« Mon père est décédé et avec lui une partie de mon enfance, mes certitudes, mes croyances et mes rêves. » Idrissou Mora-Kpaï est cinéaste. Il retourne au Bénin, au village, chez les Wassangari, et la pluie renforce le vide laissé par le père. Pourtant, ce voyage sera l’occasion de découvrir celle qui toujours ne faisait que servir le père : sa mère. Héritière du titre royal de son mari (les rois sont nombreux au Bénin), elle a droit à des égards mais reste femme.
« Il n’a jamais offert un boeuf à une épouse,
– Pas même un poussin« , renchérit la coépouse.
Les deux femmes corrigeront vite l’image du père idéal: « C’est ça l’amour ? » Directes et lucides, la mère et la marâtre disent le vrai de la relation homme-femme. Leurs échanges sont cocasses, plein d’humour et édifiants. Ainsi vivent les hommes. Le cinéaste est tenté d’en savoir plus. Il enquête sur l’évolution des murs, les relations avant le mariage, l’éducation. Les femmes ont de signifiants silences mais aussi la répartie claire. Elles sont aussi conscientes, sinon davantage, que n’importe quelle citadine européenne. Le système qui les entoure diffère et c’est leur condition que ce beau film cerne sans esthétisme. En cadrant ces femmes dans leur environnement, il les respecte et met en valeur leur grande dignité.
63 mn, 2002, prod. Les Films du Raphia (01 40 92 00 42).
En compétition française au Cinéma du Réel (mars 2002), 24ème festival international de films ethnographiques et sociologiques, au Centre Pompidou à Paris. ///Article N° : 2298