Avec Petite lumière, AlainGomis franchit encore un pas dans son écriture de l’entre-deux, un pas convaincant et magnifique. Le film débute par un jeu de lumière et d’ombre à la faveur d’une porte ouverte et fermée par une enfant. « Est-ce que c’est moi qui imagine le monde ? » On comprend que le propos sera question de perception et que celle-ci ne peut être univoque. Une série de visions impressives marquent sa progression, ponctuée par le rapport entre l’enfant qui cherche à comprendre le monde et ses parents.
« Quand je ferme les yeux, est-ce que les gens sont encore là ? » Forcément, imaginer le monde ramène au cinéma. Dans la salle obscure, Gomis nous invite à remettre en cause nos supposées vérités par un jeu d’incertitude où la lumière est aussi bien ampoule électrique qu’illumination. Comme le jeune Khatra du Heremakono d’Abderrahmane Sissako, qui choisit d’amener la lumière à ses semblables en devenant électricien, l’enfant de Petite lumière placera l’ampoule dans le soleil. Il se prend des claques à trop questionner, comme dans la vie, mais la relation vaut la peine d’être vécue. Avec ce court métrage sans prétention mais tout en sensibilité, Alain Gomis ouvre les sens et contribue à la lumière du monde.
2002, 15 min, 35 mm, images : Aurélien Devaux, avec Assy Fall, Djolof Mbengue. Prod : Mille et une productions, 48 rue du Paradis, 75010 Paris, tel +33 147 704 470.///Article N° : 2799