Ostende est le troisième voyage en deux mois après Kinshasa et Avignon.
Ce sont presque les mêmes spectacles qui ont fait lever le drapeau congolais : Drums and Digging et Dinozord, avec en plus le Moziki littéraire de Papy, Fiston et moi.
Kinshasa reste la plus belle, une beauté d’intérieur, selon le lien qu’on a avec cette ville. Avec les garçons, on a lu, on a échangé, on a discuté avec le spectateur-lecteur de nos textes et c’est magique. Tous les préjugés ont été cassés sur les Kinois et la lecture
à Avignon, Samantha, incroyablement lu par Alvie Bitemo, m’a fait refaire le voyage tant désiré de Kinshasa vers l’ailleurs où je suis désormais et où ce n’est pas aussi extraordinaire qu’on le croit.
J’en ai souri de réaliser que des fois le chaos peut manquer, comme le tintamarre des klaxons, ou les jurons des personnes « sanguines » qui n’ont pas peur de la confrontation.
Et là, Ostende
Je voyage en talons hauts
Quelle idée en effet
mais j’aime cette sensation de hauteur.
Montréal en août se quitte facilement !
Et comme depuis quelque temps, je cultive la bonne attitude : la reconnaissance
c’est avec sourire que j’ai pris l’avion pour Ostende, invitée par le festival TAZ. Je ne parle pas un mot de flamand à part les basiques « Messieurs et mesdames », « bonjour » et « bon appétit »
Mais je pense avoir les mêmes lueurs dans les yeux face à la mer, la même fringale pour la nourriture, la même soif pour la bière et on peut dire avec ceci que tout va bien.
À Zaventem quand j’arrive, le passage est rapide : je suis toujours congolaise mais résidente de l’ailleurs et donc je fais désormais partie des « privilégiés » et candidate potable pour circuler dans les frontières du grand maître Schengen.
En plus je voyage léger, contrairement à ma couleur et à mon genre. Cliché ?
En tout cas, on dit que les noirs voyagent toujours chargés de toute leur vie (vivres, enfants, casseroles, autres ustensiles de cuisine, pilons, mortiers, nourriture, etc.) et quand c’est les femmes, c’est pire en termes de valises contenant vêtements et maquillage. Cliché !
Bref, l’accueil est chaleureux aux douanes belges, je passe très vite et je récupère plus vite encore ma petite valise de 12 kg. Dehors, pas de noko Paulo. Comment je fais ? Je prends ça relaxe et commence à observer les scènes d’arrivée, perchée sur mes sandales talons. Hum, on aime ça hein les talons
Une fille noire, en talons beaucoup plus haut que les miens, tellement haut qu’on peut voir l’étiquette du prix qu’elle a sans doute oublié d’enlever sur le bas de ses semelles, marche les yeux hagards vers le point d’arrivée. Elle est saucissonnée dans un jean extra-moulant – comme moi ? Si, si. Notre différence, elle a « ses cheveux » au vent, moi pas : mes cheveux ne sont pas du genre. Soudainement, ses yeux s’éclairent quand ils croisent ceux d’un mec grand et costaud qui sort aux arrivées
c’est pour lui tout ça !
Bon, bon. C’est peut-être son frère hein.
Mais où est noko Paulo ?
Un gars, l’air un peu perdu, me demande si je parle anglais, je lui dis tristement que non pour faire court
lui, dans un sourire, me dit que je suis vraiment « beautiful »
ok, ça fait du bien, après 6 heures de vol et de décalage, après avoir tenté de dormir sur un siège d’avion qui vous écrase votre afro
ok, c’est bon à entendre tout ça, mais ça ne me dit pas qu’est-ce que je fais finalement
noko
tu es où ?
Je me dirige vers les horaires de train sur Bruxelles, juste pour faire quelque chose. Je ne peux rester là passive. Et j’entends : Bibish
Mon seul oncle belge blanc est là. Yambi ! Ensuite, direction parking de Zaventem, direction Ostende.
Tout ce que je savais de Ostende était le fruit de Wikipédia
des mots, des comparaisons – « la reine des plages » – et tout.
Aujourd’hui, je l’ai vue, j’ai mangé dans sa plage, ses gens m’ont bousculé, d’autres, m’ont souri
et j’ai gardé cet état d’esprit tout le temps tellement ce que je vois, ce que je vis, est unique à mes yeux !
En marchant avec Patrick du KVS à la recherche d’une carte Sim pour être joignable, un gars sur son vélo me bouscule parce que sans doute je marche sur la piste cyclable. Patrick le hèle en flamand, l’autre – lâche et peureux c’est sûr – ne s’est jamais ni arrêté ni retourné et a continué de pédaler plus fort j’imagine. La peur ! Qu’est-ce qu’elle ne nous ferait pas faire ? Racisme, paternalisme, sexisme, capitalisme, terrorisme, tribalisme, masochisme. On fouine, on soupçonne, on juge, on condamne.
On a peur !
Pour continuer de voir les choses du bon côté, j’ai ri en disant à Patrick qu’au moins je suis « touchable » et que donc ce n’est pas du racisme. Disons de la colère, parce que j’étais sur « son » chemin à ce con
et des cons, y en a partout, au Canada, au Congo, en Belgique jusqu’à Ostende. C’est ça qui est ça dit l’autre. Et ça ne va pas m’empêcher de continuer d’être reconnaissante à la vie.
La distance Bruxelles/Ostende s’est donc vite fait, on est arrivé au bout d’une heure et demie. Parce que la chambre n’était pas prête. Et que le repas de l’avion s’était dissout ne me laissant qu’une grosse et rageuse faim. J’ai pu vivre de près « la » plage ! On y a mangé avec noko Paulo et on a parlé du « paternalisme », cette autre peur
Elle pousse certains administrateurs de groupes artistiques de payer les musiciens avec des peanuts et bloquer leurs passeports comme s’ils lui appartenaient. Elle pousse certains diplomates à faire des déclarations hostiles face au travail évident de leurs compatriotes. Elle fait naître de l’infantilisation et suscite des fois un manque de confiance vis-à-vis du « père »
C’est la peur !
La grosse partie de mon après-midi s’est écoulée dans une discussion avec Patrick sur toutes les peurs qui ont peur du nationalisme des congolais ou de ce qui pourrait s’y apparenter au Congo dit démocratique.
Tout ceci s’est clôturé, vers 9 heures le soir, avec de la purée de pomme de terre et de poisson assaisonnée de piment, devant le sourire contemplatif de Kathryn Brahy et noko Paulo avec qui on est allé visiter le bâtiment de la poste où il y aura les spectacles de danse et de musique.
Nous, on n’a peur de rien
On avait dit qu’on allait prendre le petit-déjeuner ensemble, Patrick, Bienvenu et moi, comme on séjourne tous dans le même hôtel.
Je n’ai vu ni l’un ni l’autre, et je meurs de faim, signe de bonne santé
Je me dirige donc vers une table, installe mon grand sac à main et fonce sur la nourriture. Quand j’ai presque fini, arrivent les garçons. On se lance dans de gros débats existentiels sur les arts et la politique. C’est comme une introduction à la rencontre que je fais cet après-midi à la bibliothèque.
Est-ce « raisonnable » de soutenir les artistes dans un contexte de guerre, cas du Congo dit démocratique ? Hum. La rencontre a lieu à 14 heures, on est dimanche, je ne parle pas un mot de flamand et on se demande si on va avoir du monde
Oui !
Des gens intéressés, qui comprennent parfaitement le français et avec qui j’ai trouvé agréable de parler de mon parcours artistique et de mon besoin d’exister en tant que tel. Des gens attentifs avec lesquels réfléchir sur les stratégies à mettre en place pour donner de la visibilité aux artistes congolais car ils sont la vraie richesse du pays qui rapporte des médailles et des mérites. Nos diamants ne nous ont apporté que des guerres et ça fait un peu trop longtemps que ça dure, concentrons-nous sur du « fiable » en investissant sur le capital humain
Ce capital, c’est un groupe de passionnés qui croient en ce qu’ils font et qu’ils veulent partager. Les Faustin Linyekula, Lokua Kanza, Freddy Tsimba ou Fiston Mwanza, Papy Mbwiti.
Des ambassadeurs de personne, des ministres de personne, des représentants de personne. Des passionnés !
Il a beaucoup été question de cela
Et d’autres choses
Comme le fait que l’Est du Congo est maintenant la capitale mondiale du viol et une mangeoire internationale bon marché
Comme le fait qu’il y a d’un côté les minerais et les professeurs d’université avec des salaires astronomiques, de l’autre des artistes dans leur passion avec des galères économiques pour créer, rêver, exister
Comme le fait qu’il règne un silence assourdissant sur les 1 500 viols journaliers au pays sans égard de la santé mentale de ces mères, filles, fillettes, gamines et aussi garçons
si, si
Il faut que le cynisme fasse place à l’optimisme, alors : inventons, créons, continuons !
Des passionnés je disais ? Des passeurs aussi, en même temps
À la fin de la rencontre, il y a eu la partie signature dans le « livre d’or », trace de mon passage à la bibliothèque d’Ostende, à côté de grands noms
Rester dans l’histoire de cette manière. « Alors on danse »
Le soir, avec le sourire d’avoir pu faire de belles rencontres et un témoignage différent de la télévision et des journaux sur la grande thématique du « c’est quoi le Congo », je m’en vais à la gare prendre le train pour Namur et visiter mon frère numéro un, sa femme et leurs six enfants, mes amours belges !
La famille, c’est la famille
Je ne sais pas pour vous, mais la mienne est tout simplement extraordinaire.
J’accuse un manque de sommeil que je ne rattrape que dans les trains et les avions. Le reste du temps, je veux tout voir, je veux échanger, je veux discuter, je veux manger, je veux rire, je veux contempler.
Pour s’être couché à 2 heures du matin, le réveil à Namur, à 7 heures, pour les grands qui ont des cours à rattraper cet été, c’est dur !
Mais aujourd’hui, on est un peu moins regardant sur l’heure, la joie d’être ensemble nous anime le plus
Shit ! Je dois quand même partir et vite. Gare, train, somnolence, lecture : je suis en train de siroter Hubert Aquin, auteur québécois, dans « Prochain épisode »
Changement de train à Bruxelles, et au bout de trois arrêts, j’arrive à temps à Ostende pour le déjeuner à midi.
Ce soir, spectacle de théâtre et c’est « surtitré » en français, j’ai hâte ! Ça se passe à l’édifice de la poste où il y a de superbes salles pour des représentations qui réclament une salle et tout ce qui va avec.
Les places, pour cette pièce, sont complètes depuis un mois, et malgré mon badge, pas de place. Jusqu’à ce que Patrick le terrible – c’est le surnom qui l’accompagne désormais – négocie en flamand que je puise assister à la représentation d’autant que je suis là pour tenir ce blog
C’est la raison évidente, officielle, tenue et apparente et ça marche. J’étais prête à m’asseoir même dans les marches mais il s’est trouvé une place pour moi.
Ce fut un délice !
La comédienne, auteure, pour le dire en québécois, a fait une prestation « malade », c’est-à-dire wow !!!!!!! Elle est restée en mouvement de corps, de mots, pendant une heure et dix minutes. Quand le spectateur arrive, elle l’accueille sur un tapis de course avec le sourire. Elle y est tout le long de la pièce, tantôt en danse, tantôt en talons, tantôt avec une hache ou une tronçonneuse pour dire les choses qu’elle déteste. Son écriture, directe, franche, sans détours, se donne. Son texte c’est de la pure générosité : une impression qu’elle vous prend par la main pour vous faire entrer dans sa vie en vous disant ce qu’elle a fait, ce qu’elle rêve de faire. Quand elle sera très vieille, avec des garçons de moins de 25 ans, le soir
Son laisser-aller dans le bus lors d’une crise de ballonnement
Comment elle gère ses flatulences
Les choses à supprimer de nos existences pour mieux vivre
À quel moment elle se sent le mieux femme, ou comment elle se sent bien femme même sans enfant
Ce qui la fait chier chez les hommes, avant, pendant, après l’amour
Les petits surnoms exaspérants qu’on lui donne
J’ai ri comme une baleine, j’ai acquiescé dans mon siège et j’ai compris l’autre raison pour laquelle Patrick le terrible voulait que je regarde Toestand
Merci « fieu » !
Voir cette course quotidienne de la vie et ce surplace dans sa gestuelle nous rappelle à quel point nos vies convergent, et aussi que nos souvenirs ne sont pas linéaires
Cette femme m’a rappelé moi.
Je me suis imaginée en train de dire son texte et elle, en train de dire « Samantha à Kinshasa » ou « Mes obsessions » ou « La fratrie errante » ou d’autres textes inédits avec mes mots
Chapeau bas !
L’équipe des Kabako est arrivée hier, on s’est vu au parc, siège du festival TAZ. Et donc ce matin, rituel du petit-déjeuner à l’hôtel où nous sommes tous logés.
Avec Véro, nous faisons des updates de tout ce qui s’est passé depuis la dernière fois qu’on s’est vu. Il y a eu Kinshasa, Avignon et là, Ostende. Que des news ! À la rencontre de 14 heures avec Faustin et Panaibra, on se questionne sur le sens de Bato Congo
« Bato », navire en lingala selon où se met l’accent tonique, « Bato », les gens
ça va bien ensemble. Et il n’y a qu’à voir tous les spectacles pour constater la richesse de la création quand les gens rêvent ensemble, construisent ensemble, partagent, se parlent.
Et on n’oublie pas la plage. Elle nous attire tellement qu’en y marchant, les pieds dans le sable, avec Véro, je fais tomber mon cellulaire, et ça me fait rire. Une dame nous le rend, et on se demande si on nous l’aurait rendu à Paris, ou à Kinshasa ? Oui, bien sûr, mon cellulaire n’est pas un téléphone intelligent, il ne fait pas le café, il émet des appels et il reçoit, pas de photos, caméra, Bluetooth, bref tout ce qu’il faut pour démotiver un voleur ou un intéressé
La dame parle français en plus, donc je peux continuer d’être joignable. Comme on meurt de faim – la bouffe, toujours la bouffe – on va à la grande place manger une salade et Véro, qui est la gardienne du temps, regarde sa montre sur son poignet et me rappelle l’heure à chaque fois
sauf qu’elle est à l’heure de Kinshasa, une heure en moins !!!! On est bonne pour simplement aller écouter les musiciens gambiens et belges qui nous embarqueront dans leur « bateau »
Deux spectacles de corps aujourd’hui
D’un côté, Dinozord, se raconte dans son nom de famille, Boyoka. Il raconte son parcours de combattant, emmuré dans un héritage creux et avec lequel il s’est fait tout seul, entre la rue, les gens, la danse et ses rêves !
Dans le bruit de Kinshasa, où j’ai vu en premier le spectacle, ce monologue dialogué ne m’a pas touché autant qu’ici où le silence s’impose toujours pour l’écoute. Dans une salle fermée, avec un public attentif, les sons et l’univers de Dinozord ressortent distinctement. Tandis qu’à Kinshasa, son bruit dans le bruit de la Halle, des voitures, du public qui commente, ce parcours revêt une signification différente pour moi. Comme avec leur réseau social, je dirais « j’aime » !
De l’autre côté, Panaibra raconte le parcours du Mozambique, avec son corps et tous les sons qu’il est capable de créer. Mes oreilles sont secouées par tous ses bruits qui me remémorent des « garde-à-vous », des « salut au drapeau » et surtout des bruits de bottes
La guitare est là pour me rappeler que je suis à Ostende, dans une poste utilisée utilement pour la correspondance culturelle entre ici et là-bas, et non pas en 1993 à Kinshasa, en plein pillages, ou 1997 en pleine prise du Zaïre par le congolais Laurent-Désiré ou plus récemment lors des dernières élections présidentielles
Si je m’amuse avec la combinaison des mots d’aujourd’hui : Boyoka Time and Space, dans un mélange lingala anglais, ça dit : « Écoutez le temps et l’espace »
faut le faire, parce qu’ils sont porteurs d’Histoire.
1990 au Mozambique, 1994 au Zaïre, 11 septembre, Tervuren, exposition de 1958, apartheid, mur de Berlin, Ceausescu, Goma, Palestine, « Haute Volta » ou Burkina Faso, « Yougoslavie », Rome, Hiroshima
« Écoutez le temps et l’espace » !
J’ai établi désormais ma routine, et donc le matin, à l’hôtel : petit-déjeuner ! Le buffet à chaque fois, du chaud, du froid, des fruits, du pain, des croissants, il y en a pour tous les goûts
les gros mangeurs du matin, les « ceux et celles qui veulent faire attention à leur tour de taille », les « je m’en fous je suis en vacances », il y a du tout !
Moi je suis dans un cadre de vacances, en mode travail et j’aime manger, donc je trouve toujours mon compte. Sauf que ce matin, je pense plus à mon 4 heures
enfin, une heure plus tôt, 3 heures cet après-midi.
Patrick le terrible m’a fait rencontrer le « Jan » – pas le directeur du KVS bien sûr – qui s’occupe de la radio du festival et qui va me recevoir cet après-midi pour parler culture et nourriture. Et donc j’y suis. On fait l’interview en français et à la fin, une surprise : à manger ! Des huîtres, et un autre poisson qui était super-bon aussi. En fait, Jan se disait que je n’aimerais sûrement pas et se gardera ses huîtres pour lui
n’avais-je pas dit que j’aime manger ? Belle et délicieuse découverte
Et hasard ? Cette rencontre m’a permis de compenser le spectacle d’aujourd’hui que je n’ai pu voir, « Si j’apprends à pêcher »
Oh à cause d’une histoire de navette, un peu comme celles qui relient Kinshasa à Brazzaville : pas à l’heure !
À la place, je me suis laissée éblouir par cet Ostende industriel avec sa plage vide et ses oiseaux qui côtoient les humains comme si ça toujours été comme ça. Y avait aussi les bunkers mais je les ai ignorés
Une après-midi somme toute surprenante et extraordinaire, qui m’a donné la joie de vivre et de danser le soir aux sons de Flamme Kapaya dans son show Banningville
C’est du lingala, du kikongo, et même un des dialectes kongo et tout ça dans une instrumentalisation comme seul Flamme sait en faire. De la guitare qui mène vers du « seben » kinois, mais aussi vers du métal, du rock
Dieu que j’ai dansé ! Pour célébrer la vie et le fait que je sois vivante.
Merci Kapaya.
Aujourd’hui est jour spécial. J’ai pris ma journée pour la passer avec les miens, qui ont fait le voyage depuis la Wallonie jusqu’en Flandres
C’était super ! C’est le seul mot que j’ai pour traduire cette joie, ce plaisir.
Rien de plus fort qu’une famille réellement unie et aimante. Wow !
C’était tellement bien que le soir j’ai raté le spectacle Drums mais que je vais revoir demain en après-midi heureusement, sinon j’aurai du mal à me pardonner moi-même. Faustin, sachant que j’étais avec le Mumbu numéro 1 et sa famille, a trouvé légitime ce moment de retrouvailles. Il connaît le sens de ce mot
Ah oui, Drums pour moi, c’est Kinshasa et Kisangani : Faustin, Véro, Patient, Papy Ebo, Rosette, Yves, Pasco et c’est tellement des souvenirs pour la Congolaise que je suis.
Mes neveux Jonathan et Trésor sont restés avec moi à mon hôtel et on a parlé et rigolé toute la nuit, c’est incroyable. Ils ont tellement grandi et c’est si bon de vivre tout l’amour qu’ils savent donner et que j’ai de manière exclusive. Je suis chanceuse !
À demain donc
C’est l’anniversaire de Véro aujourd’hui et elle joue dans la pièce de ce soir. C’est une femme extraordinaire et il n’y a rien comme l’intégrité qui fasse que les gens t’aiment et te défendent. Et elle, on l’aime vraiment
alors on lui a fait chacun des cadeaux et l’après-midi est ainsi passée
Et le soir : spectacle.
J’y suis avec mon cher neveu Trésor. Né, grandi en Belgique, vivant à Ostende et parlant flamand, la pièce est pour lui un beau voyage pour connaître le Congo autrement, raconté par Faustin et toute la bande. À Avignon, quand j’ai vu la pièce, il manquait quelque chose que je ne saurais dire, et je me suis ennuyée. Ce soir, en la regardant, j’étais heureuse, saisie par la main par les mots de Patient, Faustin, Véro, par les chants de Pasco et par la danse de Rosette, Papy et Yves. C’est comme s’ils se remémorent des choses entre eux et qu’ils nous convient à ces secrets de famille, d’Histoire, d’état, de ville et de pays
Les chants de Pasco répondent aux mots de Véro tandis que les mouvements des danseurs rythment avec les mots de Patient. Et puis, non, les danseurs vibrent avec Véro et Pasco porte avec son chant la construction silencieuse de Faustin, affairé à fixer on ne sait pas trop quoi. Un bateau ? Un tableau ? Mais qu’est-ce qu’il fait ? Ils sont sept corps dans une histoire qui se dévoile au fur et à mesure, qui fait mal, qui fait rire, qui fait trembler ou rager, c’est selon
Quand Véro se présente disant qu’elle est de la famille de Mobutu, mon neveu Trésor me demande : « Tantine, c’est vrai ça dit, hein, c’est vrai ? »
et à la fin de la traversée, j’ai droit à mon « libanga » dans la chanson de Faustin et là encore Trésor me demande « pourquoi il cite ton nom, tantine ? »
Alors je lui dis que ce sont mes amis, je les connais et leur histoire est vraie, réelle, véridique, ce n’est pas une fiction !
On se retrouve au siège du festival pour manger et célébrer l’amitié. Entre nous, avec les gens du KVS, avec les autres participants au festival, et on danse, on rit jusqu’à fatiguer. Demain tout le monde s’en va au grand matin
Pour moi, direction Montréal.
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