Quartiers Lointains : Une Nouvelle Vague ciné

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Double ironique de « Quartier Latin », « Quartiers Lointains » dessine autrement la cartographie des pratiques cinématographiques -création, diffusion et réception. Porté par l’association Siniman Films, ce programme itinérant de courts-métrages voyage du Sud au Nord avec pour mission de « rendre le lointain plus proche ».

Une projection de Quartiers Lointains en France, sur le continent africain ou en Amérique, c’est une séance avec quatre films sélectionnés - un film d’animation, deux fictions, un documentaire, à la manière d’une anthologie sur « l’amour à la française », thème de cette esaison. Pour l’équipe de l’association Siniman Films, il s’agit d’interroger l’entre-deux que creuse une double culture, sans jamais en définir les territoires ni les modalités. Car ici, tout est à géométrie variable, on joue avec les étiquettes en les désorganisant - cinéma de banlieue ? courts-métrages intellos ? festival afro-quelque chose ? Ultime pied de nez - le parrain de cette esaison de Quartiers Lointains, est Melvin van Peebles, auteur de l’iconoclaste Sweet Sweetback’s Baadasssss Song…
Frottement des mondes
Tout au long de l’année, la journaliste Claire Diao, fondatrice de Siniman Films, arpente les festivals, du Fespaco à Ouagadougou aux Journées cinématographiques de Carthage, des Pépites du Cinéma à Génération Court en Île de France, en passant par le Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand. Des lieux multiples qui l’inspirent pour proposer une programmationqu’elle souhaite « déhiérarchisée, décloisonnée, spontanée « . À la poursuite de la polysémie, Quartiers Lointains crée des ponts entre les centralités et les périphéries - par sérendipité ou par goût -interrogeant les définitions admises du « lointain ».
En 2015, la 2e édition de ce programme de courts-métrages itinérant faisait la part belle aux réalisateurs africains, travaillant tout en finesse l’imaginaire des cartes et des langues avec des films en arabe (Tunisie), en français (Burkina), en anglais/zoulou (Afrique du Sud) et en portugais (Mozambique). Un lointain pour les diasporiques, aussi, précise Claire Diao : «  En Europe, les gens ont d’abord un lien « Western Union » avec l’Afrique. Mais la diaspora a moins peur de l’Afrique aujourd’hui. »
Mépris des modes
« Alice Diop, c’est la nouvelle Mariana Otero« . Pour Caroline Blache, collaboratrice de Siniman Films, « c’est ça la Nouvelle Vague du cinéma français » évoquant la programmation  : Vers la tendresse d’Alice Diop, Destino de Zangro, Le Sens du toucher de Jean-Charles Mbotti Malolo et Le Retour de Yohann Kouam. Malheureusement, cette Nouvelle Vague demeure lointaine tant qu’elle n’a pas été consacrée par la tout aussi lointaine Amérique, à l’instar de la réalisatrice Maïmouna Doucouré, récemment récompensée à Sundance ET à Toronto. Alors, si Quartiers Lointain crée du liant en dépassant le plafond de verre et autres « murs invisibles », Siniman Films espère néanmoins que sa prochaine tournée américaine à New-York, Minneapolis et Chicago attirera de nouveaux partenaires fi nanciers.
« Le culturel, c’est toujours politique« , dixit Claire Diao qui accompagne chaque projection et y recueille les impressions du public. Un spectateur ramène tout à « Daoud à Cologne », un autre réclame du « débat-bagarre après la projo », et puis un autre, venu grâce au dispositif scolaire du CNC (1) « Lycéens et Apprentis au Cinéma », voit et entend des acteurs et réalisateurs noirs. Et dépose un « – Moi aussi, je peux devenir… », une nouveauté énonciative à nos oreilles.

(1)CENTRE NATIONAL CINÉMATOGRAPHIQUE///Article N° : 13597

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Les images de l'article
Les réalisateurs et des acteurs de la 3e saison "L'amour à la française" de quartiers loitains © Ti-Lan Photographies





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