Pour une République multiculturelle et postraciale

Les objectifs de l'appel du 20 janvier 2010

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Comme annoncé dans le numéro janvier-février 2010 d’Afriscope, mercredi 20 janvier, au musée Dapper, cinq personnalités ont présenté leur  » Appel pour une République multiculturelle et postraciale « . François Durpaire, Pascal Blanchard, Marc Cheb Sun, Rokhaya Diallo et Lilian Thuram, à l’initiative de cet appel, en ont évoqué les objectifs.

Un an après l’investiture du président américain Barack Obama, à l’heure du débat houleux sur l’identité nationale, du cinquantenaire des indépendances de quatorze pays africains de l’ancien empire colonial français, il est temps de poser un regard juste sur le passé et de bâtir une histoire commune.
Dans cette perspective, l’appel invite à repenser la diversité pour la construction d’une démocratie postraciale, c’est-à-dire qui sache  » dépasser la notion de race « , explique Lilian Thuram. L’ex-footballeur est navré de constater, suite à un sondage, que plus de la moitié des personnes interrogées considèrent qu’il existe plusieurs races. A la question :  » quelles sont les principales qualités des noirs? « , seuls 35% des sondés ont le réflexe de répondre qu’aucune race ne possède de qualités propres! Certes, la société est devenue cosmopolite, composée d’individus aux identités complexes, mais elle ne parvient pas à trouver cette évolution naturelle, et les préjugés restent ancrés. François Durpaire, historien, dénonce une  » racialisation du regard « .  » Nous devons aller vers une société où l’appartenance ethnique, religieuse ou culturelle ne détermine plus la place d’un individu au sein de cette société « , affirme Rokhaya Diallo, présidente de l’association les Indivisibles.
Les auteurs de l’appel, motivés et optimistes, croient au  » vivre ensemble  » et à la fin de la discrimination.  » Ce n’est ni un rêve, ni une réalité, c’est un combat « , lance Marc Cheb Sun. Pour ce combat, ils constatent notamment qu’un gros travail est à faire au niveau de l’éducation, surtout à l’école, où se construisent les préjugés. Dans une France qui assume mal son passé colonial, les manuels scolaires d’histoire eux-mêmes sont visés.  » Certains ne veulent tout simplement pas que la colonisation soit apprise à l’école « , déplore l’historien Pascal Blanchard. Les élites, les politiques et les médias ont également un énorme rôle à jouer dans la construction des représentations de notre société multiculturelle.
Dans cette perspective de grand changement, ces militants font circuler leur appel à travers un livret, qui contient 100 propositions pluricitoyennes émises par 100 personnalités issues des milieux artistiques, culturel, socio-éducatif, politique et associatif. Ce livret est donné en supplément du dernier numéro du magazine Respect Mag, dont Marc Cheb Sun est le fondateur et directeur.
Une rencontre avec les personnalités en question était prévue le mercredi 27 janvier à 18h30 au Cercle République.

///Article N° : 9168

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