Fiche Personne
Musique Théâtre Cinéma/TV Danse

Anouar Brahem

Réalisateur/trice, Joueur/se de oud, Producteur/trice, Compositeur, Scénariste
Tunisie

Français

Anouar Brahem naît le 20 octobre 1957 à Halfaouine dans la Médina de Tunis. Encouragé par son père, artisan-graveur et imprimeur, mais aussi amateur de musique, Brahem commence, à l’âge de 10 ans, son initiation à la musique, et au Oud, au Conservatoire National de Musique de Tunis, notamment avec le maître Ali Sriti. Dès l’âge de 15 ans, il se fait remarquer et est appelé à jouer dans divers orchestres. A l’âge de 18 ans il décide de se consacrer à la musique et retourne alors vers Ali Sriti. Celui-ci le reçoit quotidiennement chez lui pendant quatre années consécutives et continue à lui transmettre l’art du « Maqam », le système compliqué des modes de la musique savante arabe et du « Taqsim », par le biais du rapport maître à disciple, cher à la tradition.

Progressivement, il élargit son écoute à d’autres expressions musicales, autour de la Méditerranée, vers l’Iran et l’Inde… puis vers le jazz. Itinéraire au cours duquel dit-il : « je me suis plu au dépaysement et ai découvert les liens étroits existant entre toutes ces musiques ».

Anouar Brahem se démarque de plus en plus d’un environnement musical largement dominé par la chanson de variété. Il refuse de sacrifier à l’habituel emploi de musicien dans les cérémonies de mariage ou dans les quelques formations pléthoriques existantes qu’il considère comme anachroniques et où le Oud n’est qu’un instrument d’accompagnement. Une exigence autre l’entraîne à redonner la primauté à cet instrument de prédilection de la musique arabe et à proposer pour le public tunisien, des concerts de musique instrumentale et de Oud en solo. Arrivent alors les premières compositions. Il entreprend une série de concerts en solo dans diverses maisons de la culture et enregistre sa première cassette à compte d’auteur avec le percussionniste Lassaad Hosni.

Petit à petit un public se constitue, et une presse enthousiaste se mobilise et le soutient. Commentant une de ses toutes premières apparitions, le critique Hatem Touil écrit: « Un jeune talent a réussi le tour de force d’émerveiller l’assistance mais aussi de donner ses lettres de noblesse à la musique non vocale en Tunisie tout en redorant, du même coup, le blason d’un instrument qui en avait grand besoin : le luth. Jamais luthiste n’a en effet tiré des sonorités aussi pures, n’a concrétisé avec autant de vigueur et de conviction l’universalisme de l’expression musicale ».

En 1981 le besoin de vivre des expériences nouvelles se fait de plus en plus pressant. Le départ vers Paris, ville cosmopolite par excellence lui permet de rencontrer des musiciens venus d’horizons divers. Il y restera quatre années durant lesquelles il compose beaucoup, notamment pour le cinéma et le théâtre tunisien, collabore avec Maurice Béjart pour son ballet « Thalassa Mare Nostrum » et avec Gabriel Yared en tant que soliste pour la musique du film de Costa Gavras « Hanna K ».

En 1985, un retour à Tunis et une invitation du festival de Carthage lui permettent de réunir dans « Liqua 85 » des figures marquantes de la musique tunisienne, turque et du jazz français, notamment Abdelwaheb Berbech, les frères Erkose, François Jeanneau, Jean-Paul Celea, François Couturier… Anouar Brahem signe ainsi son premier grand succès, qui lui valut le Grand Prix National de la Musique.

En 1987, il se voit confier la direction de l’Ensemble Musical de la Ville de Tunis. Au lieu de conserver l’imposant orchestre qui existait, il l’utilise en formation à géométrie variable, lui fait prendre de nouvelles orientations : une année vers des créations, l’autre vers la musique traditionnelle. Les deux créations « Leïlatou tayer » (1988) et « El hizam el dhahabi » (1990), s’inscrivent dans la continuité de ses premières compositions, et jalonnent ce qui peut être considéré comme l’axe principal de son travail. Dans ces ?uvres, il ne quitte pas pour l’essentiel l’espace modal traditionnel, mais il en permute les repères et en bouleverse les hiérarchies. Grâce à une inspiration qui absorbe comme par une disposition naturelle à l’osmose, les héritages méditerranéens, africains et extrême-orientaux, il entre aussi de temps à autre en contact avec d’ autres sensibilités : musiques européennes, jazz, et autres formes.

Avec « Rabeb » (1989) et « Andalousïat » (1990), Anouar Brahem revient à la musique traditionnelle savante. Malgré le riche héritage transmis par Ali Sriti et le fait que cette musique ait constitué l’essentiel de sa formation, il ne l’avait en fait jamais jouée en public. A travers ce retour qui ponctuera désormais de temps à autre son parcours, il entend apporter une contribution à l’urgence de la réhabilitation de cette musique. Il constitue un ensemble réduit, un « takht », forme originelle de l’orchestre traditionnel, ou chaque instrumentiste a sa place de soliste et d’improvisateur et seul apte selon lui, à restituer l’esprit, la subtilité des variations et l’intimité de cette musique de chambre. Il fait appel aux meilleurs musiciens tunisiens, tels Béchir Selmi et Taoufik Zghonda, et entreprend un véritable travail de recherche sur les partitions anciennes, avec le souci rigoureux des transparences, des nuances et des détails.

Avec « Ennaouara el achiqua » (1987), Brahem propose un concert de chant, né de sa rencontre avec le poète Ali Louati, révélant ainsi encore une fois le caractère éclectique et novateur de sa musique. Ses explorations dans le domaine de la chanson expriment un certain désir de renouer avec cette forme élaborée et savante du chant arabe, tel que le « Qassid », sur les traces d’un Khémais Tarnane, Saïed Derwich, Riadh Sombati et Mohamed Abdelwahab ou de la chanson dite populaire. Oeuvre marginale et à contre-courant, « Ennaouara el achiqua » n’en créa pas moins un impact considérable sur le public tunisien ainsi que dans la presse.

« Ennaouara el achiqua » ne sera pas son unique incursion dans le domaine de la chanson. Il y reviendra de temps à autre, à l’occasion d’une musique de film ou d’une rencontre avec un chanteur et souvent avec la complicité de Ali Louati. Il collabore notamment avec Nabiha Karaouli qu’il révéla au public, Sonia M’barek, Saber Rebaï, Teresa De Sio, Franco Battiato, et Lotfi Bouchnak, interprète de « Ritek ma naaref ouïn », chanson composée dans l’esprit d’un « folklore imaginaire » qui connut un immense succès, et qui est devenue – ironie du sort ! – le tube incontournable de toute fête de mariage.
En 1988, c’est devant 10.000 spectateurs dans le théâtre romain qu’il ouvre le festival de Carthage avec « Leilatou tayer ». Le journal Tunis-Hebdo écrira : « Si nous devions élire le musicien des années 80, nous choisirions sans hésiter Anouar Brahem. »

En 1990, Il décide de quitter l’EMVT et s’envole pour une tournée aux États-Unis et au Canada. C’est à son retour que survint sa rencontre avec Manfred Eicher, le producteur – fondateur du label dis-cographique allemand ECM Records, de laquelle naîtra une riche collaboration qui marquera sans conteste une étape importante dans son travail. Depuis sont nés sept albums qui reçoivent un accueil remarquable de la presse internationale et du public.
La même année, il choisit d’enregistrer son premier disque « Barzakh » en compagnie de deux musiciens tunisiens hors pair avec qui il a déjà atteint une grande complicité artistique, Béchir Selmi et Lassaad Hosni. Ce disque, accueillit par la revue allemande « Stéréo » comme « un événement majeur de l’édition musicale », viendra confirmer sa stature de musicien et « d’improvisateur d’exception ».

Dans « Conte de l’Incroyable Amour », enregistré en 1991, l’improvisation est au centre du jeu, l’intonation différente, notamment grâce à la présence remarquable de Barbaros Erköse, de la puissance expressive de sa clarinette, et au souffle soufi du Naï de Kudsi Erguner. Pour le « Monde », »l’album s’enroule autour du talent poétique du luth d’Anouar Brahem. On le suit délicieusement à travers le subtil ordonnancement de la mélodie, les silences du phrasé musical, à travers tous ces non-dit qui nous entraînent dans des chemins orientaux, dans une poésie de lumière et de battements délicats ». Le même journal a sélectionné « Conte de l’Incroyable Amour », comme étant l’un des meilleurs disques de l’année 1992.
En 1992, il est appelé à concevoir et à participer activement à la création du Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes au Palais du Baron d’Érlanger à Sidi Bou Saïd.

En novembre 93, il réalise un rêve qui lui tenait à c?ur depuis longtemps : celui de rendre un juste hommage à son maître Ali Sriti, qui accepta, pour l’occasion, de remonter sur la scène après l’avoir quittée voila près de trente ans. Brahem monte alors « Awdet Tarab », concert de musique traditionnelle instrumentale et chantée, au Palais d’Erlanger. Le public tunisien gardera sans doute un souvenir inaltérable de ces duos du maître et de son élève, accompagnés de la voix de Sonia M’barek.

En 1994, il enregistre « Madar » avec le saxophoniste norvégien, Yan Garbarek, et avec le maître pakistanais des tablas, Shaukat Hussain. L’histoire de ce disque est simple: Jan Garbarek avait été impressionné par les deux premiers albums de Brahem et avait émit le souhait de travailler avec lui. Brahem de son côté, vouait déjà depuis plusieurs années une réelle admiration pour ce musicien et partageait le même désir. La rencontre donc, eue lieue naturellement, vivement encouragée par Manfred Eicher. Brahem et Garbarek se retrouvent autour d’une même et commune recherche, celle d’une tradition universelle. « Madar » est un fort témoignage de comment l’imbrication des civilisations peut se faire, sans nuire à l’essence de ce qui les distingue et rend plus fertile leur coexistence.

Anouar Brahem a composé les musiques originales de nombreux films et pièces de théâtre, dont « Sabots en or » et « Bezness » de Nouri Bouzid, « Halfaouine » de Férid Boughedir, « Les Silences du Palais » et  » La saison des hommes » de Moufida Tlatli, ainsi que « Iachou Shakespeare » et « Wannas El Kloub » de Mohamed Driss, « El Amel », « Borj El Hammam » et « Bosten Jamalek » du Théâtre Phou. Dans « Khomsa » (1995), son quatrième album, il reprend quelques-unes de ces musiques dont il rêvait une interprétation libre, aérée, purement musicale, « libérées de leurs ceintures d’images » dit-il. Il rassemble autour de lui une formation éclectique : Richard Galliano à l’accordéon, Palle Danielsson à la contrebasse, Jon Christensen à la batterie, François Couturier aux claviers, Jean-Marc Larché au saxophone, Béchir Selmi au violon. Le sextet réuni par le compositeur est sans cesse divisé en solos, duos, trios, « d’où une impression dominante et délicieuse de voyage immobile tout en passages secrets, en timbres inédits, en fins suspendues » dira Alex Dutilh sur « France Musique ». Le quotidien britannique « The Guardian » a commenté ce disque en ces termes: » Nous pouvons affirmer que « Khomsa » est l’un des meilleurs disques de l’année(…) Brahem est à l’avant garde du jazz car il est bien au delà. »

Trois ans plus tard Anouar Brahem entre de nouveau en studio et reprend les choses où il les avait laissées avec Madar en poussant encore plus loin son exploration amoureuse de la formule orchestrale du trio, dans un contexte cette fois résolument ouvert à l’infinie variété des  » mondes  » du jazz. Entouré de deux immenses musiciens, piliers du label ECM depuis trente ans, le saxophoniste John Surman et le contrebassiste Dave Holland, hérauts de la free music britannique à la fin des années 60 et depuis lors engagés chacun dans l’élaboration d’univers singuliers d’une haute cohérence artistique, Anouar Brahem aventure avec une infinie délicatesse la poésie raffinée de son instrument au  » risque  » de conceptions de l’improvisation radicalement étrangères à son univers. Le résultat est à la mesure du défi : Thimar est une réussite exceptionnelle, une oeuvre méditative et suprêmement musicale, emprunte d’une poésie intense, où chaque morceau se déroule dans un climat de recueillement et de concentration extrêmes, comme un rêve éveillé. Jamais Anouar Brahem, sans pour autant dévier de sa ligne esthétique personnelle, n’est allé aussi loin que dans cet enregistrement dans l’exploration des « mystères du jazz « . Thimar reçoit en Allemagne le « Preises der Deutshen Shallplattenkritik. Il est classé « Meilleur disque jazz de l’année » par la revue anglaise Jazz Wise.

Paru en septembre 2000, Astakan Café, son sixième album en 10 ans pour la firme munichoise, peut paraître pour une oreille distraite, sinon comme une oeuvre de transition, au moins comme une pause introspective dans la carrière d’Anouar Brahem. Ce serait mal entendre cette musique de maturité, où l’oudiste renoue certes avec les racines proprement orientales et méditerranéennes de son univers, mais indiscutablement enrichi des voyages imaginaires et esthétiques de ses disques précédents. Retrouvant pour l’occasion deux de ses plus fidèles complices, le clarinettiste d’origine rom Barbaros Erköse et le percussionniste tunisien Lassad Hosni, Brahem s’engage dans une magnifique dérive intimiste et éminemment personnelle, célébrant l’esprit syncrétique de la musique arabe, tout en enrichissant son approche de l’improvisation et du son collectif aux grands ?uvres d’ouverture que sont Madar et Thimar.

Aujourd’hui, Anouar Brahem revient avec un disque surprenant, atypique, terriblement personnel. Son plus beau peut-être. Assurément le plus ambitieux. En trio, encore, en compagnie du pianiste François Couturier, vieux complice et, plus surprenant, de l’accordéoniste Jean-Louis Matinier, Anouar Brahem nous livre avec Le pas du chat noir une musique apaisée, élégiaque, d’un raffinement de timbre extrême, d’un équilibre formel miraculeux.
Anouar Brahem est artiste qui, tout en étant profondément imprégné de son héritage musical arabe, est résolument moderne, ancré dans son époque et tourné vers l’avenir. Sans doute est-il aussi un artiste que n’effraie pas le choc des cultures. C’est ainsi qu’il a toujours aimé provoquer les rencontres avec des musiciens venus d’horizons divers : Yan Garbarek, Richard Galliano, Dave Holland et John Surman, bien sûr, mais aussi Manu Dibango, Manu Katché, Taralagati, Fareed Haque, Pierre Favre… puisant dans chaque rencontre les moyens de se renouveler tout en conservant son identité propre. Interrogé sur son inspiration, Anouar évoque l’image de « l’arbre qui, tout en s’élevant du sol et en élargissant son espace, continue à développer et à approfondir ses racines », image qui, de toute évidence n’est pas sans évoquer Tunis, sa ville natale, une ville plurielle enracinée dans sa culture arabo-musulmane, et nourrie de ses influences africaines et méditerranéennes, un espace solaire en quelque sorte, dont sa propre signature ne cessera de garder la trace. Il estime également qu’une tradition qui ne change pas et qui ne s’adapte pas, est vouée à disparaître. C’est pourquoi il n’hésite pas à relever les défis lancés et à ouvrir sa musique à de nouvelles formes d’expressions. « Il est si calme et souverain qu’il semble que l’homme de Tunisie, est allé beaucoup plus loin que bien des musiciens de jazz affairés dans la quête de musiques nouvelles » écrit le critique musical Wolfgang Sandner dans le « Frankfurter Allegemeine Magazine ».




DISCOGRAPHIE



Le Voyage de Sahar – 2006
(ECM 1915)
Anouar Brahem : oud
François Couturier : piano
Jean Louis Matinier : accordion

Edison Award
Stereoplay, Die audiophile Jazz-CD
Classica-Répertoire, R10 Classica
The Gramophone (South Korea<), Editor's Choice
Irish times ******
The independent ****
NMZ shallplatten ******
Stereo *****
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Vague – 2003
(limited edition, only available in France and Belgium)

A selection of the most beautiful melodies of Anouar Brahem.

ffff Télérama




Le Pas du Chat Noir – 2002
(ECM 1792)
Anouar Brahem : oud
François Couturier : piano
Jean Louis Matinier : accordion

ffff Télérama
« Recommandé » Classica
« Choc » Jazzman
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Charmediterranéen – 2002
(ECM 1828)
Orchestre National de Jazz
Directed by Paolo Damiani
w/ Anouar Brahem and Gianluigi Trovesi
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Astrakan Café – 2000
(ECM 1718)
Anouar Brahem : oud
Barbaros Erköse : clarinet
Lassad Hosni : bendir, darbouka

***** The Guardian
« Recommandé » Classica
***** Stereo
***** Jazz Wise
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Thimar – 1998
(ECM 1641)
Anouar Brahem : oud
John Surman : bass clarinet and soprano saxophone
Dave Holland : double-bass

Preises der Deutshen Schallplattenkritik
**** The Guardian
ffff Télérama
« Recommandé » Classica
« CD of the year » Jazz Wise
**** Down Beat
« CD des Monats » Stereoplay
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Khomsa – 1995
(ECM 1561)
Anouar Brahem : oud
Richard Gálliano : accordion
François Couturier : piano, synthesizer
Jean Marc Larché : soprano saxophone
Béchir Selmi : violin
Pa-?lle Danielsson : double-bass
Jon Christensen : drums

**** Down Beat
**** The Guardian
« Choc » Le Monde la Musique
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Madar – 1994
(ECM 1515)
Jan Garbarek : tenor and soprano saxophones
Anouar Brahem : oud
Ustad Shaukat Hussain : tabla


« CD des Monats » Stereoplay
« Choc de l’année » Le Monde la Musique
« Die besten Aufnahmen des jahres » Stereoplay
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Conte de l’incroyable amour – 1992
(ECM 1457)
Anouar Brahem : oud
Barbaros Erköse : clarinet
Kudsi Erguner : nai
Lassad Hosni : bendir,darbouka

Sélection « meilleurs disques de l’année » Le Monde
« Los Mejores discos de 1992 » Ritmo
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Barzakh – 1991
(ECM 1432)
Anouar Brahem : oud
Béchir Selmi : violin
Lassad Hosni : percussions




Source :
Site officiel Anouar Brahem
http://www.anouarbrahem.com

English

Anouar Brahem was born in 20 th October 1957 in Halfaouine in the Medina of Tunis. Encouraged by his father, an engraver and printer, but also a music lover, Brahem began his studies of the oud, the lute of Arab world, at the age of 10 at the Tunis National Conservatory of Music, where his principal teacher was the oud master Ali Sriti. An exeptional student, by the age of 15 Brahem was playing regularly with local orchestras. At 18 he decided to devote himself entirely to music. For four consecutive years Ali Sriti received him at home every day and continued to transmit to him the modes, subtleties and secrets of Arab classical music through the traditional master / disciple relationship.
Little by little Brahem began to broaden his field of listening to include other musical expressions, from around the Mediterranean and from Iran and India… then jazz began to command his attention. « I enjoyed the change of environment, » he says » and discovered the close links that exist between all these musics ».

Brahem increasingly distanced himself from an environment largely dominated by entertainment music. He wanted more than to perform at weddings or to join one of the many existing ensembles which he considered anachronistic and where the oud was usually no more than an accompanying instrument for singers. A deepfelt conviction led him to give first place to this preferred instrument of Arab music and to offer the Tunisian public instrumental and oud solo concerts. He began writing his own compositions and gave a series of solo concerts in various cultural venues. He also issued a self-produced cassette, on which he was accompanied by percussionist Lassaad Hosni.

A loyal public of connoisseurs gradually rallied around him and the Tunisian press gave enthusiastic support. Reviewing one of Brahem’s first performances, critic Hatem Touil wrote: « this talented young player has succeed not only in overwhelming the audience but also in giving non -vocal music in Tunisia its claim to nobolity while at the same time restoring the fortunes of the lute. Indeed, has a lutist produced such pure sounds or concretised with such power and conviction, the universality of musical experience »

In 1981, the urge to seek new experiences became ever stronger and his departure for Paris, that most cosmopolitan of cities, enabled him to meet musicians from very different genres. He remained for four years, composing extensively, notably for Tunisian cinema and theatre. He collaborated with Maurice Béjart for his ballet « Thalassa Mare Nostrum » and with Gabriel Yared as lutist for Costa Gavras’ film « Hanna K. ».

In 1985 he returned to Tunis and an invitation to perform at the Carthage festival provided him with the opportunity of bringing together, for « Liqua 85 », outstanding figures of Tunisian and Turkish music and French jazz. These included Abdelwaheb Berbech, the Erköse brothers, François Jeanneau, Jean-Paul Celea, François Couturier and others. The success of the project earned Brahem Tunisia’s Grand National Prize for Music.

In 1987, he was appointed director of the Musical Ensemble of the City of Tunis (EMVT). Instead of keeping the large existing orchestra, he broke it up into formations of a variable size, giving it new orientations: one year in the direction of new creations and the next more towards traditional music. The main productions were « Leïlatou Tayer » (1988) and « El Hizam El Dhahbi » (1989) in line with his early instrumental works and following the main axis of his research. In these compositions, he remained essentially within the traditional modal space, although he transformed its references and upset its heirarchy. Following a natural disposition towards osmosis, which has absorbed the Mediterranean, African and Far-Eastern heritages, he also touched from time to time upon other musical expressions: European music, jazz and other forms.

With « Rabeb » (1989) and « Andalousiat » (1990), Anouar Brahem returned to classical Arab music. Despite the rich heritage transmitted by Ali Sriti and the fact that this music constitued the core of his training, he had in fact, never performed it in public. With this « return » he wished to contribute to the urgent rehabilitation of this music. He put together a small ensemble, a « takht », the original form of the traditional orchestra, where each instrumentalist plays as both a soloist and as an improviser. Brahem believes this is the only means of restoring the spirit, the subtlety of the variations and the intimacy of this chamber music. He called upon the best Tunisian musicians, such as Béchir Selmi and Taoufik Zghonda, and undertook thorough research work on ancient manuiscripts with strict care paid to transparency, nuances and details.

With « Ennaoura el achiqua » (1987), Brahem presented a performance of song, a result of his association with the poet Ali Louati. In this exploration of vocal music, he revealed a desire to reacquaint himself with its elaborate classical forms, such as the « Quassid », in the footsteps of Khemais Tarnane, Saied Derwich, Riadh Sombati and Mohamed Abdelwahab. « Ennaoura el achiqua », a marginal work, going against the grain, nevertheless had considerable impact on both press and public.

« Ennaoura el achiqua » was not to be his only incursion into the field of song. He would return to it from time to time, for film music or in association with a singer and often with the complicity of Ali Louati. For instance, he collaborated with Nabiha Karaouli whom he revealed to the public, Sonia M’barek, Saber Rebaï, Teresa de Sio, Franco Battiato and Lotfi Bouchnak, who sang « Ritek ma naaref ouin », composed in the spirit of an « imaginary folklore », and wich, by an ironic twist of fate, became extremely popular, a must for every wedding party!

In 1988, before an audience of 10.000 he opened the Carthage festival with « Leilatou tayer ». The newspaper Tunis-Hebdo wrote: « if we had to elect the musician of the 80’s, we would without the least hesitation, chose Anouar Brahem ».
In1990, he decided to leave the EMVT and embarked on a tour to the USA and Canada.
It was upon his return that he met with Manfred Eicher, the producer/founder of the German label ECM Records, and from the meeting resulted a fruitful collaboration that without a doubt marked an important evolution in his work. So far, seven albums have resulted from this association, received extremely well by the international press and the public.

The same year he chose to make his first record « Barzakh » with two outstanding Tunisian musicians with whom he had already established a close artistic relationship, Béchir Selmi and Lassaad Hosni. Considered by the German magazine « Stereo » as « a major musical event » this record confirmed his position as « an exceptional musician and improviser ».
In « Conte de l’incroyable Amour », recorded in 1991, improvisation was at the heart of the game and the tone was quiet different, due in particular to the remarkable presence of Barbarose Erkose and the expressive power of his clarinette, and to the Sufic inspiration of Kudsi Erguner’s nai. According to the « Monde », « the album unfurls around the poetic talent of Anouar Brahem’s lute. One follows him with delight around the subtle arrangement of the melody, the silences of the musical phrasing, accross the unspoken into oriental paths, in a poetry of light and delicate beats ». The same paper selected « Conte de l’Incroyable Amour » as one of the best records of 1992.

The same year, he was called upon to conceive and participate actively in the creation of the Centre for Arab and Mediterranean music in the palace of the Baron d’Erlanger at Sidi Bou Saïd.
In November 1993, he fulfilled a dream very dear to him for a long time: that of paying a worthy tribute to his master Ali Sriti, who for the occasion, agreed to return to the stage after having left it nearly thirty years earlier. Brahem set up « Awdet Tarab », a concert of traditional instrumental and sung music, at the Erlanger Palace. The Tunisian public will most certainly retain the indelible memory of the duos of the master and his pupil, accompanied by the voice of Sonia M’barek.In 1994 he recorded « Madar » with the Norwegian saxophonist, Jan garbarek and Pakistani master of tablas, Shaukat Hussain. The story of this record is simply told: Jan Garbarek, was impressed by Brahem’s first two albums and had expressed the wish to work with him. Brahem for his part, had admired the musician for years and shared the same wish. The meeting therefore came quite naturally, warmly encouraged by Manfred Eicher. Brahem and Garbarek were united in a common quest, that for an universal tradition. « Madar » constitues a strong statement on how the mingling of traditions can be achieved without harming the essence of each.

Anouar Brahem has composed the original scores for many films and plays, amongst which, « Sabots en Or » and « Bezness » by Nouri Bouzid, Ferid Boughedir’s « Halfaouine », Moufida Tlatli’s « Les Silences du Palais » and  » La saison des hommes » as well as for Iachou Shakespeare and « Wannas el kloub » by Mohamed Driss, « El Amel », « Borj El hammam » and « Bosten Jamalek » by the Theatre Phou. In « Khomsa » (1995), he picked up a few of these pieces which he had always dreamed of performing in a free, airy and purely musical manner « freed from the chains of images and texts » as he put it. He assembled an eclectic formation to perform this music, including Richard Galliano (accordion), Palle Danielsson (double -bass), Jon Christensen (drums), François Couturier (piano), Jean-Marc Larché (saxophone) and Béchir Selmi (violin). The sextet brought together by the composer, also featured on oud of course, is constantly being divided into solos, duos, trios, « hence the dominant and delicious impression of being on a motionless voyage full of secret passages, of novel tones, of suspended endings » as Alex Dutilh put it on « France Musique ». The british daily « The Guardian » declared that « Khomsa is one of the great records of the year. Brahem is at the forefront of jazz because he is far beyond it ».

Three years later Anouar Brahem was back in the studio to pick up where he had left off with Madar, passionately exploring that much further the orchestral form of the trio, but this time in a context wide open to the infinite variety of the « worlds » of jazz. Flanked by two monumental musicians, pillars of the ECM label for the last thirty years, John Surman the saxophonist and Dave Holland the double bass player, heralds of British free music in the late 60’s and since pursuing each his own highly particular and artistically perfectly coherent universe, Anouar Brahem ventured with infinite delicacy the refined poetry of his instrument at the « risk » of conceptions of improvisation far removed from his own universe. The result is in keeping with the challenge : Thimar is an outstanding success, a meditative and supremely musical work, permeated with intense poetry, where each piece is played in a contemplative atmosphere of extreme concentration, as if awake in a dream. In this recording, without for as much deviating from his personal aesthetic line, Anouar Brahem explores the « mysteries of jazz » to an extent he had never reached before. In Germany, Thimar received the « Preises der Deutshen Shallplattenkritik. It was named « Best jazz album of the year » by the English magazine Jazz Wise.

Astakan Café, his sixth album in 10 years for the Munich company, came out in September 2000, and to the inattentive listener it might seem, if not a work of transition then at least an introspective pause in Anouar Brahem’s career. This would be misreading this music of maturity, for although the oud player undoubtedly revisits the oriental and Mediterranean roots of his universe, it was undeniably with the added wealth of the imaginary and aesthetical journeys of his preceding albums. Playing once again for the occasion with his two most faithful partners, the clarinettist of Romany origin, Barbaros Erköse, and Lassad Hosni the Tunisian percussionist, Brahem drifts away on a wonderful intimate and eminently personal line, celebrating the syncretic spirit of Arab music, while enhancing his approach to improvisation and collective sound with the great all-embracing works, Madar and Thimar.

Today, Anouar Brahem is back with a surprising, atypical, and highly personal album. His most beautiful perhaps. Certainly his most ambitious. In a trio, again, with the pianist François Couturier, longstanding partner and, more unexpectedly, with the accordionist Jean-Louis Matinier, Anouar Brahem gives us with Le pas du chat noir a soothing, melancholy music, with a tone of exquisite refinement and whose formal balance is nothing short of miraculous.
Anouar Brahem is an artist who, while profoundly imbued with his Arab heritage, is unequivocably modern, well anchored in his times and headed towards the future. He is furthermore, an artist unperturbed by the clash of cultures. He has always enjoyed initiating meetings with musicians of different horizons: Jan Garbarek, Richard Galliano, Dave Holland and John Surman of course, but also Manu Di Bango, Manu Katche, Taralagati, Fareed Haque, Pierre Favre…, finding in each meeting the means of renewing himself while retaining his own identity. When questioned as to his inspiration, Brahem refers to  » the tree which, while rising above the ground and taking up more space, continues to develop and dig its roots deeper into the ground « , an image which quite obviously has references to Tunis, his native city, a multi-faceted city, rooted in its Arab-Moslem culture and nourished on its African and Mediterranean influences, a solar universe as it were, its traces always present in the artist’s work. In fact, he believes that a tradition which is unable to change and adapt is doomed to die. This is why he unhesitantly takes up challenges and opens his music to new forms of expression. « It would seem, » wrote Wolfgang Sandner in the « Frankfurter Allegemeine Magazine », « that the man from Tunisia has gone much further than many jazz musicians busily seeking out new music ».

From the French by Anne-Marie Driss





Source:
Anouar Brahem’s official website
http://www.anouarbrahem.com
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