Cinéma/TV

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Through the magic of cinema, History sheds the coldness of the historian’s pen, taking on an immediacy which gives it sensitivity. African filmmakers often use the character of the Tirailleur to evoke relations with the West. Hence, in Toubab bi (Moussa Touré, Senegal, 1992), the Tirailleur is a caricatural figure, who waxes lyrical about the harshness of the war, but who is proud to have fought in it. Torn between military pride, and the ingratitude of the torturer who forced him to wage war in the land of coldness and death, he illustrates the ambiguity of the relation with the…

Par la magie du cinéma, l’Histoire perd la froideur de la plume de l’historien pour trouver une immédiateté la rendant sensible. Les cinéastes africains utilisent souvent un personnage de tirailleur pour évoquer le rapport à l’Occident. Ainsi, dans Toubab bi (Moussa Touré, Sénégal, 1992), il est un personnage caricatural, s’étendant sur la dureté de la guerre mais s’enorgueillissant de l’avoir faite : déchiré entre fierté du combattant et ingratitude de ce bourreau qui l’a forcé à guerroyer au pays du froid et de la mort, il illustre l’ambiguïté de la relation à l’Occident, vécu à la fois comme rêve et comme…

De Okacha Touita

Resté pour cause de faillites successives des coproducteurs français neuf ans dans les tiroirs, ce film qui se déroule en 1957 durant la guerre d’Algérie peut sembler aujourd’hui hors de propos. Il n’en est rien, bien au contraire : sa capacité à se pencher de façon intimiste sur l’histoire algérienne fait partie d’un travail sur soi jamais obsolète dans un pays où les événements actuels découlent directement des idéalisations et des occultations. Les policiers du Cri des hommes, l’un Algérien l’autre Italien, sont tous deux supposés au service d’une France qui change peu à peu de visage avec l’appropriation des pouvoirs…

De Solveig Nordlund

On pouvait craindre le pire : un film réalisé par une Occidentale sur les enfants des rues au Mozambique d’après le roman d’un auteur à succès suédois. La surprise est d’autant plus grande : Comédia infanti, qui laisse l’enfant Nelio raconter sa dramatique histoire dans un Mozambique en guerre, est attachant sans verser dans le sentimentalisme, magique sans être niais, engagé sans brandir de pancarte et beau sans carte-postale. Tout tient bien sûr dans la manière de traiter le sujet. On retrouve dans cette écriture cinématographique quelque chose de Marguerite Duras : des plans lacunaires et incisifs centrés sur des détails signifiants, une…

De Jean Odoutan

Elle n’y va pas de main morte pour désigner son mari paysan : flémard, gagne-petit, ramasse-miettes… Il se démène pourtant pour trouver des solutions à leur misère, mais le taxi acheté à grands frais flanche tout de suite et le moteur utilisé comme moulin à farine rend vite l’âme… Barbecue Pejo est traité sur le mode du burlesque mais le rire est un tragique vu de dos : lorsque cette femme en finit par se prostituer pour nourrir sa famille, le film prend l’épaisseur qu’il avait du mal à trouver jusque là. Laurentine Milebo, qui a été longtemps à l’école du théâtre…

Entretien d'Olivier Barlet avec Jean Odoutan

Festival de Namur, octobre 1999

Votre film est frappant par, je dirais, le plaisir de la parole… En tant que chanteur, j’écris des paroles, et comme j’ai fait des études littéraires, j’aime bien jouer avec les mots. Accompagnées par des paroles, les images sont plus percutantes. Comme dans votre court métrage, le Réalisateur nègre, qui met en scène avec humour l’attente de comédiens pour un casting, on a l’impression que les rapports entre les gens sont basés sur les jeux de mots. Moi, je tourne tout en dérision : en dehors des images, l’humour demande des mots, des calembours. Le film juxtapose une sorte de comédie…

La disparition du ministère (puis secrétariat d’Etat) de la Coopération s’est effectuée à grand renforts de déménagements de responsables et de blocages de dossiers. La vieille séparation entre les anciennes colonies et les autres pays disparaît enfin, ouvrant à des logiques continentales, mais la fusion de la barque Coopération et du cargo Affaires étrangères laissait craindre un arrêt de l’aide aux cinémas du Sud. Reportage indiscret dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères.

De Guy Deslauriers

Dans le commerce triangulaire Europe-Afrique-Amérique, le 2ème moment, celui du transport des esclaves, était appelé  » le passage du milieu « . Pour l’illustrer, le cinéaste antillais Guy Deslauriers fait appel au récit d’un homme mais évite tous les écueils de l’exercice : plutôt que de représenter, il évoque. Utilisant force ralentis, flashs et images saccadées, il réfléchit plutôt qu’il ne montre. Le résultat est d’une grande qualité. Sa retenue dans le filmage des corps évite de les appréhender comme du bétail. Les détails suffisent à suggérer le tout et le spectateur recompose dans une émotion qui n’est plus sentimentalisme mais compréhension la longue…

De Malick Sy

Sous forme d’enquête journalistique, Malick Sy documente les dégâts causés par les médicaments vendus en toute illégalité dans les rues africaines en marge des officines de pharmacie. Non seulement il en dresse le constat, mais il explore les jeux d’intérêt d’un trafic qui arrange tout le monde : aussi bien ceux qui en tirent de substanciels bénéfices que l’Etat qui règle à bon compte un problème sensible – et qui de toutes façons est soumis au jeu d’importants groupes de pression (au Sénégal, les revendeurs sont tous Mourides). Tandis qu’à une grande échelle, de faux médicaments ou faux vaccins ont déjà…

De Monique Phoba et Emmanuel Kolawole

Décembre 89 au Bénin : Kerekou, après 17 ans de pouvoir autocratique et face au mécontentement populaire, convoque la Conférence nationale qui investira Nicephore Soglo. Avril 96: Kerekou revient au pouvoir, démocratiquement élu. Misant sur le document brut et sa force de témoignage, sans commentaires mais avec des encarts explicatifs, ce film saisit en accéléré la vie politique béninoise: discussions de café, blocages télévisuels, coups de théâtre, presse… Passionnant de bout en bout, il en dresse un constat amer mais lucide : au-delà des démagogies de tous bords et malgré les bégaiements de l’Histoire, un apprentissage se consolide, celui de…

De Monique Mbeka Phoba

Le mérite d’Un rêve d’indépendance est de nous raconter l’histoire autrement : alors que Thierry Michel jongle (brillamment) avec les archives dans Mobutu, roi du Zaïre, Monique Phoba prend sa caméra à l’épaule et va voir sa famille. Ce faisant, de documents d’époque en entretiens, elle essaye de répondre à cette question intime : qu’est donc devenue cette énergie oubliée des indépendances ? Et que symbolisait la fameuse chanson Indépendance Cha Cha, on a gagné ! La famille réunie décide de réveiller le souvenir du père, de son grand-père, qui était assistant médical (un Noir ne pouvait être médecin) :…

Festival engagé mobilisant bien sa population, Namur est toujours l’occasion de compléter ses lacunes et de rencontrer les cinéastes. Remarquablement organisé, il permet de découvrir les dernières productions francophones. C’est un film français attachant et personnel, Qui plume la lune ? de Christine Carrière, qui a raflé le bayard d’or du meilleur film, ainsi que ceux du meilleur scénario et du meilleur comédien pour Jean-Pierre Darroussin. Le jury où siégaient notamment le réalisateur algérien Merzak Allouache, le critique ivoirien Michel Koffi Kouamé et l’acteur béninois Tola Koukoui a décerné un prix spécial à La petite vendeuse de soleil de Djibril Diop…

De Moumen Smihi

Un enfant fuit la circoncision. Rattrapé, circoncis et choqué, il écoute les histoires de sa mère :  » Raconte, n’aie pas peur pour moi !  » Et la mère raconte une, deux, trois histoires particulièrement contemporaines : les mésaventures des enfants qui harcelaient un montreur de singe de la place Jemma El Fnaa de Marrakech (le mépris pour la tradition qui finit par se mordre le nez), les rendez-vous amoureux sur les remparts où fut tourné Othello d’Orson Welles à Essaouira (ou comment venger Desdémone), le pécheur qui rêve de capturer le monstre ferry-boat dans le détroit de Gibraltar (le drame de l’émigration)… Mais la…

De Balufu Bakupa Kanyinda (RDC)

Ascension et chute d'un tyran

Dans la mouvance du Damier, portrait allégorique du maréchal Mobutu, l’écrivain et cinéaste congolais, Balufu Bakupa Kanyinda a tourné un entretien avec le président gabonais Omar Bongo, base de Bongo libre, un documentaire présenté en compétition au Fespaco 99.

De Gahité Fofana

1994 à Conakry : les attaques en série d’une rare violence d’une cinquantaine d’adolescents terrorisent la capitale. On soupçonne des étrangers, mais ce sont de jeunes Guinéens que la police arrête, toutes ethnies confondues. Parce qu’il est retransmis jour après jour durant 8 mois à la télévision et passionnément suivi par la population, leur procès sera une extraordinaire leçon de droit et de démocratie. C’est ce qui avait surtout intéressé David Achkar dans Kiti : justice en Guinée. Fofana préfère dresser le portrait de Mathias, un des cinq adolescents qui seront condamnés à mort. Il s’efface devant la parole de chacun, malfaiteurs,…

Entretien d'Olivier Barlet avec Dani Kouyaté

Namur, octobre 1999

Le premier long métrage du Burkinabè Dani Kouyaté, Keïta l’héritage du griot, qui reprend la légende de Soundjata Keïta à travers l’imagination d’un enfant, a aisément conquis un jeune public. Il se défend pourtant d’avoir réalisé un film pour la jeunesse. Et de toute façon, cela serait-il souhaitable ?

Entretien d'Olivier Barlet avec Mustapha Dao

Les Contes animaliers du Burkinabè Mustapha Dao viennent de ressortir sur les écrans français dans la série Terres africaines (POM Films). Une bonne occasion de lui demander sa conception du cinéma pour la jeunesse.

à propos du cinéma new jack

« Elvis was a hero to most / But he never meant shit to me you see / Straight up racist that sucker was / Simple and pain / Motherfuck him and John Wayne / Cause I’m black and I’m proud […] / Fight the power / Fight the power … » (1)Qui a pu oublier cette fracassante ouverture – véritable morceau d’anthologie – de Do the Right Thing (Spike Lee, 1989) signée Public Enemy. Rarement une musique, un rythme, des paroles, avaient aussi bien épousé, et introduit, un film. Rien de surprenant cependant quand on connaît le cinéaste et sa passion…

Les Etats généraux du film documentaire de Lussas sont l’occasion chaque année de faire le point sur les productions documentaires.

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Notre ambassade à Cotonou © DR




De Thierry Michel

Mobutu : les partis pris du documentariste

Qu’est-ce qui fait du documentaire du Belge Thierry Michel, Mobutu, roi du Zaïre, un exercice magistral ? (sortie le 6 oct., cf critique de Jean-Servais Bakyono dans Africultures 19).

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