Avec le lancement de médias tels que Le Point Afrique, Le Monde Afrique, Canal + Afrique ou encore AfricaNews, filiale de la chaîne Euronews, le monde des médias français signale son appétence pour le continent. Est-ce à dire que l’Afrique passe pour autant aux oubliettes dans les rédactions traditionnelles ? Tour d’horizon des sujets culturels traités par Le Monde, RFI, Le Point et ARTE entre janvier et mars 2015.
Du 1er janvier au 31 mars 2015, Africultures a suivi les informations culturelles diffusées par quatre médias français que sont Le Monde (quotidien), Radio France Internationale (chaîne radiophonique), Le Point (hebdomadaire) et ARTE (chaîne de télévision).
Comme ces médias bénéficient d’une belle visibilité (plus de 300 000 tirages quotidiens pour Le Monde, 40.5 millions d’auditeurs réguliers pour RFI – dont 33,1 millions en Afrique en 2011, 476 000 tirages hebdomadaires pour Le Point et 87 millions de spectateurs européens pour la chaîne franco-allemande ARTE), l’objectif était de cibler une rubrique ou une émission culturelle en particulier et de décrypter la couverture des événements culturels africains, chers à Africultures, qui en est faite.
Pour cela, nous avons, chaque jour, lu les pages Culture du Monde (de 4 à 6 pages) et écouté l’émission Rendez-vous Culture de RFI (de 4 à 6 minutes (1)), puis, chaque semaine, lu les pages Culture du Point (12 à 14 pages) et regardé l’émission Tracks (52 minutes) consacrée aux contre-cultures et aux différentes formes d’art émergentes sur ARTE. Tous revendiquent une ouverture internationale, traitant aussi bien de l’actualité française que du reste du monde.
Il aurait été bienheureux de constater que l’Afrique est sur-représentée dans certains médias français qui lui font la part belle soit par affinité, soit par intérêt. Le bilan de cette analyse portée sur le premier trimestre 2015 demeure cependant amer : 1 sujet sur les 88 traités par l’équipe de Tracks (en musique, contre 35 sujets sur l’Amérique); 11 sur les 57 sujets mis en avant par l’équipe du Rendez-vous Culture de RFI (en danse, littérature, exposition, musique, théâtre et cinéma, contre 38 sujets Europe); 18 parmi les 399 articles de la rubrique Culture du Monde (cinéma, danse, exposition, musique, littérature contre 247 articles Europe) et 6 parmi les 203 traités dans les pages Culture du Point (littérature uniquement, contre 114 sujets Europe).
Entre janvier et mars 2015, 15 pays d’Afrique ont été traités par les quatre médias réunis : l’Algérie (5 fois); l’Afrique du Sud (2 fois), le Bénin (2 fois), le Burkina Faso (5 fois), le Congo (1 fois), l’Égypte (1 fois), le Ghana (2 fois), la Guinée (1 fois), le Mali (4 fois), la Mauritanie (2 fois), le Nigéria (6 fois), le Rwanda (2 fois), le Sénégal (2 fois), le Soudan (1 fois), la Tanzanie (1 fois).
Contre toute attente, les pays anglophones tiennent une place de choix dans ces couvertures médiatiques francophones puisque le Nigéria est le pays le plus mis en avant par Tracks (seul sujet africain, en musique) et Le Point (3 articles en littérature), à égalité avec l’Algérie du côté du Monde (4 articles cinéma) et le Burkina Faso pour Rendez-vous Culture (1 sujet danse et 2 sujets cinéma).
Lorsqu’on les interroge, les responsables de ces rubriques ou émissions ne considèrent pas sous-traiter les cultures africaines. Ainsi Aureliano Tonet, chef de rubrique Culture au Monde depuis trois ans, défend le fait que l’Afrique soit « un continent extrêmement dynamique avec une actualité forte à laquelle nous sommes très attentifs« . Reconnaissant que les attentats de janvier 2015 ont considérablement déstabilisé la rédaction et la couverture culturelle initialement prévue (annulation de spectacles et de déplacements; traitement des polémiques), Aureliano Tonet avance cependant que Le Monde « est, comme son nom l’indique, un quotidien porté sur l’actualité internationale, qui n’a jamais exclu l’Afrique de son champ de couverture. Bien au contraire : si je devais faire notre auto-critique, je dirais même que nous avons parfois tendance à sur-traiter l’Afrique par rapport à d’autres continents, comme l’Amérique Latine, l’Asie ou l’Océanie. Si nous y sommes à ce point attentifs, c’est parce que l’actualité y est forte, la création dynamique, et la proximité avec la France réelle, qu’elle soit historique, géographique, économique ou artistique. Il se trouve que nos journalistes entretiennent une vraie curiosité pour ce continent : Thomas Sotinel a été correspondant en RDC pendant des années, Véronique Mortaigne, Francis Marmande, Philippe Dagen, Fabienne Darges ou Patrick Labesse sont passionnés d’Afrique… »
Si l’on observe la couverture médiatique du Monde de janvier à mars 2015, c’est la danse qui, en nombre d’articles consacrés au continent, prend le dessus. Nuits blanches à Ouagadougou du burkinabè Serge Aimé Coulibaly (le 15 janvier) ; J’ai arrêté de croire au futur du congolais Andréya Ouamba et Samedi détente de la rwandaise Dorothée Munyaneza (le 24 janvier) et Exit/Exist du sud-africain Grégory Maqoma (le 23 mars). Côté cinéma, quasiment tous les films africains sortis en France entre janvier et mars ont été traités (Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (le 1er janvier), Révolution Zendj de l’algérien Tariq Teguia et White Shadow, tourné en Tanzanie par le réalisateur allemand Noaz Deshe le 11 mars), à l’exception de Alda et Maria de l’angolaise Pocas Pascoal, en salles le 14 janvier 2015, que le directeur de publication d’Africultures Olivier Barlet nous invitait à ne pas manquer. Le cinéaste algérien Karim Moussaoui et son moyen-métrage Les jours d’avant ont également bénéficié d’une belle mise en avant (le 4 février). Peut-être parce qu’il était en lice pour les Césars du cinéma français ?
Côté musique, le Mali a été mis à l’honneur : Songhoy Blues (le 26 mars) et Boubacar Traoré (le 5 février) et le Sénégal avec Faada Freddy (le 20 mars). Côté arts plastiques, seul l’artiste sénégalais Den (le 25 janvier), présenté dans une galerie parisienne, a eu droit à quelques lignes. Et côté théâtre, les comédiens ivoiriens Fargass Assandé (prix d’interprétation au Fespaco 2015 dans L’oeil du cyclone du burkinabè Sékou Traoré, NDLR) et Michel Bohiri (star ivoirienne de la série TV Ma Famille) ont été mis en avant à l’occasion d’En attendant Godot, pièce de Jean-Claude Fall présentée à Paris (le 24 mars).
La littérature africaine, hélas, n’apparaît dans les pages du Monde qu’à l’occasion de la disparition de l’écrivain André Brink qui a permis à la rubrique Carnet et aux pages Culture de fusionner grâce à l’hommage que lui a rendu Florence Noiville (le 10 février). Fort heureusement, le supplément Le Monde des Livres n’est pas passé à côté du Guinéen Tierno Monénembo (le 20 février), de la Nigériane Chimamanda Adichie (le 27 février) et du Mozambicain Mia Couto (le 6 mars).
Côté terrain, un seul journaliste, Thomas Sotinel, a été envoyé au Burkina Faso pour couvrir l’édition 2015 du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) fin février, début mars 2015. De sa couverture, ressort un axe très Timbuktu (Timbuktu retiré de la compétition, Timbuktu « au centre » du festival…) alors même que les critiques de cinéma africains décriaient cette tendance des médias occidentaux à vouloir placer le film aux sept Césars sur la plus haute marche du podium (2) : « Il est venu, a été vu et vaincu ! » écrit ainsi le critique de cinéma burkinabè Alcény Barry qui déplore « le traitement de la question islamiste et touareg » d’Abderrahmane Sissako (3).
Si l’on devait retenir un fil rouge « africain » des pages Culture du Monde de ce premier trimestre 2015, ce serait donc celui de Timbuktu, puisque le film aux un million d’entrées fait la Une du journal le 22 février 2015 sous le titre « Aux Césars, le plébiscite Timbuktu« . Et figure régulièrement dans la rubrique Box-office des pages Culture pour informer le lecteur de son incroyable ascension en salles.
Le lancement du Monde Afrique, inauguré le 6 janvier 2015, pourrait donner lieu à davantage de contenu made in Africa dans la version papier (à lire, l’entretien avec Serge Michel qui sera publié la semaine du 25 mai 2015). Même si, selon Aureliano Tonet, la solution demeure avant tout dans l’approche opérée par les journalistes eux-mêmes: « Il faut être curieux, et s’intéresser à ce que l’on ne connaît pas forcément : ouvrir les yeux, et, quand ce n’est pas suffisant, ouvrir les portes. Une partie de la solution consiste à varier le recrutement. Au Monde, nous avons la chance d’avoir des personnes qui, par leur histoire personnelle ou familiale, ont des liens forts avec l’Afrique ou avec d’autres cultures. La création du Monde Afrique, avec lequel notre service travaille en très bonne intelligence, va dans ce sens« .
Sur RFI, la couverture scénique n’est pas très éloignée du Monde puisque les spectacles chroniqués sont essentiellement joués en France : Nuits blanches à Ouagadougou (le 15 janvier), Samedi détente (le 22 janvier), et Tête d’Or (le 16 mars), pièce mise en scène par Jean-Claude Fall et interprétée par une vingtaine de comédiens maliens.
Mais c’est au contraire la musique africaine que la journaliste Sarah Tisseyre met à trois reprises en avant, parmi les 11 sujets traitant d’Afrique sur les 57 de l’émission quotidienne Rendez-vous Culture : le collectif israëlo-malien Touré-Raichel (le 26 février), le guinéen Ata Kak découvert par le DJ américain Brian Shimkowitz et son label Awesome Tapes from Africa (le 3 mars) et le ghanéen King Ayisoba (le 24 mars). Catherine Fruchon-Toussaint a quant à elle interviewé la fameuse et incontournable Chimamanda Adichie autour de son roman Americanah (le 30 janvier). Preuve que la langue anglaise n’est pas une barrière insurmontable pour un média français.
On s’étonnera cependant que la couverture médiatique de Rendez-vous Culture concernant l’Afrique soit calquée sur la France : ainsi la commissaire d’exposition et le président-directeur du Louvre Lens deviennent plus importants que les uvres égyptiennes présentées à l’occasion de l’exposition « Animaux et Pharaons » (le 5 janvier); l’oiseau migrateur Gus (le 4 février) « 100% français » migrant vers l’Afrique aurait pu donner lieu à une comparaison avec le long-métrage Drôle d’oiseaux, premier film sud-africain en 3D sorti en France en août 2013 qui traitait également d’oiseaux et l’île de Madagascar est éclipsée au profit de l’artiste français qui s’en inspire dans Et in libertalia Ego (le 23 février).
Pourquoi un média autant écouté par des auditeurs africains privilégie-t-il des sorties ou manifestations françaises pour parler d’Afrique ? « C’est un peu le grand écart que l’on nous demande de faire à chaque fois, répond Isabelle Chenu, chef du Service Culture à RFI. Parler de ce qui se fait en France, à Paris, capitale de la Culture, promouvoir la langue française, et puis, comme notre auditoire est en Afrique, repérer des artistes africains de passage à Paris que l’on invite, que l’on va voir… « .
La couverture d’événements se déroulant sur le continent a néanmoins lieu mais reste limitée : ainsi le journaliste José Marinho, de passage au Bénin pour le festival Dansons maintenant (le 2 février) a réalisé un reportage autour de l’exposition African Records à la Fondation Zinsou (le 5 février) tandis que Sébastien Jédor et Elisabeth Lequeret, en déplacement au Fespaco pour l’émission Tous les cinémas du monde (4), ont présenté ce festival de cinéma à l’heure du numérique (le 28 février) et en attendant… Timbuktu (le 4 mars).
Cette limitation s’explique d’une part par le fait que les neuf journalistes de Rendez-vous Culture travaillent pour d’autres émissions de RFI et d’autre part, par les contraintes budgétaires de l’émission même si Isabelle Chenu considère que « le Service Culture n’est pas mal loti. Nous avons les moyens de bouger un peu, un peu de place à l’antenne C’est parfois bien pire sur d’autres radios « .
Alors, pour mieux couvrir les événements culturels Afrique, la solution demeure peut-être dans le fait de » faire remonter les informations jusqu’à nous. Nous avons nos réseaux et Internet. Parfois, nous ne savons pas. Après, si nous savons, nous pouvons juger qu’il faut envoyer un correspondant car nous pouvons de temps en temps payer quelques piges (5). Il faut aussi que le directeur du Service Afrique soit sensibilisé au fait que l’auditoire pourrait être intéressé par des sujets Culture, pas uniquement par de la politique et de l’économie. C’est un vaste travail et je m’y emploie« .
Du côté de l’hebdomadaire Le Point, les pages Culture coordonnées par Christophe Ono-dit-Biot – lui-même écrivain (6) – sont majoritairement littéraires et essentiellement françaises, souvent tournées vers le passé (Samosate, la corruption sous la Ve République, la comtesse Grefulhe…) et la Seconde Guerre Mondiale.
Si la plume la plus prolixe du magazine s’appelle Julie Malaure, c’est à la journaliste Valérie Marin de la Meslée que revient le mérite de parler d’auteurs africains tels que les Nigérianes Chimamanda Adichie et Chibundo Onuzo, soulignant ainsi « L’Afrique anglophone, pépinière de talents » (le 5 février) ou le guinéen Tierno Monénembo à l’occasion de la sortie de son roman Les coqs cubains chantent à minuit (livre paru le 8 janvier, article publié le 19 février). Julie Malaure n’oublie cependant pas de citer l’Anglo-soudanais Parker Bilal et ses Écailles d’or (le 29 janvier) tandis que François-Guillaume Lorrain met en lumière le travail de l’Algérien Salim Bachi avec Le consul (le 5 février).
Pour Malick Diawara, rédacteur en chef du site Le Point Afrique lancé le 20 mars 2014 (lire l’entretien qui sera publié la semaine du 25 mai 2015), l’Afrique, au Point, n’est pas « un désert. En conférence de rédaction, les sujets sur l’Afrique ont commencé à monter et petit à petit, nous arrivons à ce que dans chaque numéro il y ait un sujet« . Mais le traitement culturel de l’Afrique est limité, même si les tribunes offertes à la suite des attentats de janvier 2015 ont donné la parole à nombre d’artistes africains tels que Kamel Daoud et Khaled Bentounès pour l’Algérie, Wole Soyinka pour le Nigéria, Souleymane Bachir Diagne pour le Sénégal, Tahar Ben Jelloun pour la Tunisie, Abderramane Sissako pour la Mauritanie, Alaa Al-Aswany pour l’Egypte et Leïla Slimani pour le Maroc.
Spécialiste de la contre-culture et des différentes formes d’art émergents, l’émission télévisée franco-allemande Tracks révolutionne chaque samedi soir (7) le petit écran. Créée en 1997 par le critique musical anglais Paul Rambali, l’émission est aujourd’hui pilotée par un binôme : David Combe et Jean-Marc Barbieux.
Au programme de cette émission, des fanatiques du jogging, des fétichistes de chaussettes, des adeptes de drones, des psychanalyses animées par une lettone, des surfeurs en eau froide, des seins dansants et… le musicien nigérian Orlando Julius (le 21 mars). Un seul sujet africain sur 88 pondus en alternance avec une autre société de production allemande entre janvier et mars 2015 ! » C’est lamentable « , avoue David Combe. Serait-ce à dire que l’Afrique n’a ni contre-culture, ni forme d’art émergente ?
Réponse numéro un : le problème des journalistes qui, à 95% n’ont pas regardé l’émission, voire ne savent pas écrire le titre TRACKS lorsqu’ils proposent des sujets. « Les journalistes qui connaissent l’Afrique ne viennent pas nous voir, affirme David Combe. Peut-être parce qu’ils pensent que ça ne nous intéressera pas, peut-être parce qu’ils pensent qu’ils ne sont pas légitimes. Nous avons souvent les artistes mais pas les journalistes qui parlent la langue et connaissent le terrain. Et nous ne voulons pas que le fixeur fasse le sujet à la place du journaliste« .
Réponse numéro deux : les sujets proposés. « C’est vrai qu’on ne vient pas nous voir, ou alors on nous propose des sujets tartes comme un défilé de mode à Abidjan ou des rappeurs au Sénégal – des sujets qu’on voit partout, renchérit Jean-Marc Barbieux. Ceux qui ont découvert les Staff Benda Bili ont démarré ici. Nous avons eu des sujets à Lagos, en Afrique du Sud ou sur le Black Métal sataniste en Algérie… Mais les sujets qu’on nous propose sont souvent liés à l’Alliance française dans le pays, une techno parade… Ce n’est pas ce qui nous intéresse. Mais ce n’est pas propre qu’à l’Afrique. Nous avons le même problème avec la Caraïbe et le Moyen-Orient« .
La porte est donc ouverte chez Program 33, la société qui produit Tracks, où les propositions passent directement par les assistantes plutôt que par des réunions d’équipe où » le mariole fait son intéressant et le timide, qui a peut-être une bonne idée, ne parle pas « . Car pour David Combe et Jean-Marc Barbieux, » si vous voyez que quelque chose est absent de l’image – c’est bien de le constater – mais dans une certaine mesure, il y a une part de responsabilité de tout le monde. Si à un moment donné, tout le monde se mettait à parler d’Afrique, demain ce serait branché et les chaînes s’y mettraient « .
Que faut-il donc conclure de ces trois mois d’analyse ? D’abord que l’Afrique est peu représentée et, majoritairement, par un prisme français – avouons-le même, parisien (présentation dans un théâtre, une salle de spectacles ou un musée parisiens). La redondance des sujets traités est un deuxième point : Chimamanda Adichie comme Timbuktu ont été abordés par plusieurs médias surfant sur le succès grandissant des uvres produites (plus de 500 000 exemplaires d’Americanah vendus pour Adichie, plus d’un million d’entrées pour Sissako).
Se pose alors la question du travail de recherche. Va-t-on vraiment sur le terrain chercher les artistes qui ont du mal à communiquer ou se contente-t-on de valoriser ce dont nos voisins parlent ou ce que les attachés de presse nous vendent bien ? Quand on connaît les difficultés de communication du terrain, il n’est pas étonnant que certains artistes demeurent inconnus du public international tout en restant abordables localement. Mais combien de rédactions ont les moyens d’envoyer leurs journalistes sur le terrain ? Et combien de correspondants s’intéressent à ceux que l’on découvrira demain plutôt qu’à ceux dont on parle déjà ? Comme le disent à juste titre les rédacteurs en chef de Tracks, les pigistes sont aujourd’hui » un peu des commerçants » et cherchent le sujet qu’ils pourront vendre, plutôt que l’originalité d’un contenu qui, méconnu des rédactions, pourrait ne pas être acheté.
Il n’est pas non plus étonnant de voir valoriser des artistes dans une logique commerciale : acheter un album, un livre, un ticket… La plupart des artistes font la promotion de leur uvre plus que l’explication de leur pensée. Ainsi se pose la grande question, chère à Africultures, de l’actualité. Doit-on parler des arts d’Afrique en les collant à un instant T commercial et donc profitable ou doit-on donner la parole aux artistes de façon intemporelle pour mieux l’analyser ? La question peut demeurer en suspens. Les artistes, eux, continuent de produire de façon viscérale, nécessaire, parfois même innée. Attendant qu’un jour quelqu’un les remarque. Et jalousant parfois (souvent ?) celui d’à côté. Qu’un média aura mis en avant et que d’autres se précipiteront de citer.
Claire Diao
(1) L’émission Rendez-vous Culture est diffusée sur les ondes de RFI du lundi au vendredi à 8h50 (8h50) et à 18h20 (en Afrique).
(2) Lire, à ce sujet, l’article de Claire Courbet sur Le Figaro : Le palmarès du Fespaco ignore superbement Timbuktu
(3) BARRY Saïdou Alcény, Timbuktu de Abderrhamane Sissako. Il est venu, a été vu et vaincu ! sur le blog de l’Association des critiques de cinéma burkinabè (ASCRIC-B), Faso Cinéma
(4) L’émission de 47 minutes Tous les cinémas du monde, animée par Elisabeth Lequeret et Sophie Torlotin est diffusée tous les samedis à 15h10 (TU), soit 17h10 (heure de Paris) et le dimanche, à 00h10 (TU) soit 02h10 (heure de Paris), sur RFI.
(5) Pige : budget alloué à un rédacteur en chef pour rémunérer des journalistes non rattachés à la rédaction.
(6) Christophe Ono-dit-Biot était malheureusement absent lorsque nous avons souhaité l’interviewer. Nous n’aurons donc pas son éclairage sur le traitement des pages Culture du Point.
(7) L’émission Tracks est diffusée le samedi soir à 23h sur ARTE puis en replay sur le site Arte.tv.///Article N° : 12945