Fin 2013, nous avons commémoré, en France, l’anniversaire de la Marche pour l’égalité et contre le 30e le racisme.
D’octobre à décembre 1983, de jeunes femmes et jeunes hommes d’une cité populaire de Vénissieux dans la banlieue lyonnaise, ont pris la route, de Marseille à Paris, pour clamer leur appartenance à la nation française. « Nous sommes d’ici », répétaient-ils durant cette marche pacifique, provoquée par un ras-le-bol des violences policières et crimes racistes dont ils étaient victimes, en tant que « jeunes issus de l’immigration ».
Fils et filles d’une génération d’hommes et de femmes immigrés, ils sont, eux, nés en France. Leur Marche s’inscrit dans un combat antiraciste, interpellant le « vivre-ensemble ». Elle le renouvèle en mettant à jour la France plurielle. Et en cela, elle est un point de rupture et une composante essentielle du récit national.
Nous sommes tous héritiers de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. C’est la raison pour laquelle, tout en interrogeant l’écriture de l’histoire et les enjeux de mémoire de cet événement, Africultures a choisi de questionner les dynamiques artistiques et culturelles de ceux, stigmatisés sous le vocable, « fils et filles d’immigrés » ou « jeunes issus de l’immigration » ou encore « jeunes de banlieues », pour qui le « nous sommes d’ici » résonne dans leurs œuvres et leurs trajectoires. Et plus globalement d’interroger dans ce projet, qui ne peut être qu’une pierre d’un édifice plus conséquent, la portée fédératrice et révélatrice d’une société en mouvement, que traduisent ces œuvres et artistes.
Introduction
« Oui, les beurs n’étaient que de fausses idoles auxquelles on a cessé de croire dans une France retournée au fatalisme néo-libéral. Les acteurs sociaux d’hier [les militants beurs et « blacks »…