Cinéma/TV

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De Narcisse Mbarga

Un univers kafkaïen

Projeté lors des rencontres internationales du film court (RIFC) en 2004 à Yaoundé, le film de Narcisse Mbarga s’engouffre dans le traitement de l’absurdité. Voici deux adolescents de 12 et 15 ans des quartiers mal famés qui rêvent de se mettre ensemble. Tout commence ce matin où Sam croise Linda sur son chemin. Le jeune garçon, très futé est un habile jongleur de pièces d’argent et vit avec une bande d’enfants de la rue. Rapines et autres petits coups font leur quotidien pour vivre. Véritable stratège, Sam va dévorer tout le plateau de beignets de Linda grâce à un pari stupide :  » Si…

De Max Pensedent

Clémentine vient du Cameroun. Elle arrive invitée à Paris par une connaissance faite sur internet, ouverte à l’amour par la beauté des échanges courriels. Son travail empêche son prétendant de venir la chercher à l’aéroport mais il lui donne rendez-vous sur le banc d’un jardin public. Elle y trouve une rose mais le prétendant ne se montre pas. Elle finit par aller à l’hôtel et revient chaque jour au rendez-vous. Elle y rencontre une femme qui lui prodigue ses conseils… Des milliers de femmes africaines cherchent notamment au Cameroun sur internet des cœurs à prendre pour tenter l’aventure de l’émigration.…

De Mourad Ben Cheikh

Au commencement était le verbe : un texte théâtral éponyme en arabe littéraire d’Ali Douâgi, grand maître de la nouvelle portant dans les années 30 un regard à la fois humoristique et caustique sur la société tunisienne (Il a beaucoup écrit pour le théâtre radiophonique et dont Au pays de tararanni avait été adapté en 1972 sous la forme de trois sketches par Hammouda Ben Hlima, Hédit Ben Khlifa et Ferid Boughedir). Une jeune femme intègre tant ce texte qu’elle l’écrit sur des languettes de papier qu’elle conserve sur son cœur. Mais le texte fraye son chemin dans le film,…

De Ibrahim Letaïef

L’idée est superbe : pour limiter l’accès aux visas d’entrée auxquels aspire une bonne partie de la jeunesse tunisienne, l’ambassade de France impose un test de langue française sous la forme d’une dictée. Le nombre de fautes déterminera son attribution et la longueur limite du séjour. Les journaux préparent la dictée, en font leurs gros titres. Pour réussir, du Bescherelle au dictionnaire, Rachid se convertit véritablement au français, prend des cours et l’impose à sa famille malgré sa faible connaissance de la langue de Molière. Sa francophilie n’a plus de bornes : c’est parfaitement hilarant, bourré de petites pointes taquines…

De Kamal Dehane

Les Suspects est une adaptation par Mahmoud Ben Mahmoud et Kamal Dehane de Les Vigiles, roman de Tahar Djaout, dont l’assassinat par les intégristes le 26 mai 1993 avait plongé l’Algérie dans le deuil. Ce changement sémantique n’est pas neutre : une dimension psychiatrique est ajoutée ici pour traiter des traces tant de l’héritage colonial que de la lutte de libération. Ces vieux combattants ont une vieillesse difficile : de vieux démons les travaillent, dont on sent bien qu’ils ont quelque chose à voir avec les blocages actuels de la société algérienne. Mais ils préfèrent taire leurs cauchemars. Pourtant, dit…

Entretien d'Olivier Barlet avec Henry Randrianierenana

C’est en 2000 qu’a émergé la production de longs métrages vidéo à Madagascar. Que s’est-il passé alors ? Une personne fortunée aimait bien le cinéma, et a décidé d’investir dans le cinéma. Il y a 16 millions d’habitants à Madagascar. S’il pouvait atteindre un million de personnes avec un film, et gagner 500 francs malgaches, cela ferait un grand bénéfice. L’investissement était faible : il suffisait d’acheter deux caméras numériques, un ordinateur avec tout ce qui il faut dedans et des projecteurs vidéo. De qui s’agit-il ? Il n’aime pas trop être nommé mais sa maison de production s’appelle Light Production.…

D'Henri Randrianierenana

Soalandy est une jeune fille de la campagne venue en ville travailler comme domestique chez des gens aisés. Son nom est d’ailleurs la combinaison de Landy, un prénom plutôt porté en ville et de Soa qui est un prénom campagnard. Dans sa chambre, à l’extérieur de la maison des maîtres, elle regarde un numéro de Femme actuelle et, en un plan-séquence de trois minutes où la caméra lui tourne autour, prend des poses ou se refait les cheveux devant la glace pour imiter les modèles… Arrive son ami Ndriana aux avances duquel elle finit par céder malgré l’interdit de le…

Un festival important est en train de naître. Le deuxième Festival des cinémas d’Afrique du pays d’Apt représente un modèle de convivialité et d’implication régionale. Quelle potion magique ?

Les images de l'article
Naky Sy Savané, Dominique Wallon et Toussaint Tiendrebeogo © Danielle Bruel
photo de Véronique Martin, exposition "Sur la terre des possibles", Cité scolaire © O.B.
photo de Véronique Martin, exposition "Sur la terre des possibles", Cité scolaire © O.B.
Le jury jeunes © Danielle Bruel
Ambiance conviviale au repas regroupant chaque midi l'équipe du festival et les invités © O.B.
Le Taxi-brousse de Zingpé sur la place d'Apt © O.B.
Safi Faye © O.B.
Les scolaires arrivent au cinéma Le César © O.B.
Tournage du film © O.B.
Sans titre (détail), de Bill Kouelany, installation 2003, arrachement, collage, couture sur toile, 5x180x100 et 2x100x100 © O.B.
Sans titre (détail), de Bill Kouelany, installation 2003, arrachement, collage, couture sur toile, 5x180x100 et 2x100x100 © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany, 2004, collage et couture sur toile, 60x92 © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany, 2002, tissage et collage sur toile, 117x90 © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany, 2004, tissage et collage sur toile © O.B.
Soly Cissé (Sénégal), intérieur 1, 2003, acrylique et pastel sur toile, 200x200, collection Blachère © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany, 2004, tissage et collage sur toile, 80x65 © O.B.
Soly Cissé (Sénégal), intérieur 2, 2003, acrylique et pastel sur toile, 200x200, collection Blachère © O.B.
Sans titre, de Bill Kouelany © O.B.
Sans titre, de Salifo Lindou (Cameroun), assemblage sur toile, 154x75, collection Blachère © O.B.




Entretien d'Olivier Barlet avec Izza Genini

La sortie des cinq dvd de la série Maroc corps et âme est un événement important non seulement par le nombre de films mais aussi par la qualité du travail documentaire effectué par Izza Genini.

5 dvd de Izza Genini

En un coffret de cinq DVD thématiques, Izza Genini rassemble entièrement re-mastérisés dans leur intégralité les documentaires qu’elle a tournés au cours des années, un impressionnant travail de recherche guidé par une évidente empathie avec ceux qu’elle rencontre. Qui ne connaît pas son oeuvre pourrait craindre d’ennuyeux films de patrimoine. C’est tout le contraire. Ces films sont un piège : on reste scotchés à l’écran, fascinés par ce ballet de poésie, de musique, de chant, de rythmes et de danses. La diversité des plans, un montage serré, une image soignée et souvent une vraie originalité dans les points de vue de…

Entretien d'Olivier Barlet avec Aï Keïta Yara, actrice burkinabè

Egérie de « Sarraounia » de Med Hondo, Aï Keïta a continué une carrière d’actrice tout en menant une vie professionnelle normale à Ouaga. Elle présentait aux Journées cinématographiques de Carthage « Tasuma, le feu » de Daniel Sanou Kollo, où elle joue le rôle de la femme de l’ancien tirailleur Sogo. Rencontre.

Entretien d'Olivier Barlet avec Naky Sy Savané, actrice ivoirienne

Tunis, octobre 2004

En l’absence de star system, les comédiens africains sont peu visibles. Le public ne les demande pas. Pourtant, ce ne sont pas les bons acteurs et actrices qui manquent. Entretien avec Naky Sy Savané, légendaire actrice ivoirienne que l’on retrouve dans deux grands films récents : Moolade d’Ousmane Sembène et La Nuit de la vérité de Régina Fanta Nacro.

De Jean-Jacques Ondoa

Trois ans auparavant, Julie Dossavi, danseuse renommée qui anime à Poitiers avec son mari Gérard Gourdot la compagnie « Les Géographes », rencontre Elise Mbala, responsable de l’association camerounaise Meka qui œuvre pour la visibilité de la danse contemporaine, notamment en organisant le festival Abok i Ngoma. C’est le déclic. La danseuse d’origine béninoise comprend qu’il lui faut davantage travailler en Afrique. La résidence chorégraphique de septembre-octobre 2003 à Yaoundé en sera la concrétisation : « ça me donne de la force ! » La qualité de ce documentaire est de faire sentir cette force. Et cela dès l’impro de départ. Des images de…

De Spike Lee

Spike Lee n’a pas son pareil pour fabriquer des outsiders modernes à coups de références éthiques et cinématographiques. Tout cela sent la glue sentimentale mais la mayonnaise prend à force de décalages, d’inscription dans le vécu africain-américain, de musique et d’esbroufe. Ce businessman bien bâti qui perd son boulot par son intégrité se retrouve à engrosser des lesbiennes en désir d’enfant pour survivre. C’est parfaitement improbable et inénarrable mais ça fonctionne ! Le Noir bombe sexuelle et force morale s’en trouvent renforcés : Lee aime jouer avec les clichés et en profite, à l’heure du scandale Enron, pour épingler au…

De Hassan Legzouli

Cela commence comme des ablutions avant le rituel : c’est en lavant sa voiture que Nordine (Roschdy Zem, excellent) apprend la mort de son père. Cette voiture estampillée du nom de son garage restera le lieu d’un huis-clos entre lui et son père qu’il ramène dans son cercueil au Maroc pour respecter sa dernière volonté : être enterré dans son village natal. Même, dans une scène d’une étonnante justesse, un dialogue direct s’instaure entre le père et le fils. Car ce film ose beaucoup mais ne force jamais. Son rythme est à la mesure des petites touches qu’il pose peu…

De Mokhtar Ladjimi

Une grand-mère dit un conte sur un toit, au milieu des paraboles. Mais le charme ne tient pas : un gamin lui lance qu’on ne lui a pas demandé la météo et le groupe s’égaye en tous sens lorsqu’un autre arrive déguisé en Spiderman. La communication moderne s’immisce ainsi dans la sphère traditionnelle mais elle a ses limites. Car sur cette terrasse encombrée de paraboles, ce ne sont que les messages d’ailleurs qui passent. Les magouilles sur un chantier n’y seront pas dénoncées, par exemple. Et les enquêtes du journaliste Hamid seront systématiquement amputées. C’est ainsi dans la dénonciation de…

De Moez Kamoun

Cela commence dès le jeune âge par l’école coranique et la fascination pour la Mercedes venant de Tunis. Abbes, Sassi et Saad : trois garçons, à la fois unis et tendus dans la concurrence. Après s’être étripés en bas des dunes, Abbes promet de ne pas toucher à Khadija, parole d’homme… Devenus adultes, la parole est loin d’être tenue et que sont les hommes devenus ! Entre Abbes, l’éditeur fauché, Sassi, universitaire radié, et Saad, le boutiquier trompé, se met en place un jeu fait d’hypocrisies et de manipulations dont on sent bien qu’il est la traduction intime de la…

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D'Oussama Fawzi

J’aime le cinéma sonne comme son titre comme un manifeste. Un enfant d’une famille orthodoxe de Choubra, en 1966, dialogue avec son père sur l’enfer et se rend vite compte que cette façon de terroriser sa famille ne conduit qu’à un mensonge généralisé. La naïveté enfantine se transforme vite en espièglerie et en ruse pour réaliser son principal dessein : aller contre l’interdiction du père d’aller au cinéma. Le film, très drôle, est une série de scènes parfois épiques, de quiproquos vaudevillesques, mais ne sombre jamais dans la caricature malgré des caractères extrêmes. Cela tient sans doute au permanent décalage…

De Mohamed Zran

Il y a dans Le Prince la volonté bien sympathique de suggérer par la fiction le vide béant face auquel se trouve la jeunesse tunisienne : chômage des diplômés, crispations dans les relations familiales, société à deux vitesses sans pont d’accès aux sphères plus aisées, formatage de la pensée, corruption et répression. Le décor de cet amour passionné d’un jeune apprenti fleuriste pour une directrice de banque est ainsi chargé de désespérance vécue au quotidien, tant et si bien que le sujet du film, les essais fleuris d’un amoureux transis pour exprimer son amour à une femme inatteignable, laisse peu…

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