Cinéma/TV

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De Dalila Ennadre

Nous voici dans l’ancienne médina de Casablanca. Des femmes racontent leur dur vécu. Entre rires et larmes, ces batalett (héroïnes) se battent pour survivre et trouvent les voix de la résistance. Cela ne les rend pas riches mais cela les tient debout. Lorsque l’une d’entre elles se rend à Rabat pour participer à la marche des femmes pour leurs droits de mars 2000, la distance avec les habituelles images de manifestations est levée : c’est une personne qui s’y rend et cherche à partager son enthousiasme quand elle revient. Les femmes témoignent cadrées de face, en train de pétrir ou…

De Malek Bensmaïl

A l’occasion des vacances en Algérie d’une famille dans la maison qu’elle y construit, un regard très personnel et vivant sur le gouffre qui se crée entre les Algériens de France et ceux restés au pays. Cette famille qui économise laborieusement pour construire une maison dans le village natal du père n’est plus tout à fait algérienne : elle a adopté les codes et les normes français, son regard sur l’Algérie passe par ce filtre. La distance est à tous les niveaux : le père organise ce voyage pour que ses enfants voient ce qu’ils pourraient continuer mais on apprend…

De Malika Tenfiche

Ce qui frappe dans « Chemin de traverse », c’est la douceur de sa caméra, le calme de sa mise en scène. Ils ne génèrent aucun ennui, au contraire, par cette façon de chercher à aller au-delà des mots pour laisser parler les corps. Le grand moment du film est ainsi quand la fille masse le vieux corps de sa mère dans une chambre d’hôtel. La différence culturelle qui s’est inscrite entre cette mère algérienne et cette fille devenue complètement française n’empêchera ainsi pas une certaine proximité et une connivence, même si la distance demeure. L’approche par les corps en dit plus…

De Samia Meskaldji

« La Voie lente » profite de l’ambiance du quartier du Panier à Marseille : ruelles étroites et piétonnes, cosmopolitisme, ambiance villageoise, mais aussi sentiment de clostration. C’est cet enfermement dans des étiquettes et des catégories qu’évoque le film à travers la dérive progressive de Leïla, qui n’en peut plus de se demander qui elle est, jusqu’à vouloir aller voir sa mère en Algérie. Elle se découvre peu à peu : « Je suis en colère mais je ne suis pas à court d’imagination », lâchera-t-elle en jouant à « Qui es-tu ? » avec son fils. La voix-off du fils donnera quelques indices sur la…

De Narjiss Nejjar

Le propos du « Septième ciel » est sans reproche : une jeune bergère subit la loi des garçons (« Je savais que rien ne changerait jamais »), voudrait aller à l’école comme eux mais en est empêchée par un père « qui ne sait pas voir en couleurs », rêve de rejoindre sa mère au septième ciel avec les parapentes qu’elle voit évoluer sur la plage… Le problème est que le traitement sent à mille lieues la volonté poétique, que la caméra est aussi statique que les enfants à qui l’on a coupé toute spontanéité, que chaque plan dure des plombes et que le film…

De Laïla Marrakchi

Un jeune berger dit à ses moutons qu’il ne va pas passer sa vie à les regarder brouter ! Et ne voilà pas qu’il trouve un billet de 200 dirhams, pour lui une fortune ! La magie du départ peut s’exercer. Il ira en ville. Ceux qui ont fait des études et qui sont au chômage ? Des idiots ! répond l’enfant au grand-père. En contrepoint, l’ivrogne ne s’en remet qu’à Dieu : « Pourquoi m’as-tu donné cette vie ? » Ce conte de fée plein d’humour et remarquablement tourné et rythmé est ainsi en quelques minutes et bien paradoxalement un état…

De Ghassan Salhab

« Terra incognita » commence par la carte d’identité du réalisateur : né à Dakar en 1958, de confession musulmane chiite. Histoire d’ancrer le film dans un ton personnel proposé au spectateur, pas toujours facile d’accès, mais d’une grande richesse pour qui veut bien l’accompagner. L’écriture est fractionnée par boucles, en une spirale ponctuée de déplacements routiers, de visions partielles, et d’ouvertures sur la mer, le ciel, les paysages. Ici encore, comme dans « Beyrouth fantôme », des visages de face, un ton déclamatif. « Ce que tu sais doit rester secret – si tu l’exprimes, tu t’enfonces dans des contradictions sans fin », dira un…

De Samir Seif

« Je suis jeune mais j’ai 1000 ans », dit Ahmad qui comme tant d’autres est au chômage et traîne. Sa mère l’encourage à se lever « au lieu de faire comme les pigeons mâles qui couvent les œufs ». C’est ce cinéma de formules, de poésie, d’amour, de musique, de tendresse et de peinture sociale puisée dans les réalités cairotes qui fait le succès des films égyptiens. La marmite où grouillent tous ces ingrédients pris tour à tour, en une succession de saynettes reliées par des poèmes sur fond de paysages urbains, délivre un message moral clairement énoncé de temps à autre dans…

De Abdelhaï Laraki

« L’essentiel n’est pas de trouver mais de chercher » : le professeur de danse orientale de Mona résume à sa façon le film de Abdelhaï Laraki. Mona apprend par sa mère que son père décédé n’est pas son père et que son vrai père est marocain, elle qui croyait être d’une famille bien européenne. Elle se met à sa recherche, part à Casablanca, va chez la sœur du professeur qui est danseuse et dont le mari l’aidera dans sa recherche. Yacine est un homme qui se cherche, critique du régime et tenté par le discours intégriste, qui reproche à sa femme…

Entretien d'Olivier Barlet avec Abellatif Ben Ammar et Houyem Rassaa

Le film commence par une scène de tribunal où l’amie de Zeineb lui dit qu’en Tunisie « la loi n’est pas respectée ». Peut-on le dire pour la Tunisie d’aujourd’hui dans le cas du divorce et des droits des femmes ? Abellatif Ben Ammar – En ce qui concerne la femme, la loi précède l’état des esprit de la société : elle est en avance et progressiste. Bourguiba était un visionnaire qui pensait qu’il fallait aller en avant de la société. Dans le contexte arabo-musulman, donner sa liberté à la femme était un défi qui ne pouvait être pris que de sa…

De Taylan Barman et Mourad Boucif

Lorsque le héros du film se rend au delà de Gibraltar, au Maroc, il voit au mur de la chambre de la demeure familiale une affiche belge appelant les travailleurs marocains à venir en Belgique apporter leur travail et leur intelligence : c’est de l’immigration en terre belge que veut parler ce film. L’intention est un peu trop visible : construire un scénario suffisamment dramatique permettant de mettre à jour la difficile rencontre entre un enfant de l’immigration et une jeune Belge dont il tombe amoureux. Le film peine à transcrire en images ce qu’il cherche à dire. Ce sont…

De Caroline Chomienne

Nous voilà à Marseille, dans le quartier de Belzunce, avec un groupe de jeunes rapeurs, la Guest Clique, qui prépare son prochain concert. L’un des leurs, K. Rhyme le Roi, gagne sa vie avec des activités louches et se fait courser quand il veut arrêter. Il disparaît. Sista Vertu, DJ Rebel et Cash le retrouvent et l’accompagnent dans sa cavale. « Garde toujours à l’esprit que tu ne peux rien contre nous », dit un grafiti sur un mur. Cette chronique traversée des vies de chacun et de celle du groupe l’illustre avec une énergie communicative. Comme dans beaucoup de films sensibles…

De Raja Amari

Satin rouge, c’est une femme et rien qu’elle : Lilia, une veuve qui tente de limiter l’émancipation de sa fille sous le regard scrupuleux de ses voisins, mais aussi une femme tentée par l’univers qu’elle soupçonne de la dévoyer. Elle découvre le cabaret, proche de ces Cafichanta, ces cafés chantants typiquement tunisiens (cf le documentaire du même nom de Hichem Ben Ammar, 2000), lieux d’exception en société puritaine où les hommes se laissent envoûter par les danses des femmes. Le cabaret a une véritable tradition artistique tant musicale que chorégraphique, revendiquée dans le film tant par le tenancier que par…

De Rabah Ameur-Zaïmèche

Dans le contexte actuel, Wesh wesh (expression d’arabe dialectal traduite dans le titre) vient à brûle pourpoint : une vison sans concession des cités de banlieue, ni complaisante ni sensationnelle, une chronique de l’intérieur. Kamel (joué par le réalisateur, lui-même issu de la cité) revient clandestinement après quatre ans de prison pour trafic de drogue et deux ans d’expulsion en Algérie : double-peine – sans papiers, l’obligation de la débrouille. Plongée dans un monde ni noir ni blanc en plein décomposition, où la violence pénètre autant les rapports que le langage, le film insiste aussi sur la vivacité des solidarités,…

De Idrissou Mora-Kpaï

« Mon père est décédé et avec lui une partie de mon enfance, mes certitudes, mes croyances et mes rêves. » Idrissou Mora-Kpaï est cinéaste. Il retourne au Bénin, au village, chez les Wassangari, et la pluie renforce le vide laissé par le père. Pourtant, ce voyage sera l’occasion de découvrir celle qui toujours ne faisait que servir le père : sa mère. Héritière du titre royal de son mari (les rois sont nombreux au Bénin), elle a droit à des égards mais reste femme. « Il n’a jamais offert un boeuf à une épouse, – Pas même un poussin », renchérit la coépouse.…

De Cheick Fantamady Camara

Konorofili est un beau début. Bien mené et monté, il prend à bras le corps une question difficile : l’anxiété (traduction de son titre). Anxiété de Félix, un Blanc déprimé à qui les expériences humanitaires en Afrique n’ont pas donné l’espoir ; anxiété de Dou, un Noir qui partage son appartement parisien et veut l’empêcher de commettre le pire. Le trouble de ce rapport intime se reporte sur la relation de Dou avec Sylvie qui ne comprend pas de se voir ainsi délaissée. Le film est au sommet quand il manie les métaphores : une ficelle reliant les orteils illustrera…

29 juin - 7 juillet 2002 - Institut du Monde arabe

Www.biennalecinemarabe.org

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"Le Pain", de Hiam Abbas




Phénomène nouveau sur les télévisions africaines, les sitcoms burkinabées montrent une Afrique positive.

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A nous la vie ! © DR
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Entretien d'Olivier Barlet avec Mimi Diallo

Cannes, mai 2001

Née en 1972 à Dori (Burkina Faso) Aminata Diallo-Gez est de nationalité franco-burkinabè. C’est au théâtre qu’elle fait ses armes de comédienne : six ans au Théâtre de la Fraternité de Jean-Pierre Guingané à Ouagadougou et coordonnatrice de l’Ecole de Théâtre de l’UNEDO (Union des ensembles dramatiques de Ouagadougou), elle co-crée en 96 la compagnie Les Bon Contes Font les Bons Amis qui monte des spectacles de contes sur Ouaga. Au cinéma, elle joue dans Pouk Nini de Fanta Regina Nacro, et dans Le pardon d’Antoine Yougbaré. Mais c’est à la télévision qu’elle devient célèbre, avec le sitcom A nous la…

De Dani Kouyaté

Après Keïta, l’héritage du griot, Dani Kouyaté revient avec une autre légende, parfaitement maîtrisée. Fable sur les luttes de pouvoir qui ensanglantent l’Afrique, cette adaptation de la pièce du Mauritanien Moussa Diagana, elle-même inspirée de la légende du Wagadu, est passionnante de bout en bout : un suspense bien entretenu, un travail remarquable sur les décors et les costumes, une musique servant la narration, une tension soutenue par un montage serré et nombre de rebondissements font de Sia un spectacle total. Seul bémol : une mécanique un peu trop bien huilée qui fait regretter la vie que dégageait les improvisations…

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