’arnaques. Leur lien : leur détermination à passer coûte que coûte les 14 km qui séparent l’Afrique de l’Espagne. Il leur faudra traverser le désert mauritanien, effleurer l’Algérie, parcourir le Maroc pour finalement buter à Tanger, route obligée des clandestins. D’abord solidaires, leurs liens se distendent, ballotés et manipulés qu’ils sont dans ce parcours infernal où se révèlent les bassesses et les compromissions. Chacun est typé : l’instit, le marin,…
Mansour Sora Wade a choisi pour son premier long métrage d’adapter librement le roman éponyme de Mbissane Ngom (ed. NEAS), d’origine Lebu comme lui. La mer est omniprésente dans cette histoire dramatique où Yatma (Hubert Koundé, doublé en wolof) tue son meilleur ami Mbanick qui était en train de lui ravir à la fois la gloire locale et la belle Maxoye. Si elle accepte quand même de l’épouser, c’est pour lui faire élever l’enfant qu’elle porte de Mbanick : ce sera le prix du pardon. Construit sur le récit d’un griot, traversé d’amour, de jalousie, de meurtre, de souffrance et de…
Prenez une star de la Blaxploitation, ou plutôt LA star, Pam Grier, dont la popularité mythique devrait remplir les salles, confiez la réalisation à Ernest Dickerson qui se trouve être un des chefs opérateurs les plus talentueux d’Hollywood (il a signé la photo des cinq premiers films de Spike Lee); ajoutez Snoop Doggy Dogg dans le rôle principal, ce qui ne va sans doute pas permettre une nomination aux oscars mais devrait assurer une bande originale hautement vendable, assaisonnez d’une histoire de jeunes blacks qui cherchent à s’en sortir par le travail et la persévérance, ajoutez une pincée d’effets spéciaux…
Installée en plein centre du marché de Dantokpa à Cotonou, une radio privée est devenue en un an un véritable phénomène social, la voix des sans voix. L’entrée est une vraie cour des miracles : chacun vient y exposer son problème pour appeler l’audience à le résoudre ou à la solidarité. Le succès auprès des auditeurs est énorme, qui réagissent aux cas très concrets proposés par la radio. On voit ainsi tout le monde se passionner pour le cas du jeune Pacôme, un enfant exploité et battu par la famille de son père, et se mobiliser pour y trouver une…
En alignant en flashs les images colportées par les média et les bandes-dessinées, Woukoache poursuit ici sa réflexion sur les conséquences et la violence des modèles machistes amorcée dans La Fumée dans les yeux. Construit en trois parties et tourné avec un budget réduit, le film fait penser à l’époque du cinéma direct mais joue à fond la carte de la fiction. Il va jusqu’à orchestrer la vengeance d’une femme contre un commissaire qui avait tué son père lorsque celui-ci s’interposait alors qu’il cherchait à forcer sa mère. Utilisant ses charmes pour l’amadouer, elle l’assassine et l’émascule, déclarant le lendemain…
D’origine nigériane, Newton Aduaka a reçu le grand prix du court métrage au Fespaco de 1999 pour On the Edge et le prix Oumarou Ganda de la première uvre pour Rage à celui de 2001.
Auteur d’un premier long-métrage, d’abord présenté au Fespaco sous le titre Choisis-toi un ami et finalement intitulé Le 11ème commandement, Mama Keïta tourne en Guinée Le Fleuve comme une fracture que son ami David Achkar devait réaliser s’il n’était pas décédé juste avant le début du tournage. Il lui a consacré un court-métrage hommage : David Achkar, une étoile filante.
Aduaka film avec ses tripes. C’était la qualité de son court métrage primé au dernier Fespaco, On the Edge, et c’est celle de ce premier long métrage qui campe à la manière de La Haine trois jeunes, un Noir, un Métis et un Blanc, dans le Londres d’aujourd’hui entre Hampstead et Peckham. Centré sur le personnage du Métis, surnommé Rage, violemment déchiré entre ses deux cultures, le film se différencie de La Haine par sa volonté introspective : « Quand un homme en arrive aux injures, c’est qu’il a du mal à s’exprimer » dira le vieux rasta au jeune enragé rappeur.…