Nous assistons à une globalisation de plus en plus affirmée de la critique africaine (1). Il existe, au sein de cette critique, plusieurs tendances qui peuvent être regroupées en deux catégories : une critique ethnocentrée et une transculturelle (2). La première qui s’inscrit dans la lignée des travaux d’auteurs comme Janheinz Jahn (3) et Lilyan Kesteloot (4) valide les paradigmes de la spécificité et de l’authenticité dans le sens où elle part du principe selon lequel le texte africain est fondamentalement autre et sans commune mesure avec, par exemple, le texte français. La deuxième, représentée par des chercheurs comme Bernard Mouralis (5), dénonce la manière dont l’argument de l’africanité s’est constitué en paradigme critique et entend appréhender le texte africain comme on le ferait de tout autre notamment en insistant sur les liens intertextuels. Dans la concurrence qui oppose ces deux orientations, les circonstances ont longtemps favorisé la critique ethnocentrée. Cependant, le contexte actuel semble plus favorable à la deuxième orientation. En outre, de nombreux phénomènes invitent à penser que cette dernière se situe, en réalité, bien au-delà du cadre de l’interculturalité et tend à se faire globale. Je vais d’abord m’arrêter sur deux de ces phénomènes : l’extension du domaine de la littérature africaine entendue comme objet d’étude et l’émergence de nouveaux lieux de la critique. Je vais ensuite rappeler que cette globalisation de la critique africaine s’inscrit dans un mouvement général, celui du global turn.
« You can either embrace the change and move forward, or fight it, and be left behind »
The Flash
La définition des contours de la littérature africaine en tant qu’objet d’étude est marquée par les contextes de la naissance de cette littérature et de sa critique. La littérature africaine d’expression française est née expatriée de par sa langue d’écriture, ses maisons d’édition ou encore ses circuits de distribution et de consécration (6). Elle a d’abord un statut de contre-littérature au sein du champ littéraire français et une fonction de contre-discours (7). En tant que telle, elle est supposée soutenir les luttes politiques pour l’émancipation du continent (8). De plus, elle a rapidement l’ambition de constituer un champ littéraire autonome et, dans cette optique, elle fait de l’authenticité un critère de légitimation et des motifs de l’oralité et de la tradition les marques de la dite authenticité (9). Quant à la critique africaine à proprement parler, elle est, dans un premier temps, inexistante. Selon Bernard Mouralis, ce sont d’abord les écrivains eux-mêmes qui doublent leur travail littéraire d’un discours sur la littérature :
Les écrivains africains ne se contentent pas seulement en effet de produire des textes de fiction – poésie, romane, théâtre -, ils doublent constamment ces textes de fiction d’un discours critique dont la fonction principale n’est pas de prendre position sur des problèmes d’esthétique littéraire et les implications de l’écriture mais de dire ce que doit être la littérature africaine (10).
Or, il apparaît que ce discours met en avant les paradigmes de l’engagement et de l’authenticité. Une partie importante de la critique universitaire, notamment du fait de son engagement anti-colonialiste et de sa volonté de réhabiliter les cultures africaines, va par la suite entériner ces paradigmes. À cet égard, le titre du colloque de Yaoundé (16-20 avril 1973), Le critique africain et son peuple comme producteur de civilisation (11), parle de lui-même.
Les fonctions et le statut ainsi attribués à la littérature africaine vont informer la manière dont le corpus sur lequel la critique va se pencher sera déterminé. Celui-ci se caractérise, de manière paradoxale, par une définition à la fois large et restrictive du texte littéraire africain ; large dans la mesure où, le critère de la race l’emportant sur celui-ci de la géographie, ce sont tous les écrivains noirs d’expression française qui sont pris en compte ; restrictive parce que priorité est donnée à ceux d’entre eux dont le travail semble correspondre à l’idée d’une littérature authentique et engagée et dont les textes paraissent les plus littéraires. Lilyan Kesteloot écarte, sur ces bases, des auteurs comme Bakary Diallo « dont le roman Force-Bonté, paru en 1926, n’était qu’un panégyrique naïf de la France (12) « , les « ouvrages d’érudition de Paul Hazoumé, Maximilien Quenum et Dim Delobson, fort intéressants en soi, [mais]trop peu littéraires (13) » ainsi qu’une partie de la littérature antillaise « dénuée de valeur, parce qu’entièrement subjuguée par le prestige des uvres de la Métropole (14) « . Or, cette manière de procéder a pour conséquence d’enfermer le texte africain dans deux types de périphéries. La première se situe au niveau du champ littéraire mondial duquel l’orientation ethnocentrée exclue, d’emblée, la littérature africaine surtout lorsqu’on sait que d’aucuns considèrent que seuls les Africains disposent des moyens d’apprécier cette littérature (15). En outre, en insistant comme on le fait sur sa fonction de réhabilitation du continent, on tend à réduire le texte africain à un statut de simple document voué à apporter la preuve de la grandeur des valeurs africaines (16). La deuxième périphérie concerne le champ littéraire africain lui-même au sein duquel un certain nombre de textes sont écartés du fait de leur supposé manque d’authenticité ou d’engagement ou parce qu’ils appartiennent à des genres jugés peu nobles.
Ces deux périphéries sont progressivement déconstruites, d’une part, par des travaux visant à reconnaître le texte africain dans son statut de texte littéraire et à démontrer que la littérature africaine est partie intégrante de la littérature mondiale et, d’autre part, par l’attention que la recherche accorde désormais à ce qu’on pourrait appeler les contre-littératures africaines.
Les travaux de critiques comme Bernard Mouralis, Locha Mateso ou encore David N’goran constituent autant d’appels à approcher le texte africain comme on le ferait de tout texte littéraire. Dans son introduction à L’illusion de l’altérité, Bernard Mouralis rappelle ainsi que son travail n’est pas motivé par « une quelconque passion pour l’Afrique subsaharienne, mais simplement un intérêt intellectuel pour cette partie du continent africain, pour son histoire, pour le rôle qu’y joue l’écrivain comme acteur de la littérature (17) « . Dans le même ordre idée, il prévient que « la critique doit s’écarter aussi bien de l’éloge creux et pompeux que de l’agressivité systématique (18) « . Locha Mateso dénonce la croyance selon laquelle seuls les Noirs peuvent saisir le texte africain : « l’appartenance raciale ou géographique n’est pas un critère épistémologique valable » (19). Dans le fond, les deux chercheurs optent pour une approche scientifique contre des approches affectives et épidermiques. Quant à David N’goran, s’il démontre que la littérature africaine a donné lieu à un champ littéraire autonome, il indique dans le même temps que les motifs de l’oralité et de la tradition institués en critère de légitimation ne sont en rien exclusifs à l’Afrique. Ce ne sont justement que des motifs littéraires mobilisés par les écrivains dans le cadre de stratégies de positionnement comme d’autres l’ont fait avant eux (20).
L’affirmation de la dimension littéraire du texte africain favorise sa reconnaissance comme partie intégrante de la littérature mondiale. À titre d’exemple, elle amène à analyser, à nouveaux frais, les liens intertextuels que la littérature africaine entretient avec les autres types de littératures. Alors que, dans le cadre des approches ethnocentrées en particulier, ces liens étaient dépréciés car on y voyait les indices d’une tendance à l’imitation, au plagiat voire à la servitude, ils sont dorénavant valorisés. C’est ainsi que Désiré Nyela dans « La littérature africaine ou les paradoxes d’une métalittérature (21) » fait l’éloge du caractère multiple des sources d’inspiration des écrivains ainsi que de leur volonté de s’insérer dans « une filiation qui ne renvoie nulle part ailleurs qu’à la littérature (22) « . Un auteur comme Jean-Louis Cornille va plus loin qui relève non seulement les influences les plus visibles mais encore débusque celles qui se cachent entre les lignes (23). Anthony Mangeon démontre, dans Crimes d’auteur (24), que la pratique qui consiste à camoufler les influences est commune aux écrivains indépendamment des époques, des lieux voire des genres.
En inscrivant de la sorte les textes africains dans le réseau mondial des textes ces critiques suggèrent, d’une part, que les Africains n’écrivent pas dans l’isolement et, d’autre part, que loin de ne parler qu’à leur peuple, leurs propos intéressent tout un chacun. Autrement dit, ils affirment l’appartenance de la littérature africaine à la littérature mondiale dont David Damrosch affirme qu’elle se caractérise par le fait qu’elle soit postnationale dans sa conception et internationale dans sa réception (« postnational in conception and fully international in reception (25) »).
On note également que ces critiques, bien souvent, ne limitent pas l’exploration des liens intertextuels aux textes dits nobles. Dans Crimes d’auteur, Anthony Mangeon considère aussi bien les romans policier et de campus. Désiré Nyela poursuit son travail de rapprochement des esthétiques en étudiant le cas de l’appropriation du polar par les écrivains africains dans La filière noire (26). De plus, une attention plus importante est accordée aux auteurs qui publient en Afrique même là où les géants de la diaspora tendaient à composer l’essentiel du corpus d’étude (27). D’une manière générale, la critique africaine se penche avec un intérêt de plus en plus marqué sur les contre-littératures africaines. En préférant la notion de contre-littérature à celle de para-littérature, Bernard Mouralis entendait rappeler que la pratique qui consiste à classer les textes selon deux secteurs (haute littérature vs littérature de seconde classe voire non-littérature) repose sur des considérations arbitraires. Il regroupe, de ce fait, dans les contre-littératures l’ensemble des textes négligés par l’institution littéraire mais dont rien ne permet, sur le plan théorique, de prouver leur non-littérarité : bande dessinée, livre pour l’enfance et la jeunesse, roman policier, texte à l’eau de rose, proverbe, comptine, article de journal, petite annonce, affiche, enseigne de magasin (28) auxquels on peut désormais ajouter le texto, le tweet, le statut Facebook, etc. Les travaux d’Alain Sissao sur la littérature d’enfance et de jeunesse (29), le fait qu’une revue comme Africultures consacre un numéro à la littérature rose (30) ou encore l’organisation d’un colloque sur les réseaux sociaux (31) sont autant d’indices de ce que la critique africaine ne se focalise plus sur les textes des géants.
Dans un ordre d’idées similaire, l’intérêt grandissant pour les questions de l’intermédialité (32) vient donner davantage d’ampleurs à l’extension du domaine de la littérature africaine francophone en intégrant les autres types de médias « dont les arts, le téléphone, la télévision, l’ordinateur et l’internet (33) « . De plus, la notion d’intersection (Bernard Mouralis distingue l’intersection de l’intertextualité dans le sens où il y a intersection lorsqu’un texte résonne avec un autre sans que l’auteur l’ait recherché (34)) ouvre davantage de possibilités surtout lorsqu’on combine intersection et intermédialité.
Parallèlement à la manière dont elle rétablit le texte africain dans sa dimension littéraire et tient compte de son inscription dans tout un réseau de textes et de médias avec lesquels il communique, la critique africaine se diversifie elle-même en allant à la conquête de nouveaux lieux.
Les nombreuses études (35) qui se sont penchées sur les pratiques de cette critique dégagent au moins trois caractéristiques. Elles notent la prépondérance de l’orientation ethnocentrée. Elles relèvent que la critique se limite, le plus souvent, à un travail d’inventaire (36) comme en attestent les différentes anthologies ou d’histoire littéraire avec une insistance particulière sur les origines et la naissance de la littérature africaine (37). Enfin, elle se veut prospective et programmatique dans le sens où elle est animée par un souci constant de définir une sorte de cahier des charges censé déterminer, sur les plans épistémologiques et méthodologiques, « comment il faut lire, interpréter, comprendre ou juger la littérature africaine (38) « .
Cependant, dans les faits, les passages d’une époque à une autre, d’une région à une autre ou encore d’une méthode à une autre ne conduisent pas toujours, en termes d’habitus et de résultats, à des changements notables. À cet égard Bernard Mouralis note à propos des approches sémiotiques et postcoloniales :
Ces deux orientations peuvent paraître opposées dans la mesure où l’une entend se centrer sur le texte, considéré comme le seul objet de la recherche, tandis que l’autre propose une prise en compte du contexte d’énonciation de celui-ci. Dans la réalité, cependant, elles se rejoignent plus qu’on ne pourrait le penser a priori par la façon dont la plupart des chercheurs qui se réclament de ces orientations posent comme préalable à leurs analyses la nécessité du « théorique ». Or, ce qui est désigné par ce terme n’est bien souvent qu’une conception générale postulant que le texte étudié va présenter, en raison de son caractère « africain », un certain nombre de spécificités (39).
On le voit, parce que dominé par la sensibilité ethnocentriste, le discours critique tend à rester le même pour la raison qu’il est, dans le fond, prononcé à partir d’un même lieu, celui du militantisme. Tout se passe alors comme s’il s’agissait moins d’analyser le texte que de se livrer à une profession de foi. Néanmoins, de nouveaux lieux émergent et sont susceptibles de modifier ce qu’on pourrait appeler « l’intention critique« . Celle-ci était liée à une volonté de dire la valeur et l’authenticité de l’Afrique et de sa culture. Elle est de plus en plus animée, d’une part, par une sorte de libido sciendi dans le sens où la critique africaine tâche de se débarrasser de sa réputation d’activité militante pour s’imposer comme une discipline scientifique et, d’autre part, par cette volonté de convaincre de l’inscription de la littérature africaine dans la littérature mondiale.
Un certain nombre d’initiatives constituent autant de preuves de cette tentative de renouvellement de l’intention critique. Des auteurs naguère négligés sont sortis de l’ombre. David Murphy attire ainsi l’attention sur l’importance d’un écrivain comme Lamine Senghor (40). Des personnalités, comme Yambo Ouologuem, sont réhabilitées. On se rappelle que d’abord couronné du prix Renaudot, Le devoir de violence (41) avait ensuite été victime d’une accusation de plagiat (42) et condamné pour avoir terni l’image de l’Afrique (43). Dorénavant, la critique insiste davantage sur la dimension créative de la pratique de l’emprunt (44) et sur la force et l’audace du discours subversif (45). Mieux, Yambo Ouologuem est élevé à la figure de nomothète dans le sens où son uvre « constitue le point de départ d’un « nomos spécifique » dans le vaste champ du discours portant sur l’objet africain (46) « . En outre, des textes sont relus dans une perspective de déconstruction des critiques ethnocentrées. Christiane Ndiaye, par exemple, démontre que les lectures qui voient en Kourouma le chantre du « vraiment africain (47) » du fait de la manière dont il « malinkinise » la langue française manquent l’essentiel du travail de cet auteur. En l’occurrence, elles passent à côté d’une « stratégie de dévoilement des rhétoriques fallacieuses destinées à rendre sensé l’insensé (48) « .
Parallèlement le discours sur la littérature se renouvelle également avec les prises de position, entre autres, de Kossi Efoui (49), Abdourahman A. Waberi (50), Alain Mabanckou (51) et plus largement des signataires du manifeste « Pour une « littérature-monde » en français (52) « . Contrairement à leurs aînés qui s’accommodaient des paradigmes de la spécificité et de l’authenticité et de la mission de valorisation des cultures africaines, ces auteurs refusent l’étiquette d’écrivain africain pour revendiquer celle d’écrivain tout court (53). Ils n’hésitent pas à mettre en avant leur situation d’écrivain voyageur aux identités multiples ou à vanter le caractère protéiforme de leurs héritages littéraires. De plus, ils ne se contentent plus de dire ce que doit être la littérature. Ils entendent également jouer un rôle dans la définition des orientations de la critique. À tout le moins, ils ne comptent pas laisser aux chercheurs le soin de définir leur statut, de leur attribuer des étiquettes et encore moins de les enfermer dans telles ou telles fonctions :
Efoui assène que « la littérature africaine n’existe pas ! » et fustige une approche sociologique, historique ou anthropologique des uvres. « L’écrivain africain n’est pas salarié par le ministère du tourisme, il n’a pas mission d’exprimer l’âme authentique africaine ! Je suis contre ce type de complots, de récupérations, je n’aime pas entendre un critique sortir d’un spectacle de Sony Labou Tansi en disant que c’est « trop intellectuel » pour être du théâtre africain ! Ni entendre un autre affirmer que les auteurs africains font fausse route en s’inspirant d’Eschyle ou de Shakespeare ! Comprenons une fois pour toutes que nous n’avons pas de parole collective ! Nous ne devons allégeance à personne ! Méfions-nous des crispations identitaires, elles constituent un réservoir où puise la mondialisation ! La meilleure chose qui puisse arriver à la littérature africaine, c’est qu’on lui foute la paix avec l’Afrique ! » (54)
Or, il suffit d’observer le nombre des références aux propos de ces écrivains dans les écrits scientifiques ou encore l’importance des colloques et des publications auxquels le manifeste a donné lieu, pour s’apercevoir que cette nouvelle orientation du discours sur la littérature à un impact certain sur le discours critique et plus particulièrement sur son orientation transculturelle (55).
Au-delà de la parole universitaire et de celle des écrivains, il existe d’autres lieux de la critique qui ne peuvent plus être négligés : rencontres associatives, blogs littéraires, forums de discussions sur Internet, clubs de lecture, etc. Bien entendu, ces lieux sont très hétéroclites et on y défend aussi bien l’orientation transculturelle que la tendance ethnocentrée. De plus, on y rencontre non seulement des amateurs de la littérature africaine mais aussi des écrivains plus ou moins confirmés comme des étudiants et des enseignants-chercheurs. Mais c’est justement cette diversité qui les rend particulièrement intéressants. En effet, ils permettent à l’ensemble des acteurs et aux différentes visions de se rencontrer et d’échanger. L’émission Les lectures de Gangoueus (56) diffusée par Sud Plateau TV est, sur ce point, remarquable. Réassi Ouabonzi, informaticien de profession, invite des écrivains à discuter de leurs uvres avec des blogueurs passionnés de littérature comme lui et des universitaires. Cette émission rassemble ainsi, sur un même plateau, au moins trois lieux de la critique : une critique qu’on pourrait dire dilettante – mais qui tend à se professionnaliser au fur et à mesure que le métier rentre – représentée par l’animateur et ses amis blogueurs, la critique des écrivains et celle universitaire avec des interventions d’enseignants-chercheurs comme Virginie Brinker, maître de conférences à l’Université de Bourgogne.
La multiplication des lieux de la critique et l’extension du domaine de la littérature africaine interviennent dans un contexte marqué par le global turn. Cette configuration rend la globalisation de la critique africaine non seulement opportune mais également nécessaire.
Les sciences humaines et sociales, dans leur volonté de mieux saisir les phénomènes liés à la mondialisation et de prendre acte de la manière dont la frontière spatiales et temporelles sont poreuses (économies transnationales, conflits globaux, créolisations des cultures, histoires connectées, concordance des temps, etc.), optent pour des approches globales (57). Cette tendance émerge d’abord dans l’espace anglophone avec le développement de la world history et des postcolonial studies dans les départements d’anglais. Elle finit, après quelques réticences, à gagner l’espace francophone avec l’intérêt de plus en plus marqué en France pour l’histoire mondiale à partir des années 2000 (58) et l’application des théories postcoloniales dans les départements de French Studies (59) d’abord puis dans les universités françaises notamment après une série de débats et de publication de numéros spéciaux sur la question de la pertinence de ces théories (60) dans les années 2005-2006.
Concernant le domaine littéraire, la question de la globalisation des pratiques et de l’intégration d’espaces littéraires habituellement minorés qui agitait déjà la littérature comparée (61) prend une autre ampleur avec l’intérêt porté au concept de littérature mondiale par des chercheurs comme David Damrosch (62), Franco Moretti (63) ou encore Jérôme David (64). Les études littéraires entendent saisir le fait littéraire en se situant au-delà des cadres nationaux. Dans le domaine francophone, de nombreuses initiatives vont dans ce sens dont le programme « La mondialisation des littératures » initié, entre autres, par Anthony Mangeon, Maxime Del Fiol et Marie-Ève Thérenty à l’Université de Montpellier (65). D’une manière générale, la critique française ¬- entendue comme critique de la littérature française – vit de profondes transformations. Cela se traduit par la manière dont elle s’ouvre aux littératures francophones au niveau des French Studies (66) mais aussi dans les universités françaises avec la mise au concours ces dernières années de quelques postes fléchés « francophonie » dans la section 9 du CNU.
Cet effort d’ouverture est aussi l’occasion pour la critique française de revoir ses habitudes et en particulier de mettre en cause le statut de référence centrale jusque-là reconnu à la France et à sa littérature. C’est ainsi qu’un projet comme French Global se propose de mettre en relief les dialogues dans l’espace francophone :
Dans ce volume, nous avons choisi d’analyser non pas la nation ou le modèle du domaine littéraire comme lieu de conflits pour la domination – ni même l’idéal de la liberté hérité des Lumières – mais plutôt les points de contact ainsi que les multiples dialogues qui fondent et animent l’espace littéraire, y compris avec l’histoire, la philosophie, la politique, la religion et la géographie ; celles-ci ne sont pas extérieures à la littérature mais font partie intégrante de sa conception et de son histoire, du Moyen Âge jusqu’au vingt-et-unième siècle. (67)
De même, les différentes contributions tâchent de rejeter les visions hiérarchisantes de la littérature, par exemple, en accordant une place conséquente à la littérature féminine (68). Néanmoins French Global reste travaillé par une vision élitiste du littéraire : si on s’ouvre aux autres espaces, on retient surtout les grands noms comme Assia Djebar, Natacha Appanah ou encore Yves Beauchemin. Tout se passe, de ce fait, comme si on travaillait à l’établissement d’une Pléiade transnationale, comme si l’attention accordée à la nécessité de traverser les espaces et les temps amenait à perdre de vue que le système littéraire comprend d’autres frontières dont celles des genres ou encore des types de médias.
Le principe d’une histoire littéraire intégrée que développe Anthony Mangeon pallie cette lacune. En effet, Mangeon invite à déconstruire « une série de partages implicites et hiérarchiques : entre littérature et non-littérature ; auteurs, textes et genres majeurs ou mineurs ; centre et périphéries ; supports nobles et prestigieux ou, au contraire, secondaires et disqualifiants (69)« . Il adopte ainsi une vision plus compréhensive et véritablement globale du système littéraire français à même de tenir compte des différents types d’inégalités qui le caractérisent, des jeux de connections qui le constituent, des canaux et médias à travers lesquels il se réalise – « radiophonie, disque, lecture publique ou livre enregistré, théâtre,
(70) » – ou encore des rapports qu’il entretient avec les histoires nationale et coloniale.
Ces différentes initiatives reposent néanmoins sur un impensé. Si elles accordent une place non négligeable aux littératures francophones et à la littérature africaine en particulier, elles sont surtout pensées à partir de la littérature française : « La question fondamentale qui sous-tend ce volume est donc de savoir s’il est possible de relire toute la littérature française, du Moyen Âge à nos jours, dans une perspective globale ou mondiale (71) « . Dès lors, les autres types de textes sont surtout convoqués en vue de supporter le texte français, d’apporter des éléments susceptibles d’en éclairer la lecture. Le principe n’est en soi nullement illégitime, bien au contraire, on ne peut qu’espérer qu’il se généralise. On notera toutefois que, dans ces conditions, le phénomène de circulation des textes est à sens unique : du Nord vers le Sud, de Paris vers la francophonie, de la littérature française vers les littératures francophones, des textes canoniques vers les genres et formes plus périphériques. Certes, la relecture de la littérature française ainsi initiée donne lieu, ça et là, à des renouvellements des approches des textes francophones (72). Il n’est reste pas moins que ces derniers requièrent davantage que des « bénéfices collatéraux« . Ils demandent que leurs études soient également repensées en profondeur. Cela est d’autant plus indispensable que les approches des littératures francophones ne sont pas les moins compartimentées dans le sens où les spécialistes de telle ou telle région s’intéressent peu aux productions des autres (73) ni les moins ethnocentrées.
Pour ces raisons, la globalisation des critiques francophones est une nécessité. Concernant le cas particulier de la critique africaine, il convient donc de ne pas négliger les indices qui vont dans ce sens. À cet égard, les travaux d’un Achille Mbembe sur l’afropolitanisme (74) ou d’une Léonora Miano sur l’afropéanisme (75) sont de première importance. Ils présentent l’intérêt de rappeler que le global turn ne concerne pas moins les études africaines. En effet, l’afropolitanisme insiste sur la dimension cosmopolite de l’Afrique du fait de mouvements internes mais aussi des rencontres avec les autres continents et l’afropéanisme attire l’attention sur la nécessité pour les Noirs de la diaspora et plus particulièrement ceux de France – mais également pour les pays d’accueil – d’embrasser le caractère forcément hybrides de leurs identités. Les deux notions disent le refus de la racine unique et prennent acte de la présence de l’ailleurs dans l’ici et de l’ici dans l’ailleurs. Elles démontrent que l’Afrique et les Africains ne se contentent pas de subir la mondialisation et la créolisation des cultures mais les orientent également. L’afropolitanisme et l’afropéanisme viennent, de ce fait, supporter les positions des Kossi Efoui, Abdourahman A. Waberi et autres Alain Mabanckou pour pousser la critique africaine à se départir de l’orientation ethnocentrée. Des publications comme Les nouveaux visages de la littérature africaine (76) et La littérature africaine francophone. Mesures d’une présence au monde (77) et l’organisation de rencontres comme Panafricanisme, cosmopolitisme et « afropolitanisme » dans les littératures africaines (78) semblent apporter la preuve que cette globalisation de la critique africaine est bien entamée.
J’ai voulu attirer l’attention sur le fait que la critique africaine n’échappe pas à l’attrait actuel des sciences humaines et sociales pour les approches globales, les pratiques du décentrement et la déconstruction des visions hiérarchisantes. Bien au contraire, un certain nombre d’éléments autorisent à penser que nous nous dirigeons vers une critique africaine globale dont il s’agit de préciser les contours. D’ores et déjà, on peut noter qu’elle se caractérise, d’abord, par une intention critique qui prend sa source dans la tendance que Josias Semujanga désigne par la « critique transculturelle (79) » pour l’opposer à l’orientation ethnocentrée qui a longtemps dominé les études de la littérature africaine francophone. En tant que telle, elle voit dans l’Afrique et sa littérature une région du monde et un discours sur ce dernier et non pas des ailleurs indiscutablement autres. Dans cette optique, la critique africaine globale redéfinit la littérature africaine comprise comme objet d’étude en vue de tenir compte de la manière dont le texte africain s’inscrit dans un réseau de textes qui comprend l’ensemble de la littérature mondiale et des contre-littératures mais aussi les autres types de médias. Enfin, elle accorde une attention particulière aux autres lieux de la critique que sont par exemple le discours sur la littérature tenu par les écrivains et les contributions des blogueurs et du monde associatif. Il est certain que cette critique rencontrera bien des résistances comme cela a été le cas de toutes les disciplines engagées dans un processus d’ouverture des pratiques et d’intégration d’objets nouveaux. Je ne doute pas qu’elle saura également répliquer que, dans la configuration actuelle, l’ouverture représente moins un danger qu’une démarche salutaire (80).
(1) Par « critique africaine », je fais référence, ici, à la critique de la littérature africaine francophone indépendamment de l’origine des chercheurs.
(2) Josias Semujanga, « De l’africanité à la transculturalité : éléments d’une critique littéraire dépolitisée du roman », Études françaises, vol. 37, n° 2, 2001, p. 133-156.
(3) Janheinz Jahn, (1958), Muntu. L’homme africain et la culture néo-africaine, Paris, Seuil, 1975.
(4) Lilyan Kesteloot, Les écrivains noirs de langue française. Naissance d’une littérature, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 1963.
(5) Bernard Mouralis, L’illusion de l’altérité. Études de littérature africaine, Paris, Honoré Champion, 2007.
(6) Khatarina Städtler, « La Négritude en France (1940-1950). À propos d’un champ littéraire colonisé en exil », dans Romuald Fonkoua, Pierre Halen (dir.), Les champs littéraires africains, Paris, Karthala, 2001, p. 193-209.
(7) Bernard Mouralis, Les contre-littératures, Paris, PUF, 1975.
(8) Lilyan Kesteloot, Les écrivains noirs de langue française, op. cit., p. 19.
(9) David N’goran, Le champ littéraire africain. Essai pour une théorie, Paris, L’Harmattan, 2009.
(10) Bernard Mouralis, Littératures et développement. Essai sur le statut, la fonction et la représentation de la littérature négro-africaine d’expression française, Paris, Silex, 1984, p. 381.
(11) Société africaine de culture, Le critique africain et son peuple comme producteur de civilisation, Paris, Présence Africaine, 1977
(12) Lilyan Kesteloot, Les écrivains noirs de langue française, op. cit., p. 21.
(13) Ibid., p. 21.
(14) Ibid., p. 22.
(15) M.a.M Ngal, « Les orientations actuelles de la littérature et de la pensée africaines », Lectures africaines, Faculté des lettres, Lubumbashi, CELRIA, vol. 1, 1972-3, fasc. 2, p. 60 ; cité par Locha Mateso, La littérature africaine et sa critique, Paris, ACCT – Karthala, 1986, p. 208.
(16) Abdoulaye Imorou, « Le texte littéraire africain et ses lectures. À propos du paradigme de la spécificité africaine », dans Abdoulaye Imorou (dir.), La littérature africaine francophone. Mesures d’une présence au monde, Dijon, EUD, 2014, p. 105-120.
(17) Bernard Mouralis, L’illusion de l’altérité, op. cit., p. 7.
(18) Bernard Mouralis, « Nécessité de la critique », dans L’illusion de l’altérité, op. cit., p. 611-614 ; p. 614.
(19) Locha Mateso, La littérature africaine et sa critique, op. cit., p. 209.
(20) David N’goran, Le champ littéraire africain, op. cit. ; Les illusions de l’africanité. Une analyse socio-discursive du champ littéraire, Paris, Publibook, 2012.
(21) Désiré Nyela, « La littérature africaine ou les paradoxes d’une métalittérature », dans Cécilia W. Francis, Robert Viau (dir.), Trajectoires et dérives de la littérature-monde. Poétiques de la relation et du divers dans les espaces francophones, Amsterdam, Rodopi, 2013, p. 217-236.
(22) Ibid., p. 231.
(23) Jean-Louis Cornille, Chamoiseau
fils, Paris, Hermann, 2014.
(24) Anthony Mangeon, Crimes d’auteurs. De l’influence, du plagiat et de l’assassinat en littérature, Paris, Hermann, 2016.
(25) David Damrosch, « Toward a History of World Literature », New Literary History, vol. 39, n° 3, 2008, p. 481-495, p. 483.
(26) Désiré Nyela, La filière noire. Dynamiques du polar « made in Africa », Paris, Honoré Champion, 2015.
(27) Abdoulaye Imorou, Bernard De Meyer et Philip Awezaye, French Studies in Southern Africa : Écrire et publier en Afrique francophone. Enjeux et perspectives, n° 44.2, septembre 2014. Raphaël Thierry, Le marché du livre africain et ses dynamiques littéraires. Le cas du Cameroun, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2015.
(28) Bernard Mouralis, Les contre-littératures, op. cit., p. 52-3.
(29) Alain Sissao, Émergence de la littérature d’enfance et de jeunesse au Burkina Faso. États des lieux, dynamiques et avenir, Paris, L’Harmattan, 2009.
(30) Africultures : Afrique rose, n° 63, juin 2005.
(31) Colloque international, Les réseaux sociaux en ligne, entre sociabilité, intimité et écriture de soi : problèmes et histoire des nouvelles transparences, Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, 19-21 octobre 2016. Colloque organisé par Paul-Hervé Agoubli, Orphée Goré et Élise Adjoumani.
(32) Robert Fotsing Mangoua, « De l’intermédialité comme approche féconde du texte francophone », Synergies. Afrique des Grands Lacs, n°3, 2014, p. 127-141 ; Susanne Gehrmann, Dotsé Yigbe (dir.), Créativité intermédiatique au Togo et dans la diaspora togolaise, Berlin, Lit Verlag, 2015.
(33) Robert Fotsing Mangoua, « De l’intermédialité comme approche féconde du texte francophone », art. cit., p. 128.
(34) Bernard Mouralis, L’illusion de l’altérité, op. cit., p. 16.
L’étude de Locha Mateso (La littérature africaine et sa critique, op. cit.) est centrale en cela qu’elle présente un(35)e synthèse critique des études antérieurs dont les actes du colloque de Yaoundé et préfigure celles à venir dont les actes du colloque de Libreville de 2007 (Georice Berthin Madébé, Sylvère Mbondobari et Steeve Renombo (dir.), Les chemins de la critique africaine, Paris, L’Harmattan, 2012).
(36) Locha Mateso, La littérature africaine et sa critique, op. cit., p. 153.
(37) Ibid., p. 165.
(38) Ibid., p. 13.
(39) Bernard Mouralis, « La critique des textes africains. Entre théorie et science », dans Georice Berthin Madébé, Sylvère Mbondobari et Steeve Renombo (dir.), Les chemins de la critiques africaines, op. cit, p. 379-394 ; p. 392.
(40) Lamine Senghor, La Violation d’un pays et autres écrits anticolonialistes, Paris, L’Harmattan, coll. « Autrement mêmes », 2012 ; présentation de David Murphy. Voir aussi David Murphy, « Tirailleur, facteur, anticolonialiste : la courte vie militante de Lamine Senghor (1924-1927) », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 126, 1 janvier 2015, URL : < http://chrhc.revues.org/4122 >, [Consulté le 14 février 2016].
(41) Yambo Ouologuem, Le devoir de violence, Paris, Seuil, 1968.
(42) Eric Sellin, « The Unknown Voice of Yambo Ouologuem », Yale French Studies, n° 53, 1976, p. 137-162.
(43) Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, Paris, Karthala, 2001, p. 247. (L’auteur donne un aperçu de la manière dont nombre de ses contemporains accusèrent Yambo Ouologuem « d’agression contre l’Afrique-Mère, de dénigrement de ses ancêtres comme de ses institutions, de mensonge et malveillance contre ses Princes et ses Prêtres »).
(44) Bernard Mouralis, « Un carrefour d’écritures : Le devoir de violence de Yambo Ouologuem », dans L’illusion de l’altérité, op. cit., p. 537-550.
(45) Désiré Nyela, « Subversion épique, verve romanesque dans Le devoir de violence de Yambo Ouologuem », Revue de l’Université de Moncton, vol. 37, n° 1, 2006, p. 147-161.
(46) David N’Goran, « Le savoir africain et ses formes : Yambo Ouologuem « nomothete » », Baobab, 16 septembre 2007, URL : < http://www.revuebaobab.org/images/pdf/baobab0/ngoran_david%20.pdf>, [Consulté le 14 février 2016].
(47) Christiane Ndiaye, « Kourouma, le mythe. La rhétorique des lieux communs du discours critique », dans Jean Ouédrago (dir.), L’imaginaire d’Ahmadou Kourouma. Contours et enjeux d’une esthétique, Paris, Karthala, 2010,
p. 17-39.
(48) Christiane Ndiaye, « La mémoire discursive dans Allah n’est pas obligé ou la poétique de l’explication du « blablabla » de Birahima », Études françaises, vol. 42, n° 3, 2006, p. 77-96.
(49) Jean-Luc Douin, « Écrivains d’Afrique en liberté », Le Monde, 22 mars 2002, p. 16.
(50) Abdourahman A. Waberi, « Les enfants de la postcolonie : Esquisse d’une nouvelle génération d’écrivains francophones d’Afrique noire », Notre Librairie, n° 135, septembre-décembre 1998, p. 8-15.
(51) Alain Mabanckou, « La francophonie, oui, le ghetto : non ! », Le Monde, 19 mars 2006.
(52) « Pour une « littérature-monde » en français », Le Monde, 16 mars 2007.
(53) Bien évidemment, ce ne sont pas tous les écrivains africains qui adoptent une telle position. Il s’agit ici de noter que la voix de ces auteurs fait désormais partie des plus audibles.
(54) Jean-Luc Douin, « Écrivains d’Afrique en liberté », art. cit., p. 16.
(55) Alec G. Hargreaves, Charles Forsdick, David Murphy (dir.), Transnational French Studies. Postcolonialism and Littérature-monde, Liverpool, Liverpool University Press, coll. « Francophone Postcolonial Studies », vol. 1, 2010.
(56) On approche de la cinquantaine d’émissions disponibles en ligne avec des invités comme, Fathia Radjabou, Sami Tchak, Véronique Tadjo et Jean Christophe Gary. URL :
(57) Chloé Maurel, Manuel d’histoire globale. Comprendre le « global turn » des sciences humaines, Paris, Armand Colin, 2014 ; Alain Caillé, Stéphane Dufoix (dir.), Le tournant global des sciences sociales, Paris, La Découverte, coll. « Bibliothèque du MAUSS », 2013.
(58)Chloé Maurel, Manuel d’histoire globale, op. cit.
(59)David Murphy, « How French Studies Became Transnational ; Or Postcolonialism as Comparatism », dans Ali Behdad et Dominic Thomas (dir.), A Companion to Comparative Literature, Oxford, Blackwell, 2011, p. 408-420.
(60)Labyrinthe: Faut-il être postcolonial ?, n° 24, 2006.
(61) Steven Tötösy de Zepetnek, Milan V. Dimić, Irene Sywenky (dir.), Comparative Literature Now: Theories and Practice / La Littérature comparée à l’heure actuelle. Théories et réalisations, Paris, Honoré Champion, 1999.
(62) David Damrosch, David L. Pike (dir.), The Longman Anthology of World Literature, New York, Pearson Longman, 2004.
(63) Franco Moretti, « Conjectures On World Literature », New Left Review, 1, Janvier-Février 2000, p. 54-68.
(64) Jérôme David, Spectres de Goethe. Les métamorphoses de la « littérature mondiale », Paris, Les Prairies ordinaires, coll. « Essais », 2011.
(65) Voir sur le site de l’université. URL :
(66) David Murphy, « How French Studies Became Transnational », art. cit.
(67) Christie McDonald, Susan Rubin Suleiman (dir.), French Global. Une nouvelle perspective sur l’histoire littéraire, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 25.
(68) Alison Rice, « Où que ce soit : les femmes écrivains « globales » et le Maghreb », dans Christie McDonald et Susan Rubin Suleiman (dir.), French Global, op. cit., p. 245-270.
(69) Anthony Mangeon, « Pour une histoire littéraire intégrée (des centres aux marges, du national au transnational : littératures françaises, littératures francophones, littératures féminines », dans Abdoulaye Imorou (dir.), La littérature africaine francophone. Mesures d’une présence au monde, op. cit., p. 88.
(70) Ibid., p. 97.
(71) Susan Rubin Suleiman, Christie MacDonald, « Introduction. Une nouvelle perspective sur l’histoire littéraire », dans Christie McDonald et Susan Rubin Suleiman (dir.), French Global, op. cit., p. 11-28 ; p. 12.
(72) Voir, par exemple, Françoise Lionnet, « Conventions critiques, paysages littéraires et écocritique postcoloniale », dans Christie McDonald et Susan Rubin Suleiman (dir.), French Global, op. cit., p. 195-222. L’article démontre, d’une part, combien des textes du canon français comme Paul et Virginie (Bernardin de Saint-Pierre) et Indiana (George Sand), portent déjà en eux des marques de l’étranger mais, d’autre part, rappelle combien des textes dits francophones comme La Lézarde (Édouard Glissant) et Le dernier frère (Natacha Appanah) résonnent avec les premiers.
(73) Voir Typhaine Leservot, « From Weltliteratur to World Literature to Littérature-monde: The History of a Controversial Concept », dans Charles Forsdick, Alec G. Hargreaves, David Murphy (dir.), Transnational French Studies, op. cit., p. 36-48; p. 43.
(74) Achille Mbembe, « Afropolitanisme », Africultures, 26 décembre 2005, URL : /africultures.com/php/?nav=article&no=4248>, [Consulté le 14 février 2016].
(75) Léonora Miano, Habiter la frontière, Paris, L’Arche, 2012.
(76) Bernard De Meyer, Neil ten Kortenaar (dir.), The Changing Face of African Literature / Les nouveaux visages de la littérature africaine, Amsterdam, Rodopi, 2009.
(77) Abdoulaye Imorou (dir.), La littérature africaine francophone. Mesures d’une présence au monde, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2014.
(78) Congrès de l’APELA, Panafricanisme, cosmopolitisme et « afropolitanisme » dans les littératures africaines, 17-19 septembre 2015, Université de Bourgogne, Dijon. Congrès organisé par Guillaume Bridet, Virginie Brinker, Sarah Burnautzki et Xavier Garnier.
(79) Josias Semujanga, « De l’africanité à la transculturalité », art. cit.
(80) Manuela Mourão, « Comparative Literature Past and Present », dans Steven Tötösy de Zepetnek, Milan V. Dimić, Irene Sywenky (dir.), Comparative Literature Now: Theories and Practice, op. cit., p. 165-172; p. 167-168.