Cinéma/TV

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Entretien d'Olivier Barlet avec Abellatif Ben Ammar et Houyem Rassaa

Le film commence par une scène de tribunal où l’amie de Zeineb lui dit qu’en Tunisie « la loi n’est pas respectée ». Peut-on le dire pour la Tunisie d’aujourd’hui dans le cas du divorce et des droits des femmes ? Abellatif Ben Ammar – En ce qui concerne la femme, la loi précède l’état des esprit de la société : elle est en avance et progressiste. Bourguiba était un visionnaire qui pensait qu’il fallait aller en avant de la société. Dans le contexte arabo-musulman, donner sa liberté à la femme était un défi qui ne pouvait être pris que de sa…

De Taylan Barman et Mourad Boucif

Lorsque le héros du film se rend au delà de Gibraltar, au Maroc, il voit au mur de la chambre de la demeure familiale une affiche belge appelant les travailleurs marocains à venir en Belgique apporter leur travail et leur intelligence : c’est de l’immigration en terre belge que veut parler ce film. L’intention est un peu trop visible : construire un scénario suffisamment dramatique permettant de mettre à jour la difficile rencontre entre un enfant de l’immigration et une jeune Belge dont il tombe amoureux. Le film peine à transcrire en images ce qu’il cherche à dire. Ce sont…

De Caroline Chomienne

Nous voilà à Marseille, dans le quartier de Belzunce, avec un groupe de jeunes rapeurs, la Guest Clique, qui prépare son prochain concert. L’un des leurs, K. Rhyme le Roi, gagne sa vie avec des activités louches et se fait courser quand il veut arrêter. Il disparaît. Sista Vertu, DJ Rebel et Cash le retrouvent et l’accompagnent dans sa cavale. « Garde toujours à l’esprit que tu ne peux rien contre nous », dit un grafiti sur un mur. Cette chronique traversée des vies de chacun et de celle du groupe l’illustre avec une énergie communicative. Comme dans beaucoup de films sensibles…

De Raja Amari

Satin rouge, c’est une femme et rien qu’elle : Lilia, une veuve qui tente de limiter l’émancipation de sa fille sous le regard scrupuleux de ses voisins, mais aussi une femme tentée par l’univers qu’elle soupçonne de la dévoyer. Elle découvre le cabaret, proche de ces Cafichanta, ces cafés chantants typiquement tunisiens (cf le documentaire du même nom de Hichem Ben Ammar, 2000), lieux d’exception en société puritaine où les hommes se laissent envoûter par les danses des femmes. Le cabaret a une véritable tradition artistique tant musicale que chorégraphique, revendiquée dans le film tant par le tenancier que par…

De Rabah Ameur-Zaïmèche

Dans le contexte actuel, Wesh wesh (expression d’arabe dialectal traduite dans le titre) vient à brûle pourpoint : une vison sans concession des cités de banlieue, ni complaisante ni sensationnelle, une chronique de l’intérieur. Kamel (joué par le réalisateur, lui-même issu de la cité) revient clandestinement après quatre ans de prison pour trafic de drogue et deux ans d’expulsion en Algérie : double-peine – sans papiers, l’obligation de la débrouille. Plongée dans un monde ni noir ni blanc en plein décomposition, où la violence pénètre autant les rapports que le langage, le film insiste aussi sur la vivacité des solidarités,…

De Idrissou Mora-Kpaï

« Mon père est décédé et avec lui une partie de mon enfance, mes certitudes, mes croyances et mes rêves. » Idrissou Mora-Kpaï est cinéaste. Il retourne au Bénin, au village, chez les Wassangari, et la pluie renforce le vide laissé par le père. Pourtant, ce voyage sera l’occasion de découvrir celle qui toujours ne faisait que servir le père : sa mère. Héritière du titre royal de son mari (les rois sont nombreux au Bénin), elle a droit à des égards mais reste femme. « Il n’a jamais offert un boeuf à une épouse, – Pas même un poussin », renchérit la coépouse.…

De Cheick Fantamady Camara

Konorofili est un beau début. Bien mené et monté, il prend à bras le corps une question difficile : l’anxiété (traduction de son titre). Anxiété de Félix, un Blanc déprimé à qui les expériences humanitaires en Afrique n’ont pas donné l’espoir ; anxiété de Dou, un Noir qui partage son appartement parisien et veut l’empêcher de commettre le pire. Le trouble de ce rapport intime se reporte sur la relation de Dou avec Sylvie qui ne comprend pas de se voir ainsi délaissée. Le film est au sommet quand il manie les métaphores : une ficelle reliant les orteils illustrera…

29 juin - 7 juillet 2002 - Institut du Monde arabe

Www.biennalecinemarabe.org

Retrouvez toutes les critiques et interviews de cette biennale, en cliquant sur le point en bas de cette page

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"Le Pain", de Hiam Abbas




Phénomène nouveau sur les télévisions africaines, les sitcoms burkinabées montrent une Afrique positive.

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A nous la vie ! © DR
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Entretien d'Olivier Barlet avec Mimi Diallo

Cannes, mai 2001

Née en 1972 à Dori (Burkina Faso) Aminata Diallo-Gez est de nationalité franco-burkinabè. C’est au théâtre qu’elle fait ses armes de comédienne : six ans au Théâtre de la Fraternité de Jean-Pierre Guingané à Ouagadougou et coordonnatrice de l’Ecole de Théâtre de l’UNEDO (Union des ensembles dramatiques de Ouagadougou), elle co-crée en 96 la compagnie Les Bon Contes Font les Bons Amis qui monte des spectacles de contes sur Ouaga. Au cinéma, elle joue dans Pouk Nini de Fanta Regina Nacro, et dans Le pardon d’Antoine Yougbaré. Mais c’est à la télévision qu’elle devient célèbre, avec le sitcom A nous la…

De Dani Kouyaté

Après Keïta, l’héritage du griot, Dani Kouyaté revient avec une autre légende, parfaitement maîtrisée. Fable sur les luttes de pouvoir qui ensanglantent l’Afrique, cette adaptation de la pièce du Mauritanien Moussa Diagana, elle-même inspirée de la légende du Wagadu, est passionnante de bout en bout : un suspense bien entretenu, un travail remarquable sur les décors et les costumes, une musique servant la narration, une tension soutenue par un montage serré et nombre de rebondissements font de Sia un spectacle total. Seul bémol : une mécanique un peu trop bien huilée qui fait regretter la vie que dégageait les improvisations…

Entretien d'Olivier Barlet avec Dani Kouyaté

Le mythe peut tromper les hommes quand il est au service du pouvoir. Le nouveau film de Dani Kouyaté, Sia, le rêve du python, met en scène la confrontation entre le pouvoir et un fou.

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Sia, le rêve du python © Christophe Dupuy
Sia, le rêve du python © Christophe Dupuy




De Christian Lara

Fiction historique, Sucre amer est un film dense et passionnant dont l’intention crève l’écran : restaurer la mémoire antillaise face à son effacement métropolitain et, plus encore, montrer que mieux comprendre l’Histoire de la Guadeloupe aide à mieux comprendre l’Histoire de France ! Il s’agit donc de montrer et d’analyser. Pour mener à bien ce dessein clairement pédagogique, Lara part du vécu d’Ignace (Jean-Michel Martial, toujours excellent), esclave affranchi devenu commandant de l’armée française et accusé de haute trahison pour avoir combattu l’armée de Bonaparte qui venait rétablir l’esclavage aboli par la Convention. Un remake en somme de Vivre libre ou mourir,…

De Taïeb Louhichi

Voilà un film qui a une odeur, celle du sable du désert où s’enfoncent sans cesse les personnes et les chevaux, celle du vent qui le soulève pour envelopper le drame, celle de la poésie d’un texte magnifique de l’Arabie du VIIème siècle. Voilà un film qui a une saveur, celle d’une passion, d’un amour qui ira jusqu’à la folie et ne pourra se résoudre que dans la mort. Quays (Safy Boutella) est amoureux de Laylâ (Anca Nicola) et crie cet amour à tous vents. Ses poèmes, ode au corps de la jeune femme, vont à l’encontre des bonnes manières :…

Le 24 mars 2002, deux acteurs noirs ont reçu les Oscars les plus convoités d’Hollywood, meilleur rôle féminin et meilleur rôle masculin. Une porte ouverte ?

De Marc Forster

Les distributeurs français ont eu du mal à trouver une traduction à Monster’s Ball. Les Québécois ont pourtant osé, eux, « Le Bal du monstre » qui évoque Le Bal des vampires mais pas les connotations sexuelles de l’expression américaine (to ball somebody). Car ce film a l’avantage de mettre en exergue les fonds bourbeux de l’imaginaire américain et de ne pas mâcher ses mots. Il n’hésite pas à montrer de face l’horreur des exécutions capitales dont on sait qu’elles concernent en priorité les Noirs qui constituent le gros de la population carcérale. Mais s’il ne cache pas ses intentions, le film…

De Daoud Aoulad Syad

Il y a dans Le Cheval de vent beaucoup de murs, de portes, de fenêtres, longuement photographiés tandis que le récit avance, métaphores des fixations et des regards. Car ces deux personnages picaresques dignes de Don Quichotte et de Sancho Pança – le vieux Tahar qui veut revoir la tombe de la femme qu’il a aimé et le jeune Driss à la recherche de sa mère disparue depuis l’enfance – ont en commun les blocages et les ouvertures d’une dérive commune. Il leur faut se déplacer pour tenter d’exister : « Je suis comme ce pèlerin qui ne peux rebrousser chemin…

D'Otar Iosseliani

Je n’avais jamais vu Et la lumière fut mais en rêvais, tant j’étais curieux de savoir quel regard un cinéaste aussi passionnant pouvait développer sur l’Afrique. D’origine géorgienne, Iosseliani vit essentiellement en France. Ses films, à commencer par son chef d’oeuvre Les Favoris de la lune (1984), sont construits comme une partie musicale, d’une extrême fluidité, et tissent une vision amusée de la circulation des hommes et des choses. On retrouve dans ce film tourné en pleine brousse africaine le même regard ludique. Le réalisateur se met d’ailleurs lui-même en scène en fin de film, une paire de jumelles à…

Bien sûr, la réalité de ces jeunes traumatisés par la guerre qu’ils ont dû faire est terrifiante. Massacres, viols, désespoir… Le reportage leur donne la parole, comme la radio Talking Drums de Freetown. Ce n’est pas de montrer la réalité qui pose problème, c’est de la placarder ainsi : ce reportage vient en rajouter à la longue litanie des horreurs africaines, confortant l’image ancrée dans les imaginaires occidentaux d’une Afrique arriérée et sauvage. Le débat avait été soulevé par le film de Depardon, Afrique, comment ça va avec la douleur? Jamais un cinéaste africain n’a cette démarche : il choisira…

De Makeda Ketcham

Les grands parents de Makeda Ketcham n’étaient pas n’importe qui : son grand-père européen, missionnaire protestant (dans un pays christianisé depuis le 3ème siècle…), avait fréquenté l’empereur Tewodros qui lui avait offert une femme, sa grand-mère ! Mais il seront chassés d’Ethiopie. Traditionnellement, un pacte de mémoire est conclu avec les descendants sur sept générations : « Voilà pourquoi on a un enfant, pour qu’il transmette l’Histoire », remarque une des personnes que la réalisatrice retrouve dans sa quête de sa lointaine ascendance. C’est donc l’Histoire du pays autant que l’histoire de sa famille que nous conte ce beau film, nous conte…

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