L’édition annuelle du Salon du Livre de Paris constitue un moment particulier pour l’édition africaine. À l’instar d’autres « îlots africains » (1), la Côte d’Ivoire présentait cette année encore (et pour la deuxième reprise), un important stand au « SDL ». D’autres représentations avaient, certes, déjà vu le jour lors de précédentes éditions (2), mais sans affirmer une continuité jusqu’en 2013. D’autre part, et en termes d’espaces ou de variété éditoriale, l’Afrique n’avait sans doute jamais été autant représentée à Paris que cette année. Il est peut-être encore difficile d’affirmer que, passées les quatre journées de l’événement, l’édition africaine trouve désormais un ancrage solide à Paris mais l’implantation d’espaces vitrines d’une édition sous-régionale (« Livres et Auteurs du Bassin du Congo ») ou Nationale (Côte d’Ivoire) au salon représente une puissante et symbolique affirmation des nouvelles dynamiques des économies africaines du livre.
Le dernier jour du Salon du Livre, j’ai ainsi eu l’opportunité de m’entretenir avec différents acteurs du stand de la Côte d’Ivoire : Henri N’Koumo (Directeur du livre et de la promotion de la lecture de Côte d’Ivoire), Lucien Agbia (Commissaire Général du Salon International du Livre Africain), Ines Kouakou (Cercle Éditions), Mical Dréhi-Lorougnon (éditions Edilis), Fidèle Diomandé (éditions Vallesse), Isabelle Kassi-Fofana (Fratmat Éditions, Akwaba Culture), Olvis Dabley (organisateur du festival « Coco-Bulles »). La première partie de cet entretien s’est naturellement développée autour du projet national qui soutient la présence ivoirienne à Paris. Cette rencontre a aussi été l’occasion pour les différents intervenants de mettre en lumière les liens qui se tissent aujourd’hui entre la vie littéraire ivoirienne et le « monde global du livre ». Une histoire de continuité(s)
Nous sommes aujourd’hui au dernier jour du Salon du livre de Paris. Je me souviens que l’année dernière, Fauséni Dembélé, représentant le Ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire, avait annoncé une présence renforcée de la CI en 2013. C’est chose faite, avec ce stand « L’art et la culture nous réconcilient » et ses quelque 106 m². J’ai tout d’abord une question pour vous Monsieur N’Koumo : Le bilan de 2013 répond-il à vos attentes ? Êtes-vous satisfaits des retours du public ? Est-ce selon vous une réussite commerciale ?
Henri N’koumo (Directeur du livre et de la promotion de la lecture) : Le bilan est positif, à mon avis. Le Ministre avait effectivement promis une présence ivoirienne un peu plus affirmée cette année. Sur le plan politique, l’objectif était d’inscrire la participation de la Côte d’Ivoire dans la vision globale du gouvernement : faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Dans le cadre de ce programme « pays émergent », il est important que la culture joue son rôle et occupe une place importante. Et c’est ce que la culture est en train de faire, c’est-à-dire faire en sorte que l’ensemble des acteurs de la culture prennent progressivement conscience du mécanisme que l’on doit mettre en place pour aller vers l’objectif du gouvernement. Bien sûr, le Ministère aurait bien aimé soutenir un peu plus la présence des écrivains avec un apport financier plus épais, mais il est tout de même heureux que les maisons d’édition aient pris sur elles de venir au Salon du livre de Paris, voire de prendre en charge la participation de certains de leurs auteurs.
Dans l’ensemble, le Salon s’est bien passé, puisque les rencontres que nous avons organisées se sont, pour la plupart, bien déroulées. Je pense par exemple à cette rencontre sur le rôle de la culture dans les mécanismes de développement en Afrique qui a suscité beaucoup de passions ; je pense aussi à la rencontre consacrée à la promotion des langues nationales, problématique assez forte, parce qu’aujourd’hui les populations s’éloignent de plus en plus de leurs langues. Elles vont vers le français et l’anglais, langues de conquête et donc langues de « présence au monde de demain ». Mais elles oublient qu’il est également important pour elles d’assumer leur présence au monde par une maîtrise des langues nationales. La thématique était donc assez heureuse pour ceux qui y ont pris part. Il y a également eu d’autres moments forts, comme la remise du Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire à Venance Konan, en marge du Salon (3). Le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire est un prix important pour l’ensemble des acteurs du continent africain, et le fait que la Côte d’Ivoire ait obtenu ce prix, dans le sillage de l’année 2012 dédiée au « livre en Côte d’Ivoire » est assez probant.
Pour ce qui est des attentes en termes de ventes et bien que nous n’ayons pas encore fait les comptes, je pense que le taux de fréquentation de notre stand laisse présager un bilan positif. Mais il faut aussi que nous ayons conscience d’une chose : on ne vient pas à un Salon pour vendre. On y vient pour présenter ce que l’on a. Donc, en quelque sorte, les résultats chiffrés en termes de ventes ne m’intéressent pas. C’est plutôt la présence du public sur le stand qui est importante. Enfin, le fait que nous soyons situés non loin du stand du Bassin du Congo qui réunit six pays nous a permis d’avoir une bonne visibilité.
Concernant les visiteurs du stand justement : s’agissait-il plutôt d’un public issu de la diaspora ivoirienne ou africaine ? D’un lectorat français qui ne connaissait peut-être pas l’édition ivoirienne ? Le stand de la Côte d’Ivoire doit-il encore trouver son public ?
Henri N’Koumo : Il y a deux réponses que l’on peut donner : la première est que, pour le volet « dédicaces », les résultats n’ont pas été à la mesure de nos attentes
Je pense que nous n’avons pas suffisamment communiqué au niveau du programme des dédicaces. Ce qui fait que les auteurs étaient là, mais qu’il n’y avait pas grand monde autour d’eux. En revanche, pour ce qui est des ouvrages et du rapport que les gens avaient avec les livres dans le volet « librairie » du stand : oui, il y a eu beaucoup de choses positives. Il y a eu beaucoup d’échanges, les hôtesses et les responsables de maisons d’édition présents ont énormément travaillé. Je pense que ce niveau-là a été essentiel. Et puis, la visite de Madame Taubira a été également un moment important. Elle a accordé une attention particulière à nos ouvrages, certes en langue française, mais aussi en langues nationales comme, par exemple, les ouvrages publiés par les éditions Edilis de Madame Dréhi Lorougnon.
Le slogan choisi pour le stand était L’art et la culture nous réconcilient : pourriez-vous revenir un peu sur ce choix ?
Henri N’Koumo : Il s’agit en fait d’un slogan du Ministère de la Culture. « L’art et la culture réconcilient », cela signifie que la Côte d’Ivoire sort d’une crise importante et que la culture se donne pour mission d’inscrire l’ensemble de son activité dans le cadre de la réconciliation. La culture représente l’espace de réconciliation par excellence ! C’est pour cela que nous avons choisi ce slogan, pour le mettre en exergue ici, à ce Salon.
Dans la discussion avant notre entretien, nous avons évoqué la logique de collaboration du stand de la CI avec plusieurs organismes. Je pense notamment au Salon du livre d’Abidjan, à l’association Akwaba Culture et au Prix Ivoire
J’ai le sentiment qu’il a une certaine cohésion autour de la démarche du Ministère de la Culture ivoirien
Les lecteurs d’Africultures pourraient-ils en savoir un peu plus à propos de ce fameux Salon du livre d’Abidjan qui se tiendra en novembre prochain ? Cet événement prendra-t-il le pas sur la présence de la Côte d’Ivoire au Salon du livre de Paris ? La prochaine étape est-elle que le Salon du livre d’Abidjan devienne l’espace des « ferveurs », si je peux l’exprimer ainsi, de telle sorte que les éditeurs viennent plutôt de l’étranger pour y exposer leurs ouvrages ?
Lucien Agbia(Commissaire Général du Salon International du Livre Africain) : C’est notre souhait. On travaille pour et c’est d’ailleurs un peu pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, au Salon du livre de Paris. Nous essayons de rencontrer les éditeurs, de les inviter, de faire en sorte qu’ils puissent être présents au prochain Salon du livre d’Abidjan, qui est en phase de mutation : le Salon du livre d’Abidjan va devenir le Salon du livre d’Afrique. Le prochain visuel que vous recevrez, dès notre retour, concernera le Salon International du Livre d’Afrique. Nous conserverons ainsi le sigle « SILA ». Dans un premier temps, nous souhaitons fédérer tous les éditeurs africains afin qu’ils viennent au Salon, mais nous voulons tout autant donner l’opportunité à tous les éditeurs de pays francophones de pouvoir toucher tout ce qu’il faut comme partenaires sur place. Nous espérons en quelque sorte en faire une sorte de « HUB » du livre d’Afrique francophone. Voilà un peu notre ambition. Nous allons bientôt démarrer et j’espère que, d’ici deux à trois ans, nous allons y arriver. Il faut que ce soit LE Salon d’Afrique !
LUCIEN AGBIA, Commissaire Général SILA – Salon
par tango53
Pour recueillir un peu la parole des éditeurs, j’aimerais avoir votre avis concernant l’importance de votre présence à un salon du livre comme celui de Paris, mais également dans le cadre d’un événement comme le futur Salon International du Livre Africain à Abidjan
Inès Kouakou (Cercle Éditions) (4) : Pour notre part, c’est notre première participation au Salon du livre de Paris. Il faut dire que nous avons été impressionnées par le monde et, personnellement, je trouve que c’était très bien. Mais ce sont bien plus les échanges qui nous intéressaient en venant à Paris. Notre objectif étant de rencontrer des diffuseurs afin de mieux faire connaître notre maison d’édition. En effet, ni notre maison d’édition, ni nos auteurs ne sont connus du public européen en général et en particulier du public français. Il est donc de prime abord difficile de penser que nous allons les vendre tout de suite. Par ailleurs, nous espérons rencontrer d’éventuels partenaires, par exemple d’autres maisons d’édition en France, avec qui nous pourrions travailler.
Madame Dréhi Lorougnon, vous avez beaucoup défendu la cause de l’édition en langues nationales au cours du salon
Mical Drehi Lorougnon (Edilis) (5) : Je ne pouvais que défendre ce qui fait l’originalité et la différence. De l’oralité, nous passons à l’écrit, à la lecture dans nos langues maternelles. Je dirais que le Salon International du Livre Africain constitue un événement important dans le développement du livre en Côte d’Ivoire. Vous avez dû le constater : sur notre plaquette, il y a tout de même plus d’une dizaine d’éditeurs en Côte d’Ivoire. Cela nous donne donc déjà la possibilité de bénéficier d’une bonne surface au niveau du prochain salon du livre. Et qui dit « salon du livre » espère des visites extérieures. Lorsque les visiteurs extérieurs viennent, soit ils présentent aussi un stand et ce sont des éditeurs d’autres pays, soit ce sont des visiteurs qui viennent pour voir ce qui existe et négocier des partenariats. Et à ce niveau, nous avons la possibilité de leur montrer la production, notamment en langues nationales. L’édition des langues maternelles n’est pas si évidente. C’est un acte de promotion et, sans exposition, on reste un peu enfermés sur soi. Il faut exposer. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, l’intérêt de la population est de plus en plus croissant pour l’apprentissage des langues maternelles. Le fait de voir des livres et tout ce que nous avons publié, incite les gens à chercher et à découvrir un peu plus.
Je suis donc tout à fait enthousiaste et je félicite cette volonté politique qui permet aujourd’hui de faire naître le Salon International du Livre Africain.
Et du côté des éditions Vallesse ?
Fidèle Diomandé (éditions Vallesse) (6) : Je pense que cela a déjà été suffisamment dit, mais l’importance d’un salon réside surtout dans les rencontres, et notamment les rencontres professionnelles. La preuve : j’ai échangé avec vous pendant deux mois et aujourd’hui, je mets un visage sur ce nom ! Je pense que cela rend les échanges plus fluides. L’avantage d’un salon c’est donc cela : rencontrer d’autres éditeurs, rencontrer de professionnels du livre, etc. J’ai un prochain rendez-vous avec l’Institut Français, qui a lancé un appel à la cession de droits pour le français vers le français et qui a donné son accord de principe pour un titre que j’ai choisi. Je vais donc les rencontrer pour voir dans quelle mesure nous pouvons travailler ensemble. Ce sont autant de rencontres professionnelles qui nous permettent d’enrichir notre catalogue et, en même temps, de rencontrer d’autres éditeurs pour réfléchir aux questions de représentation. Il faut avoir à l’esprit que, pour les petits éditeurs comme nous, ce n’est pas évident de ne faire que de la production, et il faut donc aussi chercher à faire de la représentation : des coéditions, des cessions de droits, etc. Je pense qu’il n’y a alors pas meilleur endroit qu’un salon, où tous ces professionnels sont réunis. Donc vraiment pour nous, c’était une aubaine de pouvoir être présents à Paris, et c’est la même chose par rapport au prochain salon du livre d’Abidjan où, par contre, nous irons vers nos lecteurs et nous les inviterons
Nos auteurs seront aussi là plus facilement, car ce n’est pas évident pour nous petits éditeurs de les faire venir à Paris ! Abidjan nous donne l’occasion d’avoir le maximum d’auteurs sur place, et cela permet à nos lecteurs d’échanger facilement avec eux. Je pense que cela nous aide aussi à mieux nous faire connaître, et à faire connaître nos livres.
Comment va désormais se passer la communication autour du Salon International du Livre Africain ? Comment faire venir des éditeurs étrangers, notamment africains, vers un salon du livre africain ?
Lucien Agbia : Notre force pour cette année, c’est que nous allons avoir le temps avec nous. Le temps est un paramètre important. L’année dernière, nous avons commencé tout le processus en plein milieu d’année : le temps d’arrêter les visuels, de mettre en place le listing, etc., nous étions déjà à quelques mois du Salon
Cette année, en venant nous rendre visite sur notre stand, vous avez pu voir que nous avons déjà le visuel du Salon, le dossier de presse de quinze pages qui présente entièrement le Salon et, dès que nous allons rentrer, nous allons faire parvenir tout cela aux éditeurs. Nous allons ensuite organiser une cérémonie de lancement à Abidjan et, très tôt, nous allons acheter des espaces sur les chaînes francophones (TV5 Monde, France 24, etc.), afin de communiquer d’abord en direction des éditeurs français, et ensuite en direction des éditeurs africains qui suivent ces deux grands bouquets francophones que sont TV5 Monde et France 24. Mais nous communiquerons en même temps par le truchement d’Africultures ! C’est aussi pour cela que nous avons répondu présents à votre invitation. Il est important pour nous de communiquer largement, car nous sommes en train de changer la nature du Salon, de passer du Salon du Livre d’Abidjan au Salon International du Livre Africain et, forcément, nous allons avoir une communication directe en direction de tous les pays qui nous intéressent. Sous le couvert du Ministère de la Culture et de la Francophonie, nous allons envoyer des lettres officielles à la Guinée, au Sénégal, au Cameroun, au Bénin et à bien d’autres pays, afin que les maisons d’édition, quelle que soit leur taille, puissent être représentées. Nous trouverons un modus vivendi pour que tous les éditeurs trouvent leur place et aient une visibilité au SILA. Nous l’avons déjà réalisé l’an passé avec nos éditeurs qui n’ont pas tous la même taille, la même capacité financière, etc. Nous allons donc accentuer nos efforts, pour peu que les moyens suivent.
Enfin, un autre élément que j’aimerais ajouter, c’est que le Salon ne change pas uniquement sa dénomination : c’est toute une vision qui change ! Nous allons avoir des pays invités d’honneur, des pays invités spéciaux
Il y a un certain nombre d’innovations que nous n’avions pas l’année dernière qui seront introduites cette année.
Madame Kassi-Fofana, vous êtes la Directrice des éditions Fratmat. Mais vous êtes aussi présente à Paris en tant que Présidente de l’Association Akwaba Culture, qui défend le « Prix Ivoire pour la littérature francophone ». Que signifie pour cette double présence au Salon du livre de Paris ? Quel enjeu le SILA représente-t-il pour ces deux projets ?
Isabelle Kassi-Fofana (Fratmat Éditions, Akwaba Culture) : Pour un éditeur, un salon est toujours un lieu de rencontres privilégié avec les autres professionnels. Pour parler du cas précis du Salon du livre de Paris, c’est un rendez-vous vraiment incontournable ! Grâce au Ministère de la Culture et de la Francophonie de RCI, nous avons pu bénéficier d’un beau et grand stand, cela nous donne une certaine visibilité et une adresse. Les éditions Fratmat sont par exemple à la recherche de partenariats avec certains distributeurs à paris. Nous avons en effet un véritable problème de visibilité, ici, en France, nos ouvrages ne sont pas disponibles, alors que certains de nos titres, intéressent des lecteurs qui deviennent de plus en plus nombreux. Vous me donnez ainsi l’occasion de lancer un appel à ces distributeurs et/ou libraires qui seraient intéressés par notre production. Un salon du livre est toujours un moment important pour les éditeurs, et cela donne plus de poids, l’opportunité de découvrir un peu ce qui est fait ailleurs, autour de nous, etc. Nous avons ici de fabuleux exemples d’ouvrages qui sont vraiment magnifiques ! Cela me donne des idées
J’en ai d’ailleurs acheté, ça me permet de réfléchir à la manière dont nous pouvons nous améliorer. On ne finit jamais d’apprendre et de découvrir ! J’ai par exemple rencontré un monsieur qui venait des États-Unis et qui s’installe aujourd’hui en France. Ce dernier parlait de bases de données qui sont actuellement développées. De tels projets constituent des opportunités incroyables ! Donc, le Salon du Livre de Paris est important, mais le Salon du Livre d’Abidjan est tout aussi important pour nous. Je veux dire par là que le Ministère qui a pris sur lui de faire renaître ce salon, donne une opportunité aux éditeurs, aux professionnels de ce secteur, pour qu’ils puissent se rencontrer et faire part de leurs problèmes, pour qu’ils essayent d’aller au-delà de leur capacité actuelle. Voilà ce que je pourrais dire sur ce point.
Nous avons évoqué tout à l’heure le Grand Prix littéraire d’Afrique Noire (décerné avant-hier à Venance Konan), ce qui me donne l’occasion d’évoquer le Prix Ivoire, soutenu par l’association Akwaba Culture. Comment inscrivez-vous un tel prix dans le cadre de la promotion de l’édition ivoirienne, mais aussi dans le cadre du salon du livre qui se tiendra en novembre prochain à Abidjan ?
Isabelle Kassi-Fofana : Le prix Ivoire est une initiative de l’Association Akwaba Culture (7). Mais le prix Ivoire est d’abord soutenu et porté par le Ministère de la Culture de la Francophonie de Côte d’Ivoire. Il est d’ailleurs décerné le 9 novembre, à la faveur du salon du livre (8). Le prix est aussi soutenu par l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire, par la francophonie en général, que ce soit l’OIF ou la Commission Nationale de la Francophonie. Le prix Ivoire, c’est le prix de la Côte d’Ivoire, qui s’ouvre vers les autres pays africains, et en l’occurrence les littératures africaines francophones. Participer au Salon du livre de Paris, c’est toujours une aubaine pour nous, et j’avoue que si nous avons pu faire venir des grandes personnalités littéraires africaines en Côte d’Ivoire, c’est avant tout parce que nous avons participé en amont au Salon du Livre de Paris ! Récemment, nous avons fait la rencontre de plusieurs auteurs dont je ne vais pas encore dévoiler les noms, mais qui nous ont déjà donné leur accord de principe pour participer au prochain Prix Ivoire.
Des auteurs étrangers, donc ?
Isabelle Kassi-Fofana. Oui, tout à fait. Des auteurs africains que nous avons rencontrés sur place (9). Comme ces derniers entendent un peu parler du Prix Ivoire, ils souhaitent participer au Prix Ivoire, ce qui nous réjouit. Nous avons donc eu quelques accords de principe, mais j’attends maintenant d’avoir des accords formels pour dévoiler les noms
Et puis, enfin, nous avons aussi trouvé de nouvelles participations. Moi par exemple, je repars d’ici avec des livres et je vais prochainement à Casablanca, où je vais récupérer d’autres ouvrages. Participer à des salons, c’est important en tant qu’éditeur et c’est aussi important pour l’association Akwaba Culture et le Prix que nous défendons. Nous remercions d’ailleurs notre Direction Générale qui nous donne l’occasion de poursuivre cette belle aventure.
Olvis Dabley, nous avons parlé tout à l’heure de l’édition en langues nationales, mais il y a un autre secteur qui a été représenté et défendu au cours du SDL et qui est la bande dessinée. J’ai d’ailleurs remarqué la présence de vos ouvrages sur le stand de L’Oiseau Indigo. Quel était l’enjeu de votre présence au salon en tant qu’éditeur de bandes dessinées ? Sont-ils les mêmes avec le futur salon d’Abidjan ?
Olvis Dabley : Vous l’avez souligné : nous sommes aujourd’hui présents à Paris parce que nous avons un diffuseur qui assure la promotion de nos livres (Côte d’Ivoire, On Va Où Là ? T1 et T2) sur le marché et européen (Belgique, France et Suisse) (10). Ces ouvrages témoignent de l’actualité politique ivoirienne à travers le regard des dessinateurs de presse. Le salon de Paris offrant l’opportunité de rencontres et de promotion, il était donc important que nous puissions aujourd’hui être présents. En lien avec le SILA, je me réjouis que le Directeur du salon soit aujourd’hui présent car il y a déjà quelques mois, avec le ministre de la Culture et de la Francophonie, nous avions envisagé de construire une synergie autour de toutes ces actions, dans le cadre du Salon du Livre Africain. Nous sommes actuellement en train de travailler à ce que, d’ici novembre prochain, la bande dessinée puisse avoir une part importante au sein de l’événement. De ce point de vue, nous sommes tout à fait contents d’être ici et cela se justifie entièrement. La bande dessinée est une forme de littérature tout entière et complète, comme on le sait. Je l’ai dit lors de mon intervention, la bande dessinée est le genre littéraire qui est le plus adapté quand on est face à une population généralement peu lettrée, et nous pensons effectivement que pour l’Afrique, il faut largement promouvoir la BD. De ce point de vue-là, le salon d’Abidjan nous offre justement l’occasion d’élargir le public à toute cette frange de la population qui a envie de lire, mais qui a aussi besoin d’avoir des codes qui soient plus proches de son langage. Mais pour revenir au Salon du Livre de Paris nous sommes très heureux d’avoir pu y participer
Entretien réalisé le 25 mars 2013 au Salon du livre de Paris.
1. « Livres et Auteurs du Bassin du Congo », « L’Union du Fleuve Mano », la Mauritanie, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie.
2. Entre autres, l’Institut français, la Francophonie, Afrilivres, les éditions Présence Africaine ou encore L’Harmattan installaient des productions du Sud lors de précédentes éditions du SDL.
3. Cf. [murmure n° 12099 ]
4. [http://www.comcedit.com]
5. [http://www.edilis.org]
6. [ http://www.afrilivres.net/fiche_editeur.php?e=10101]
7. [ http://akwaba-culture.ivoire-blog.com]
8. [murmure n° 11121]
9. [ murmure n° 12093]
10. [ http://www.loiseauindigo.fr/?page_id=3358]Cet entretien est proposé dans le cadre du dossier consacré à l’édition africaine au 33e Salon du Livre de Paris, réalisé par Amande Reboul et Raphaël Thierry.///Article N° : 11532