Cinéma/TV

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De Atef Hetata

Coproduit par Misr, la maison de production de Youssef Chahine, et Arte, voici un regard lucide et subtil sur le grand danger actuel de la société arabe et de toute société : la séduction exercée sur les jeunes par l’intégrisme. Nous sommes au Caire en 1990 et 91, en pleine guerre du Golfe. Un jeune de 15 ans, Mohamed, vit seul avec sa mère, Fatma. Son père a déserté pour se remarier avec une femme plus jeune, son frère aîné est allé combattre dans le Golfe. En présentant l’évolution du jeune Mohamed dans son intégration progressive de la violence intégriste,…

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Entretien d'Olivier Barlet avec Atef Hetata

Biennale du film arabe, Paris, juillet 2000

Qu’est-ce qui vous a amené à prendre l’intégrisme comme sujet ? Je voulais faire un film sur l’adolescence, et cela au Caire puisque c’est la ville que je connais. Le star-system du cinéma égyptien fait qu’il ne traite que très peu ce sujet. Je voulais également aborder l’influence politique et économique de la guerre du Golfe en Egypte, sujet également peu traité par le cinéma égyptien. Votre film montre à quel point les islamistes sont en phase avec les difficultés de la société. Je ne pouvais éviter ce sujet en parlant de l’adolescent. Ce n’est pas moi qui choisissais le…

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"Les Portes fermées" de Atef Hetata © DR
"Les Portes fermées" de Atef Hetata © D.R.




Cannes, mai 2000

Quelle est l’importance aujourd’hui de faire un film sur la tragédie de Lumumba ? C’est une histoire qu’il ne faut pas oublier, qui se passe à une époque charnière pour nos pays, pour l’Afrique en particulier. Il ne faut pas oublier que plus d’une dizaine de pays ont eu leur indépendance entre 60 et 61 : c’était une période d’énormes espoirs pour nos pays, et on voit dans quel état nous sommes aujourd’hui… Travailler sur cette période permet donc de comprendre beaucoup de choses, et notamment les intérêts qui continuent à être en jeu, les partis pris des uns et…

De Raoul Peck

Le nouveau film de Raoul Peck déroute ceux qui avaient pris l’habitude de sa froide écriture au scalpel sauvée par une plongée dans l’univers intérieur des individus. Ici, la volonté didactique domine. Mais elle ne tombe pas dans la propagande ou la radicalité. Peck développe à l’écran une détermination aussi forte que celle dont il fait preuve dans la vie – et débute son film par la mention écrite : « ceci est une histoire vraie ». Car il s’agit ici, à une époque où la lumière se fait sur les conditions de l’assassinat du leader congolais, de restaurer une mémoire, de…

De Melvin van Peebles

Les roublardises de Melvin van Peebles

Avec « Le Conte du Ventre Plein », un film jubilatoire présenté à la Semaine de la Critique et malheureusement sorti en salles en France le 28 juin (en début de pause estivale et donc en panne de public), l’Afro-américain Melvin van Peebles propose une nouvelle cuisine pimentée des rapports interculturels. Retour sur un film que nous ne voulions pas laisser oublier trop vite.

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Entretien de Sabrina Chemloul avec Meiji U Tum'si, actrice

Meiji, peux-tu nous parler de ton parcours, tes débuts avant d’être choisie pour jouer le rôle de Diamantine dans le Conte du Ventre Plein, le nouveau film de Melvin Van Peebles ? Le Conte du Ventre Plein est mon tout premier film, ma première expérience cinématographique. Auparavant, j’avais fait beaucoup de pièces de théâtre. J’ai commencé le théâtre au collège avec mon prof de français. C’est lui qui m’a vraiment donné le goût du théâtre. Avant d’être enseignant, il avait été comédien pendant 10 ans. Il trouvait que ses élèves étaient mous, ne se tenaient pas bien et s’insurgeait « vous n’avez…

Cannes 2000

Votre film n’est-il pas une poursuite de votre analyse impertinente de l’image du Noir dans nos sociétés ? Oui, il y a ça mais c’est avant tout un amusement : je mêle les choses que j’aime et qui m’amusent. Je fais du cinéma comme je fais la cuisine. Je n’ai jamais appris le cinéma à l’école. C’est une chance ! Et du coup, je ne m’arrête pas à des codes. J’invente des trucs pour servir l’histoire. Avec ce film, vous avez utilisé les ficelles du numérique mais aussi avec des trucages d’amateur qui fonctionnent finalement très bien. Oui, j’ai trafiqué…

De Hugh Hudson

Ce fut à Cannes le film de clôture de la sélection officielle Un certain regard : le nouveau film de l’auteur de « Kramer contre Kramer », « Greystoke ou La Légende de Tarzan ». Les sélectionneurs n’ont-ils donc pas un once d’esprit critique dans leur vision de l’Afrique ? Je m’attendais à être affligé, mais pas à ce point là… « L’Afrique est une terre bénie, vierge, mystérieuse et envoûtante », déclare le réalisateur qui poursuit : « Mais c’est aussi un pays impitoyable et sauvage ». Tout est dit : Kim Basinger, devant un paysage magnifique mêlant étendues sauvages et bêtes tout aussi sauvages s’écrie assise…

De Spike Lee

Il s’appelle Jésus. Sans doute pas par hasard. Toujours est-il qu’il joue assez bien au basket pour être courtisé par toutes les fédérations. Son père (Denzel Washington) sort de prison. Evénement heureux ? Pas sûr, puisque s’il est en prison, c’est pour avoir tué sa femme, la mère de Jésus… De plus, il est le jeu du Gouverneur : il croupira définitivement en prison s’il n’arrive pas dans la semaine à enrôler son fils dans l’équipe de basket de l’université d’Etat… On voit que le scénario ne donne pas dans la dentelle, mais avec un Spike Lee aux commandes, le…

De Marc Levin

Entre les mains du réalisateur de Slam, le sujet promettait : de jeunes Blancs rebelles d’un trou paumé vivent au rythme du gangsta-rap noir-américain – une façon de résister à un environnement où la crise économique accentue le sentiment d’enfermement. Comme dans La Haine, ces ados rappeurs dégurgitent un flot de paroles jargonneux pour se construire une identité de refus et de colère. C’est bien sûr agaçant mais cela aurait pu être intéressant car au fond ce qui gêne dans Whiteboys est plutôt le fait qu’en stéréotypant les personnages à l’extrême, Levin les caricature tellement qu’ils en deviennent carton pâte…

De Oussama Fawzi

La marginalité comme révélateur de la vie pour une société embourbée dans les conventions : le thème est suffisamment provoquant pour faire réagir. C’est le pari du Paradis des anges déchus ». Son programme semble même être le rentre-dedans : il s’agit de cultiver la transgression, et, pour en persuader le public, d’accumuler les hyperboles. Jeunes, putes et membres de la famille bourgeoise sont extrêmes, emblématiques d’une jeunesse, d’une dérive ou de la fixation d’une société. Il faut davantage pour faire l’épaisseur d’un film. L’argument, emprunté à Jorge Amado, joue la mort d’un marginal ancien bourgeois et l’affirmation de vie de…

Documentaire de Fatima Jebli Ouazzani

Une femme marocaine est partie avant que son père ne lui impose un mari :  » Je voudrais te dire ce que je n’ai pas pu exprimer il y a des années. J’avais peur, et cette peur tu ne l’as pas vue « . Un film à la seconde personne, une façon d’explorer son choix, une introspection. Dans la ville de son enfance, elle retrouve ses souvenirs mais aussi ses grands-parents. Moments édifiants de souffrances accumulées, de renoncements. Deux jeunes Hollandais issus de l’immigration marocaine qui viennent se marier au pays lui permettent d’évoquer ce à quoi elle a voulu échapper. Entremêlant subtilement ces…

De Jean-Marie Teno

Un jeune homme est accusé d’avoir volé une poule et quatre poussins.  » Tu as aussi volé mes canards ?  » Un lynchage se prépare. Cette scène de justice populaire sert à Teno de point de départ à une réflexion sur les inégalités dans le pays. Réflexion en boucle qui passera par le règlement intérieur du mari au foyer, découvert au dos d’un calendrier, une cérémonie de mariage où le maire insiste lourdement sur le fait que c’est le mari qui choisit la résidence du couple, une interview de Pius Njawé, rédacteur en chef du Messager qui fut emprisonné sans jugement pour avoir…

De Dieudonné Ngangura Mweze

 » Moderne, corrosif, revigorant et attachant  » : l’écrivain Henri Lopès, président du jury, n’y est pas allé par quatre chemins pour défendre le choix de Pièces d’identité pour l’étalon de Yennenga du dernier Fespaco. C’est effectivement une comédie bien jouée, rythmée et très humaine, qui a emporté l’adhésion du public de Ouagadougou. Les mésaventures de Mani Kongo, roi africain venu chercher au pays de Tintin sa fille dont il est sans nouvelles, sont l’occasion d’une description à la fois tendre et acerbe des Bruxellois autant qu’une ode à la dignité humaine face à cette mise en pièces de l’identité qu’est toute immigration.…

De Nadir Moknèche

Les femmes de « Le Harem de Madame Osmane », long métrage de Nadir Moknèche (Algérie/France 2000, 100 min.) font penser à ces femmes au bord de la crise de nerfs de l’Espagnol Almodovar. Et c’est d’ailleurs une Espagnole qui y jouait, Carmen Maura, qui en interprète (avec brio) le rôle principal. Le film ne joue pas dans la dentelle et ne ménage personne. C’est d’ailleurs ce qui fait sa valeur, outre le fait d’être très efficacement tourné. Seule concession pour obtenir les aides françaises : il est entièrement en français. A travers Mme Osmane, c’est « l’échec de nos projets depuis l’indépendance »…

La biographie de l’acteur, metteur en scène et réalisateur Sidiki Bakaba en p.25 du dossier Acteurs noirs (Africultures 27) ne rend pas compte de ses derniers rôles et créations. Depuis 1996, il a interprété Les Déconnards de Koffi Kwahulé (cf. critique dans Africultures 18 p.26 et entretien dans Africultures 19 p.45) qu’il a co-mis en scène et qui a obtenu le prix Unesco au Masa d’Abidjan en 1999. De 95 à 97, il a réalisé pour TV5 31 épisodes de la série Le Nord est tombé sur la tête ainsi qu’un documentaire en Côte d’Ivoire, Fête de génération Aboboté. Il…

Entretien d'Olivier Barlet avec Samba Félix N'Diaye, cinéaste

Paris, juin 2000

Le cinéaste sénégalais Samba Félix Ndiaye a été invité par Fest’Africa à réaliser un documentaire sur l’événement Rwanda 2000. Cela ne pouvait que lui poser crûment la question de la représentation des traces du génocide.

Réflexion d'un chef opérateur

L’homme à la caméra est confronté à la représentation. Le film l’expose lorsqu’il enregistre une vision du monde où la rationalité est bousculée par des croyances. De fait, il prend conscience du poids du pressenti, du ressenti et des visions prémonitoires et en libère une suite d’images. Cette vision du réel draine son imaginaire, fait aboutir le film à une transcription d’images tout autant réelles. Le support film s’affronte à la problématique du signifiant de la mort. Le film n’a pas fonction d’immortaliser la vie mais de la faire perdurer. Quand les gens s’exposent devant la caméra, ils savent que…

Entretien d'Olivier Barlet avec François Woukoache

Juillet/août 2000

Les lecteurs d’Africultures connaissent bien François Woukoache, pour avoir lu son interview dans le dossier  » L’esclavage aboli ?  » du numéro 6, à propos de son film Asientos. Alors qu’il était en partance pour Kigali pour une longue période, je n’avais pas encore pu voir Nous ne sommes plus morts, réalisé au Rwanda et présenté lors de l’événement Rwanda 2000. Il nous semblait cependant important qu’il trouve sa place dans ce dossier. Je lui ai donc posé des questions générales et nous avons complété par quelques questions par courrier électronique après vision de son film, dont on trouvera les réponses en fin…

De François Woukoache

 » Nous n’avons pas réagi, ou si peu, trop préoccupés à faire des films, trop loin.  » Les images terribles des corps enterrés au bulldozer hantent la télévision diagonale déjà vue dans Asientos. La même interrogation de mémoire. Comment filmer la traite négrière ? Comment filmer le génocide ?  » Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse « , écrivait Césaire. Woukoache choisit de filmer la vie. Sans contourner la douleur. A commencer par celle de ces jeunes qui demandent pourquoi personne n’a su lire les signes annonciateurs du génocide. Les questions s’alignent. Comment reconstruire la fraternité brisée ? Comment rêver d’un Rwanda nouveau ? Et…

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